Tensions, violences et ressentiments à Béja, avant-hier après l'affiche OB-ESM. Les Cigognes perdent le nord alors que leur adversaire se sent pousser des ailes L'hiver est bien rude à Béja. Alors que l'on n'est qu'à la mi-saison, l'heure des bilans (catastrophiques) a sonné de sitôt. La famille nordiste ronge son amertume et ses frustrations. Pourtant, point de vue mathématique, rien n'est joué. Les hommes de Joachim Lopez Martinez ne comptent que trois points de retard sur l'Avenir Sportif de La Marsa à deux journées de la fin.Ils vont disputer deux matches à leur portée devant le CS Hammam-Lif à Béja, et le Stade Gabésien à Gabès. Pendant ce temps, l'ASM, leur concurrent dans la course au maintien se déplacera chez l'AS Gabès et recevra le Club Africain. Pourtant, après le nul au goût de défaite (2-2) concédé samedi devant Métlaoui, dans l'entourage des Cigognes, c'était comme s'ils étaient déjà condamnés. Peut-être, avec le sixième sens propre aux sportifs ils savent mieux que quiconque que les jeux sont faits puisque la course au play-off a livré ses verdicts dans cette poule, et que par conséquent, les prochains adversaires de l'ASM ne seront habités par aucune motivation, ou presque. En tout cas, l'atmosphère délétère qui prévaut à l'OB ne va sans doute pas l'aider à sortir la tête de l'eau. Une sanction de huis clos attend le stade Kmiti après l'agression contre un technicien de la télévision Al Watanya, Mohamed Anis Moussa, qui a reçu une chaise à la tête à la fin de la rencontre de samedi. Transporté à l'hôpital, on lui a placé des points de suture. De plus, il n' y a pas l'union sacrée nécessaire pour relever ce genre de défis. Le président béjaois, Mohamed Ibrahimi, a lâché après le match tout ce qu'il avait sur le cœur. «Voilà, il y a des gens qui vont se sentir contents. Ils ont causé la chute du club, un lobby qui a fait son œuvre durant toute la saison où personne n'a apporté le moindre soutien financier. Pourtant, l'OB est plus grand qu'un Ibrahimi. On m'a boycotté parce qu'on me considère appartenant au courant Ennahdha. L'entreprise était préméditée. Maintenant, qu'ils viennent faire remonter l'OB!», a-t-il dit dans ce qui ressemble à un cri d'alarme. On peut croire avec lui que le mal est fait. Pourtant, ce genre de débats sur fond de tiraillements politiques aurait pu attendre l'assemblée générale quand l'heure des comptes sonnera. La politique empeste le sport, et il faut prendre garde contre le glissement de l'OB dans ces luttes politiques afin qu'il n'en devienne pas l'otage. Une leçon de rigueur et d'humilité Forcément, dans ces luttes intestines, inutile de parler d'aspect technique, de stratégie de jeu et de l'anémie défensive qui condamne le club nordiste à se traîner en queue du peloton. Métlaoui touche au but. L'objectif du play-out a été rejoint deux journées avant la fin de la première phase. «Soit comme le Club Africain ou le Club Sportif Sfaxien, observera avec fierté l'entraîneur Mohamed Kouki. Pourtant, nous n'avons ni les moyens financiers ni ceux humains de ces deux gros bras, ce qui donne la pleine mesure de notre exploit». Depuis la saison dernière, le club minier se trouve dans la continuité sur une courbe ascendante. Il représente une belle réalité de notre football qui nous fait oublier un instant l'énorme gâchis commis par la quasi-totalité des clubs de l'élite qui ne savent pas faire grand'chose des fonds dont ils disposent. Une belle leçon de rigueur et d'humilité dont beaucoup d'autres ont vraiment besoin de s'en inspirer.