• La Chine et, dans une moindre mesure, l'Inde et le Brésil tirent la reprise mondiale • L'austérité budgétaire devrait s'étendre à l'ensemble de l'Europe en 2011 Le rapport sur le commerce et le développement 2010 de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement) vient tout juste d'être publié dans sa version en langue anglaise. En voici quelques axes développés. D'après ce rapport, ce sont les pays en développement qui tirent la reprise mondiale. La vigueur de la reprise mondiale a été variable selon les mesures de relance appliquées plus ou moins énergiquement par différents pays. La Chine, fortement touchée par la contraction de ses marchés d'exportation essentiels dans les pays développés, a agi de la manière la plus décisive en encourageant la demande intérieure par des mesures de relance. La croissance de son PIB a commencé à s'accélérer tout comme la croissance dans l'ensemble de l'Asie de l'Est et du Sud- Est, ce qui est encore venu contribuer au développement de l'emploi et des capacités de production. La Chine, et dans une moindre mesure l'Inde et le Brésil tirent la reprise non seulement dans leurs régions respectives mais dans le monde entier. Selon la publication de la Cnuced, comme les taux d'intérêt aux USA et dans les autres pays développés sont proches de zéro et qu'ils resteront probablement très bas en l'absence de pressions inflationnistes, tout resserrement de la politique monétaire dans les pays émergents pourrait creuser les différentiels d'intérêts en faveur des pays émergents. Cet effet, couplé à un regain d'appétit pour le risque de la part des investisseurs financiers, pourrait bien conduire à une augmentation des flux de capitaux privés vers les pays émergents. Mais cette situation, souligne le rapport, pourrait aussi peser sur leurs taux de change et nécessiter une intervention sur le marché des changes. Instabilité et incertitude en Europe Selon le rapport, au premier semestre de 2010, les inquiétudes des marchés concernant la dette publique de certains pays européens se sont exacerbées. Les autorités européennes compétentes, aidées par le FMI, ont réagi en décidant un plan de soutien pour la Grèce et d'autres pays européens risquant de se trouver en difficulté, qui a aidé à apaiser les marchés financiers. Mais, il demeure des doutes quant aux moyens de remédier aux profonds déséquilibres régionaux réels en termes de compétitivité, et quant aux effets sur le redressement de la demande intérieure des mesures draconiennes d'austérité budgétaire et de réduction des salaires. Le rapport précise qu'à l'image de l'Allemagne, qui a montré la voie en prenant des mesures inconditionnelles d'assainissement budgétaire pour regagner la confiance des marchés, l'austérité budgétaire devrait s'étendre à l'ensemble de l'Europe en 2011. Il souligne aussi que la perspective d'un abandon prématuré des plans de relance en Europe a accentué le risque d'une rechute dans la récession dans cette région, voire dans le monde entier. Ainsi, et dans la volonté résolue de s'engager dans des politiques d'assainissement budgétaire, on néglige souvent le fait qu'une rechute dans la récession, avec ses effets négatifs sur les recettes publiques, pourrait être plus dangereuse pour les finances publiques qu'une poursuite de l'expansion budgétaire. Le rapport indique, en outre, que la reprise mondiale reste fragile et que, dans les pays développés, cette reprise ressemble aux scénarios d'avant la crise. Il évoque aussi l'affaiblissement de la coordination au niveau mondial et du processus du G20 et les ajustements en sens opposés aux USA et en Chine. Outre les analyses et autres précisions apportées, le rapport a donné plusieurs recommandations à l'instar de l'élargissement de la portée des instruments de politique, la maîtrise de l'inflation au moyen d'une politique de revenus et le renforcement des institutions et le rôle du secteur public. Nous y reviendrons en détail.