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Le rapport du CNUCED sur le Commerce: La demande intérieure… Levier de la relance économique?
Publié dans L'expert le 23 - 09 - 2010

● En avril 2010, le volume des échanges commerciaux des pays émergents était revenu à son niveau record d'avril 2008
● Les prix des produits primaires ont recommencé à augmenter en 2009 et au premier semestre de 2010, particulièrement pour les métaux et les minéraux et pour les produits énergétiques
● La demande robuste des pays émergents qui connaissent une croissance rapide, la Chine essentiellement, a contribué au redressement des prix des produits de base
Le rapport de la Conférence des Nations Unis pour le Commerce et le Développement (CNUCED), était très attendu cette année, vu qu'il arrive après une année de crise économique et financière mondiale, qui a lourdement affecté la vigueur du commerce international. Le rapport intitulé «Emploi, globalisation et développement» vient de confirmer certaines tendances de l'économie mondiale, ainsi qu'affirmer le rôle des pays en développement dans la reprise économique. Le rapport a aussi insisté sur la fragilité de la reprise dans les pays développés, et a mis en garde contre le manque de coordination dans le cadre du G20. L'actuel rapport a mis en relief l'importance que doit avoir la demande intérieure dans la relance économique et la reprise des échanges commerciaux. Avant de retirer les mesures gouvernementales, les états ne doivent pas compter sur les exportations pour assurer la croissance économique. Cette analyse s'avère valable pour l'économie tunisienne.
Le commerce mondial et les prix des produits de base soutiennent la croissance dans les pays en développement
Le commerce mondial, qui avait plongé de plus de 13 % en volume et de 23 % en valeur au premier semestre de 2009, a commencé à se reprendre au milieu de 2009, le redressement étant beaucoup plus rapide dans les pays en développement que dans les pays développés. En avril 2010, le volume des échanges commerciaux des pays émergents était revenu à son niveau record d'avril 2008. L'augmentation des volumes exportés et le rebond des prix des produits primaires par rapport à leur point bas du premier trimestre de 2009 ont dopé le revenu des pays et leurs recettes fiscales, particulièrement en Afrique et en Asie occidentale.
Le taux de croissance prévu en 2010 pour l'Afrique dans son ensemble est d'environ 5 %, et plus près de 6 % pour l'Afrique subsaharienne (non compris l'Afrique du Sud).
Les prix des produits primaires ont recommencé à augmenter en 2009 et au premier semestre de 2010, particulièrement pour les métaux et les minéraux et pour les produits énergétiques, surtout le pétrole brut. Il s'agissait aussi des produits qui avaient enregistré la plus forte chute de prix au second semestre de 2008, puisqu'ils étaient les plus étroitement liés à la production industrielle mondiale. Les prix des produits agricoles ont augmenté plus modérément, même si ceux des matières premières agricoles ont bondi de plus de 50 % par rapport à leur point bas. Cette hausse tendancielle s'est poursuivie partiellement en 2010, et malgré leur fort repli au second semestre de 2008 les prix pour tous les groupes de produits de base étaient largement supérieurs, en 2009 et au début de 2010, à leur moyenne des années 2000. La demande robuste des pays émergents qui connaissent une croissance rapide, la Chine essentiellement, a contribué au redressement des prix des produits de base, mais comme les précédentes années l'évolution de ces prix a aussi fortement dépendu du comportement des investisseurs financiers.
Les prix des produits alimentaires sont restés relativement bas depuis leur repli au second semestre de 2008, essentiellement à cause des récoltes exceptionnelles de céréales, d'oléagineux et d'huiles et à une détente des pressions pesant sur la production de céréales et d'oléagineux pour les biocombustibles. Sur les marchés des produits alimentaires, les stocks ont retrouvé des niveaux plus confortables. Mais même si de bonnes récoltes sont attendues en 2010 selon les prévisions, la sécurité alimentaire reste un problème pressant dans beaucoup de pays en développement.
Les pays en développement tirent la reprise mondiale
La vigueur de la reprise mondiale a été variable selon les mesures de relance appliquées plus ou moins énergiquement par différents pays. La Chine, fortement touchée par la contraction de ses marchés d'exportation essentiels dans les pays développés, a agi de la manière la plus décisive en encourageant la demande intérieure par des mesures de relance. La croissance de son PIB a commencé à s'accélérer dès le deuxième trimestre de 2009 tout comme la croissance dans l'ensemble de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, ce qui est encore venu contribuer au développement de l'emploi et des capacités de production. La Chine, et dans une moindre mesure l'Inde et le Brésil, tirent la reprise non seulement dans leurs régions respectives mais dans le monde entier.
Comme les taux d'intérêt aux Etats-Unis et dans les autres pays développés sont proches de zéro et qu'ils resteront probablement très bas en l'absence de pressions inflationnistes, tout resserrement de la politique monétaire dans les pays émergents du fait que leur reprise est plus rapide et pour éviter un risque de surchauffe pourrait creuser les différentiels d'intérêts en faveur des pays émergents. Cet effet, couplé à un regain d'appétit pour le risque de la part des investisseurs financiers, pourrait bien conduire à une augmentation des flux nets de capitaux privés vers les pays émergents. Leurs indices boursiers sont d'ailleurs déjà en nette amélioration. Mais cette situation pourrait aussi peser à la hausse sur leurs taux de change et nécessiter une intervention sur le marché des changes pour éviter une appréciation du taux de change et pour s'assurer contre les opérations spéculatives de «carry-trade».
La reprise dans les pays développés ressemble aux scénarios d'avant la crise
Si les pays en développement tirent la reprise, celle-ci reste fragile et inégale dans les pays développés. Parmi ceux-ci, et avec un retour aux scénarios mondiaux d'avant la crise, les Etats-Unis ont vu leur demande intérieure se redresser plus vigoureusement que les pays qui ont les plus importants excédents courants − l'Allemagne et le Japon. Mais cependant qu'ils progressaient, les Etats-Unis étaient confrontés au problème des 8 millions de pertes d'emplois liées à la crise et devaient s'attendre à de sérieuses difficultés quand les plans de relance budgétaire prendraient fin au cours de 2010. En 2011, il se pourrait même que leur politique budgétaire devienne généralement restrictive dans la mesure où une compression des dépenses publiques au niveau des Etats et au niveau local est attendue. En outre, le marché et les prix de l'immobilier restent déprimés.
Instabilité et incertitude en Europe
Au premier semestre de 2010, les inquiétudes des marchés concernant la dette publique de certains pays européens se sont exacerbées. Les autorités européennes compétentes, aidées par le FMI, ont réagi en décidant un plan de soutien pour la Grèce et d'autres pays européens risquant de se trouver en difficulté, qui a aidé à apaiser les marchés financiers. Mais il demeure des doutes quant aux moyens de remédier aux profonds déséquilibres régionaux réels en termes de compétitivité, et quant aux effets sur le redressement de la demande intérieure des mesures draconiennes d'austérité budgétaire et de réduction des salaires.
À l'image de l'Allemagne qui a montré la voie en prenant des mesures inconditionnelles d'assainissement budgétaire pour regagner la confiance des marchés, l'austérité budgétaire devrait s'étendre à l'ensemble de l'Europe en 2011. La perspective d'un abandon prématuré des plans de relance en Europe a accentué le risque d'une rechute dans la récession dans cette région, voire dans le monde entier.
Un affaiblissement de la coordination au niveau mondial et du processus du G-20
Il reste extrêmement difficile de poursuivre une action coordonnée au niveau mondial pour gérer la crise et réformer le système. À ce stade, les efforts de coordination sont essentiellement focalisés sur le problème des «profiteurs». En règle générale, les gouvernements ne devraient mettre fin aux mesures de relance qu'après le complet redressement de la demande intérieure privée dans leur pays. S'ils abandonnent ces mesures prématurément, il leur faudra compter sur les exportations pour la reprise, ce qui signifie que la charge de la relance de la demande sera transférée à d'autres. Dans l'idéal, il devrait être mis fin aux mesures de relance au juste moment pour contribuer à un rééquilibrage de la demande mondiale.
Au pire moment de la crise mondiale, le G-20 est parvenu à se mettre d'accord sur la nécessité de mesures coordonnées, car vu la gravité de la situation toute autre solution que des mesures de relance était exclue.
Apparemment, ce moment est passé: les vues sur les réponses à apporter aux défis actuels varient beaucoup et on a vu resurgir de profondes divergences quant aux voies à suivre. Les décideurs dans la zone euro estiment que l'austérité budgétaire ne nuira pas à la croissance mais la favorisera au contraire en renforçant la confiance. Les décideurs aux Etats-Unis, quant à eux, craignent qu'une stagnation persistante de la demande intérieure en Europe menace la reprise mondiale.
Le risque d'un rééquilibrage déflationniste
Il n'y a guère de raisons toutefois de penser que la consommation des ménages en Chine, qui ne représente encore qu'un huitième environ de celle des ménages aux Etats-Unis, pourrait d'ici peu supplanter la consommation des ménages aux Etats-Unis comme moteur de la croissance mondiale.
L'effet net combiné des mesures d'ajustement aux Etats-Unis et en Chine serait déflationniste pour l'économie mondiale, mais il ne serait pas suffisant pour mettre fin aux importants déséquilibres mondiaux.
Toute contribution supplémentaire au rééquilibrage mondial devra donc venir d'autres pays. Si elle vient d'autres pays ayant un déficit courant, son effet sera déflationniste puisque cela impliquera une réduction des importations. En ce qui concerne les grands pays exportateurs de pétrole, l'évolution de leurs excédents courants dépend en grande partie de leurs recettes pétrolières, qui sont instables, et leur demande intérieure n'est pas assez importante pour avoir une réelle influence sur les flux commerciaux et la création d'emplois au niveau mondial. Une croissance supplémentaire de la demande intérieure dans d'autres grands pays émergents du Sud les aiderait certainement à être moins tributaires des marchés d'exportation pour leur industrialisation et leurs emplois.
Les pays en développement sont confrontés à des défis particuliers en matière d'emploi
La création d'emplois est un défi particulièrement difficile pour les pays en développement. Leur population active croît encore rapidement, ce qui nécessite la création constante d'emplois additionnels pour les nouveaux entrants dans une structure économique dualiste. En effet, beaucoup de ces pays ont un secteur moderne avec une productivité relativement élevée et d'importantes économies d'échelle, qui coexiste avec un secteur traditionnel atone avec une faible productivité et des rendements d'échelle essentiellement constants pour les activités productives. Le développement économique en général et la création d'emplois pour une population croissante en particulier passent par une expansion des activités modernes et par le redéploiement de la main-d'œuvre du secteur traditionnel vers le secteur moderne. Ce processus doit s'accompagner d'un renforcement de la productivité dans tous les secteurs économiques. Le secteur moderne, où la production se fait dans des structures organisées avec des emplois formels et salariés, a souvent été assimilé à l'industrie et en particulier à l'industrie manufacturière, alors qu'il inclut aussi et de plus en plus des services modernes et certaines activités agricoles innovantes.
Persistance d'un important secteur informel en Afrique
En Afrique, la création d'emplois et particulièrement d'emplois de haute productivité et bien rémunérés, a été encore plus difficile. Les politiques macroéconomiques orthodoxes et les réformes des politiques appliquées pendant plus de vingt ans n'ont eu que des succès limités pour créer les conditions nécessaires à une croissance rapide et durable, particulièrement en Afrique subsaharienne.
L'envolée des prix des produits de base, l'allègement de la dette et la fin d'un certain nombre de conflits internes ont contribué à un redressement de la croissance du revenu depuis 2003, croissance qui s'est poursuivie ces dernières années en dépit de la crise mondiale. Mais rien n'indique jusqu'à présent que la structure de l'emploi ait réellement évolué. Le taux d'emploi officiel reste élevé en Afrique subsaharienne, ce qui confirme que le problème ne tient pas à une pénurie d'emplois en termes absolus, mais à l'absence d'emplois acceptables et productifs. L'emploi agricole, essentiellement de nature informelle, a quelque peu diminué au fur et à mesure que l'urbanisation progressait, mais il représente encore plus de 60 % de l'emploi total. Dans le même temps, il y a eu une augmentation de l'emploi − essentiellement informel aussi − dans les services urbains et le petit commerce. Les emplois salariés dans le secteur structuré ne représentent que 13 % de l'emploi dans cette sous-région (non compris l'Afrique du Sud), et 60 % des personnes employées sont des «travailleurs pauvres», c'est-à-dire des ménages qui ne peuvent pas pourvoir à leurs besoins essentiels avec le revenu qu'ils perçoivent.
En Afrique du Nord, la croissance du PIB a ralenti, la productivité du travail a stagné et la structure sectorielle de l'emploi est restée largement inchangée entre 1980 et 2000. La croissance de l'emploi n'a pas été suffisante pour absorber l'expansion rapide de la population active, et dans les années 90 le taux de chômage a donc bondi à plus de 10 %. Cette aggravation des chiffres officiels du chômage en Afrique du Nord est probablement due au fait que plus de la moitié des personnes qui travaillent sont des salariés − proportion nettement supérieure à celle de l'Afrique subsaharienne. Depuis 2000, l'accélération de la croissance du PIB a contribué à la réduction du chômage dans le contexte d'une hausse de la productivité du travail. Mais avec un taux de près de 10 %, le chômage est élevé par rapport aux autres régions en développement et demeure un grave problème, en particulier pour les jeunes et pour les femmes.
Le rôle de la croissance de la demande intérieure pour la création d'emplois est trop négligé
Les taux de chômage élevés sont souvent imputés aux rigidités du marché du travail qui empêchent les salaires de tomber à un niveau d'équilibre où tout l'excédent de main-d'œuvre pourrait être absorbé. Mais rien n'étaye concrètement l'idée que le niveau de l'emploi dépend du prix du travail par rapport à celui du capital.
Il apparaît clairement que tant dans les pays développés que dans les pays en développement avec un secteur manufacturier et un secteur des services structurés relativement importants, il y a une corrélation positive entre la création d'emplois et la croissance du PIB et l'investissement en capital fixe.
Cela laisse penser qu'en matière d'emploi, l'important pour les entrepreneurs n'est pas de choisir entre diverses combinaisons de capital et de travail pour un niveau de production donné, mais plutôt de décider si les anticipations concernant la demande sont de telle nature qu'une augmentation des capacités de production pourrait être rentable. Si les attentes sont positives, ils investiront en même temps dans le travail et dans le capital. Dans de nombreux pays en développement, la relation statistique entre une progression de l'emploi, d'une part, et la croissance de la production et de l'investissement, d'autre part, est moins nette. Cela est dû sans doute au fait qu'une beaucoup plus forte proportion de la population active travaille pour son propre compte ou dans le secteur informel, et se situe ainsi quelque part entre un emploi productif dans le secteur structuré et un statut établi et mesurable de chômeur.
Le lien nécessaire entre le revenu du travail et la croissance de la productivité
Dans cet environnement, pour arriver à des résultats plus satisfaisants en termes de création d'emplois − et donc aussi de réduction de la pauvreté − il faut imaginer des instruments de politique de plus vaste portée que ceux qui étaient jugés appropriés selon le paradigme du développement de ces trente dernières années. Il y a trois bonnes raisons de réfléchir sérieusement à des stratégies pour développer la demande intérieure, considérée comme un moteur de la création d'emplois. Premièrement, les résultats obtenus par différents groupes de pays en développement en matière d'emploi tendent à montrer que les stratégies préconisées dans le passé, qui reposaient essentiellement − voire dans certains cas exclusivement − sur la libéralisation des marchés des produits, des marchés financiers et du marché du travail, n'avaient pas conduit à des niveaux satisfaisants de création d'emplois.
Deuxièmement, il existe un risque de tendance déflationniste dans le processus de rééquilibrage mondial à cause des ajustements du niveau et de la structure de la demande attendus dans les deux premières puissances économiques, la Chine et les Etats-Unis. Ce risque assombrit les perspectives y compris pour les pays en développement et les pays émergents qui ont fondé avec succès leur croissance, dans le passé, sur une expansion des exportations plutôt que de la demande intérieure. Troisièmement, il y a des arguments théoriques qui laissent penser qu'une stratégie de croissance tirée par les exportations et fondée sur la compression des salaires, qui rend les pays trop tributaires de la croissance de la demande étrangère, pourrait ne pas se révéler tenable pour beaucoup de pays et pendant bien longtemps. En effet, tous les pays ne peuvent pas poursuivre avec succès cette stratégie simultanément, et la part du travail dans le revenu total ne peut pas être réduite indéfiniment.
Une stratégie prometteuse pour créer rapidement de l'emploi pourrait consister à privilégier davantage la dynamique de l'investissement et à faire en sorte que les gains de productivité ainsi obtenus soient répartis entre le travail et le capital de manière propre à doper la demande intérieure. C'est la stratégie qui a été appliquée avec succès dans la plupart des pays développés durant l'«âge d'or du capitalisme» entre 1950 et 1973, où le chômage était à des niveaux historiquement bas.

Source : Rapport CNUCED Septembre 2010


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