Ennahdha accepte que les sécuritaires et les militaires votent uniquement aux élections municipales Demain, au palais du Bardo, on saura ce que les Nahdhaouis ont exigé en contrepartie de leur position Demain, mardi 31 janvier, on sera édifié définitivement sur le vote des sécuritaires et des militaires à l'occasion des élections municipales et régionales dont la date n'est pas encore connue du fait que la loi électorale régissant ces élections n'est toujours pas adoptée par les députés. Ces derniers se réunissent demain en séance plénière au palais du Bardo pour poursuivre la discussion du projet de loi électorale en question, laquelle discussion est bloquée à cause du fameux article 3 relatif au vote des sécuritaires et des militaires. Jusqu'à samedi 28 janvier, seul Ennahdha était contre, estimant que les forces armées (soldats et policiers) «se doivent de rester à l'écart de la politique et d'observer une position de neutralisé absolue vis-à-vis des partis en compétition électorale». Sauf que se trouvant isolé au sein du parlement dans la mesure où les autres blocs parlementaires (Nida, Machrou Tounès, UPL, Afek Tounès) ont accepté la proposition du gouvernement consistant à ce que les sécuritaires et les militaires votent lors des prochaines municipales (pour les prochaines législatives et présidentielle, on verra en temps utile), Ennahdha a reculé. Samedi dernier, le Conseil de la choura d'Ennahdha, réuni à Hammamet en vue d'arrêter le budget du parti et de fixer son plan d'action pour le compte de l'année 2017, a décidé d'avaliser la proposition gouvernementale mais à condition que «les sécuritaires et les militaires votent lors des municipales uniquement», comme le précise Ali Laârayedh, vice-président du parti nahdhaoui. Il ajoute : «Notre approbation prend en considération la spécificité de la période par laquelle passe le pays. Et en tout état de cause, le dialogue se poursuit avec les autres groupes parlementaires d'ici mardi prochain pour parvenir à un consensus». Abdelkrim Harouni, président du Conseil de la choura, est sur la même longueur d'onde que le vice-président de son parti. Toutefois, il préfère que «l'annonce officielle de notre soutien à la proposition gouvernementale soit faite mardi prochain (demain) à l'issue de la réunion des groupes parlementaires. C'est une décision consensuelle qui intéresse tout le monde et pas uniquement Ennahdha», précise-t-il. Il insiste: «Contrairement à tout ce qui a été dit, Ennahdha n'est pas contre le vote des sécuritaires et des militaires, nous voulions que la spécificité de l'étape soit prise en considération». En d'autres termes, Ennahdha recule tout en préservant l'image du parti attaché en permanence à la politique du consensus qui fonde la démarche adoptée par le gouvernement Youssef Chahed. Plusieurs observateurs avancent : «Ennahdha n'est pas prêt à subir un autre camouflet après celui qu'elle a connu quand les députés nidaïstes ont imposé que Sihem Ben Sedrine soit présente lors de la discussion du budget de l'Instance vérité et dignité, alors que ceux nahdhaouis voulaient discuter et adopter le budget en question et que la présidente de l'Instance était en voyage, ce qui lui éviterait de répondre aux questions et remarques embarrassantes de ceux qui voulaient sa tête». D'autres analystes n'hésitent pas à considérer qu'«en acceptant le vote des sécuritaires et des militaires, Ennahdha voudrait voir, en échange, tomber la pétition présentée par plus de 90 députés dont la majorité appartient à Nida Tounès et appelant à la création d'une commission d'investigation parlementaire sur les réseaux de recrutement et d'envoi des terroristes tunisiens dans les foyers de tension en Libye, Syrie et Irak. En effet, la pétition devrait être discutée demain lors de la séance plénière, et il n'est pas garanti qu'Ennahdha en sortira indemne même si certains de ses ténors comme Samir Dilou et Yamina Zoghlami ont signé la pétition». D'ailleurs, dans sa déclaration à la presse à l'issue des travaux du Conseil de la choura, Abdelkrim Harouni a ignoré totalement l'affaire de la pétition et s'est contenté de donner des précisions sur le budget 2017 du parti estimé à 5 millions 842 mille dinars et a précisé que l'initiative de Rached Ghannouchi sur le dossier libyen «est en harmonie avec la politique du président Caïd Essebsi et du chef du gouvernement Youssef Chahed».