Hier, les députés ont retrouvé leurs pupitres pour une nouvelle législature qui sera chaude, très chaude même au regard des lois qu'ils auront à voter d'ici fin juillet 2017 Hier, lundi 17 octobre, au palais du Bardo, a démarré la troisième session (2016-2017) du mandat parlementaire quinquennal (2014-2019) issu des élections législatives du 26 octobre 2014. La nouvelle législature intervient dans un contexte particulier marqué notamment par la volonté du gouvernement d'union nationale présidé par Youssef Chahed de faire voter la loi de finances 2017 qu'il présente comme le socle fondamental sur lequel repose sa nouvelle vision de gestion des affaires du pays. Cette vision médiatisée à souhait dans les différentes interventions médiatiques de Youssef Chahed a pour objectif principal de faire sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat en menant «la guerre contre la corruption et l'évasion fiscale, en faisant retourner les investisseurs étrangers en Tunisie, sans oublier les investisseurs locaux, toujours réticents à quitter l'état d'attente où ils s'emmurent, en réhabilitant la valeur travail et effort et en redonnant espoir et confiance aux jeunes, plus particulièrement dans les régions de l'intérieur, qui se sentent comme les oubliés de la marche du développement». Et c'est bien au sein du Parlement que prendront forme les promesses faites par Youssef Chahed, d'où l'importance des lois que les députés auront à discuter puis à adopter tout au long de la prochaine législature qui promet d'être chaude et même très chaude, au regard de la composition actuelle de l'Assemblée des représentants du peuple (Nida Tounès, en dépit de ses dissensions internes, dispose pratiquement du même nombre d'élus qu'Ennahdha) où chaque jour apporte son lot de surprises au niveau des alliances qui se font et se défont au gré des désirs et des caprices des uns et des autres. Au point que plusieurs députés assurent avoir été inscrits dans des blocs parlementaires sans même en avoir été informés et pire encore, on a découvert que la signature d'une députée a été falsifiée par un collègue qui voulait l'inscrire dans un nouveau groupe parlementaire (celui présidé par Salem Labiedh, l'ancien ministre de l'Education, qui cache toujours chez lui les dossiers de corruption qu'il a découverts lors de son passage au ministère). Code électoral Les dissensions au sein du palais du Bardo étant le reflet fidèle de ce qui se passe entre les partis politiques présents sur la scène nationale, y compris au sein d'un même parti (et la division ne règne plus exclusivement au sein de Nida Tounès puisqu'elle touche désormais le Front populaire où Mongi Rahoui a fait délier beaucoup de langues), l'on se pose la question suivante : que va faire Youssef Chahed pour espérer voir «sa majorité» voter le nouveau code électoral sur la base duquel auront lieu les élections municipales dont la date reste à déterminer même si Riadh Mouakhar, ministre des Affaires locales et de l'Environnement, assure dans une interview accordée lundi au quotidien Achourouk que «les municipales pourraient avoir lieu d'ici fin 2017 mais à condition que les obstacles se dressant contre le projet actuel soient levés». Et ces obstacles, que le ministre promet de lever par le dialogue et rien que le dialogue, ont trait essentiellement à la participation des sécuritaires (police, Garde nationale et armée) au vote. Ennahdha est farouchement opposée à ce que les sécuritaires votent et les observateurs ne voient pas ce que Youssef Chahed pourrait concéder aux nahdhaouis pour qu'ils changent d'opinion. Deuxième loi prioritaire à voter lors de la prochaine législature : l'adoption du plan de développement économique et social 2016-2020 dont la promotion auprès des bailleurs de fonds internationaux a déjà été accordée à un bureau d'études étranger. Le projet du plan déjà prêt peut connaître de profonds changements à la lumière des résultats issus de la conférence internationale sur l'investissement que notre pays accueille le 29 novembre prochain. Et l'on se demande quel sort vont réserver les députés à un projet de plan de développement quinquennal dont l'essentiel a été mis au point par Yassine Brahim qui a quitté le gouvernement et qui s'est trouvé, ces dernières semaines, une nouvelle spécialité, celle de nous prédire quotidiennement une catastrophe au cas où ses idées lumineuses continueraient à être ignorées par Youssef Chahed. La solution à cette nouvelle législature chaude est-elle dans la réussite des tentatives menées en vue de la création d'un grand front républicain ?