L'une des conditions favorables à la réussite d'une équipe de football, et pas seulement une sélection, est l'affirmation de l'autorité de l'entraîneur au sein du groupe, l'application et la discipline des joueurs. Qu'on se le dise : la réussite de l'équipe de Tunisie ne peut pas être seulement d'ordre sportif. C'est aussi un mode d'emploi et de comportement, un environnement et un entourage respectés et respectables. Le problème de la sélection est bien là : comme hier, comme aujourd'hui, comme toujours, ceux qui sont au poste de responsabilités n'assument pas vraiment leur rôle. Ou du moins, ils n'ont point l'aptitude de le faire. Certains, tels qu'ils se revendiquent, donnent l'impression d'avoir trop à faire avec leurs propres défaillances pour s'occuper de celles des autres. Ceux-là mêmes qui ont souvent conscience des privilèges, et ne pas vraiment les mériter !...Le sens de la stratégie et des méthodes n'a pas visiblement une raison d'être en équipe nationale, et encore moins tout autour de son entourage. Le modèle de la sélection impose l'idée selon laquelle l'évolution sportive se trouve affectée par des considérations contre nature. Depuis longtemps, rares sont les responsables qui ont osé remettre les problèmes de l'équipe nationale au centre des débats. On se cache souvent derrière les faux alibis, les polémiques inutiles. On ne s'est jamais arrêté à temps lorsqu'on sentait qu'on était sur le point de déraper. Les travers en sont nombreux et bien connus: incompétence et manque de légitimité, et, dans tous les cas de figure, fragilité de la plupart de ceux qui ont été parachutés à la tête de certaines fédérations par voie ... d'élection ! Il ne s'agit nullement d'un concours de circonstances. La clairvoyance et la perception sont une soustraction dans le mode d'emploi. Le paradoxe est bien là: les dérapages et les manquements en sélection ont commencé au moment où l'on s'était passé des personnes qui en faisaient l'histoire, la diversité et, tout particulièrement, la qualité. Ce qui nous semble surtout inquiétant, c'est que l'équipe nationale semble de plus en plus perdre sa vocation; et surtout l'un de ses plus importants leviers: sa noblesse et sa grandeur. L'une des conditions favorables à la réussite d'une équipe de football, et pas seulement une sélection, est l'affirmation de l'autorité de l'entraîneur au sein du groupe, l'application et la discipline des joueurs. Qu'on se le dise : la réussite de l'équipe de Tunisie ne peut pas être seulement d'ordre sportif. C'est aussi un mode d'emploi et de comportement, un environnement et un entourage respectés et respectables. Un chef, c'est fait pour commander. L'entraîneur l'est encore davantage surtout quand il s'agit d'utiliser le sens de la bonne formule pour remettre les choses, les joueurs aussi, à leur place. C'est une composante de la qualité du travail, essentiellement celle du premier responsable technique de l'équipe. Kasperczak s'est trouvé dans l'incapacité d'enrayer les dérives et les insuffisances qui, il est vrai, ne datent pas d'aujourd'hui et ne cessent de marquer le parcours de l'équipe. Les priorités tournaient et tournent encore autour d'un véritable plan de bataille destiné à rendre la sélection et tous les joueurs plus performants dans les résultats et dans le mode de comportement. Les événements ont d'ailleurs montré l'ampleur de cet impératif : la sélection aurait encore et toujours besoin d'un chef qui n'appréhende pas seulement les problèmes, mais qui les règle, et de boussole pour connaître la direction à suivre. Ce qui s'est passé avec Abdennour et l'impératif de sa titularisation, l'absence de réaction face aux manquements et aux dérapages de certains autres joueurs n'est pas seulement condamnable. C'est une aberration, une insulte à une institution, une histoire, un passé. Il n'y a pas de joueurs titulaires à part entière. Il n'y a pas non plus ceux qui sont au-dessus des règles et des conventions. Des pistes à creuser, des sillons à revisiter La dernière édition de la CAN a montré que la sélection est capable de s'imposer et de vaincre, mais en même temps, elle est aussi menacée par la révélation de démons intérieurs, qui peuvent être le doute, l'inconstance, le relâchement. Elle n'est pas encore prête à en finir avec cette fragilité et cette incohérence. Quelque part, elle est condamnée à remettre tous ses progrès en question. Elle suscite des fois l'espoir, mais elle s'écroule rapidement. Le constat est toujours le même : en dépit de ce qu'elle laisse parfois entrevoir, la sélection se met souvent dans la peau d'une équipe tout juste moyenne, souvent incapable de forcer la décision avec un rendement de plus en plus réduit au strict minimum. Elle n'en fait pas plus, et encore moins mieux. Elle serait même incapable de faire l'essentiel. Qu'elle joue bien ou mal, elle n'arrive pas à s'imposer, et encore moins à faire face aux exigences du haut niveau. La présence de certains joueurs est toujours souhaitée, mais leurs compétences beaucoup plus. Résultat : des prestations qui se ressemblent et un rendement aux abois. Cela ne signifie pas pour autant une rupture avec tout ce qui existe déjà, avec aussi tout ce qui a été accompli quelque part et sur lequel on peut justement construire. Il est évident qu'un nouvel ordre s'impose. Et c'est précisément pour cette raison que Kasperczak aura intérêt à revoir les paramètres de la vie sportive de son équipe et du potentiel humain. D'une certaine culture sportive, de la durée et de la persévérance. A chaque époque, certes, ses exigences, mais nous sommes dans le regret de reconnaître que la politique, le modèle et la stratégie préconisés en équipe nationale sont largement en déphasage avec l'évolution du football. La qualité du travail accompli, la valeur du jeu exprimé ne répondent pas encore aux aspirations. La sélection est incapable de faire valoir une vision et un projet de jeu valable, un potentiel suffisamment optimisé. Ici et là, on s'indigne d'un rendement et d'un comportement qui manquent de réflexion et d'inspiration. Il y a pourtant des équipes qui puisent leur force dans la manière de se remettre en question dans les moments difficiles. Visiblement, il n'en est rien pour la sélection. On ne sait pas toujours si elle a vraiment le mental pour le faire. Aujourd'hui, et avant que ce ne soit trop tard, il est nécessaire que toutes les parties concernées, joueurs, staff technique, membres fédéraux, mais aussi autorité de tutelle, soient amenées à prendre plus de responsabilités. C'est dire à quel point l'on devrait avoir une profonde conscience de la réalité. Lorsque tout le monde en prendra la mesure, chacun saura certainement qu'il est là pour faire honneur à un monument. C'est-à-dire à la fois le sens du devoir et de la responsabilité et la chance d'appartenir à une véritable institution. C'est toute une politique sportive qui a besoin aujourd'hui d'être réformée, des principes et des valeurs à restaurer, des pistes à creuser, des sillons à revisiter...