Le risque de l'assèchement de la sélection est réel, tout comme le risque d'un retour en arrière sur un terrain glissant Si l'on sait beaucoup de choses sur la sélection tunisienne, notamment les échecs et les manquements qui ont souvent compromis son parcours et ses ambitions, on ne sait pas toujours si elle serait vraiment capable de se faire une raison et de dépasser ses insuffisances en prévision des échéances et des épreuves qu'elle affrontera dans l'avenir. On sait comment tout cela a commencé, mais l'on ignore comment ça va finir. Cette absence de certitude provient du fait que Kasperczak, le premier responsable technique de l'équipe, continue toujours à entretenir le flou concernant l'équipe, ses prérogatives et ses attributions, et aussi le choix des joueurs qui seront vraiment capables de relever le défi et de faire face aux exigences des éliminatoires aussi bien de la CAN 2017 que de la coupe du monde 2018. Nous ne parlons pas du match et du déplacement de Djibouti du 3 juin prochain, qui n'est qu'une simple formalité. Nous aimerions plutôt que le sélectionneur se décide à se projeter encore plus loin et réaliser que l'avenir de la sélection est fait de stratégies à la fois immédiates et à long terme. Chaque étape a certainement son importance et son temps, mais les joueurs, ceux sur lesquels on peut vraiment compter, ont besoin de se familiariser avec l'ambiance et l'entourage de la sélection, et que cette dernière aurait, à son tour, besoin que son ossature soit clarifiée, assurée et bien établie... Ces derniers temps, on n'a pas manqué de constater une démobilisation qui rend mal à l'aise au sein de l'équipe. Ses répercussions étaient notamment visibles par rapport aux choix des joueurs et l'irrégularité qui accompagne, d'un stage à l'autre et d'un match à l'autre, la composition de l'effectif. Les choix du sélectionneur ne sont pas aussi convaincants qu'on l'espérait. Plus encore : ils ne donnent pas l'impression de répondre réellement aux priorités et aux exigences de l'étape. L'autre versant de cette inadéquation réside dans la transformation de la gestion de l'équipe et de tout le groupe en cercle très personnalisé. L'abandon progressif des grands principes, des orientations et de la cohérence au profit des approches et des orientations personnelles, où intervient exclusivement le sélectionneur, a conduit à marginaliser le travail collégial et de groupe. La direction technique est complètement éloignée de ce qui se passe en sélection. Eloignée, mais davantage exclue. Pas de travail d'évaluation, pas de suivi, pas de stratégie et encore moins une projection et des horizons d'avenir. On a même l'impression qu'elle n'a pas le droit de s'impliquer, ou encore de donner son avis. Est-ce le désir de Kasperczak qui, autrefois, c'est-à-dire lors de son premier passage en sélection, s'était investi autrement et de manière beaucoup plus mobilisante. On a encore le souvenir de son étroite collaboration avec la direction technique, du groupe qu'il avait formé non seulement autour de la sélection seniors, mais aussi des équipes olympiques, juniors, cadettes... L'entourage était autre et les prérogatives des adjoints encore plus grandes. Aujourd'hui, on sent qu'on se plie à toutes sortes de pratiques individuelles, laissant au sélectionneur le monopole et l'apanage de penser et d'agir!... Un terrain glissant Résultat : les insignifiances et les dérives ne sont plus une affaire marginale, qui concerne quelques aspects de la gestion du groupe et de l'équipe. Cela commence à faire système. La sélection est aujourd'hui l'otage du sélectionneur. Il en a fait quelque chose de personnel, qui perd de plus en plus du sens, et qui n'est plus qu'un moyen de contestation, parfois même de déchirement et de division. La déviation et l'incertitude autour de la sélection nous semblent aujourd'hui des défaillances et des écarts qui risquent d'avoir des répercussions négatives sur son parcours. On ne voit pas la partie vraiment responsable dans son discours et dans ses actes. Le risque de l'assèchement de l'équipe est réel, tout comme le risque d'un retour en arrière sur un terrain glissant. Et la fédération et son président dans tout cela? Il nous semble que la Direction technique et certains membres du Bureau fédéral, qui a aussi la tâche et la responsabilité de remettre les choses et les personnes à leur place, sont incapables de comprendre qu'un nouveau monde est né. Ils sont encore et toujours sourds aux appels à la raison. Au fait, ils n'ont rien appris des responsables dévoués et consciencieux qui ont fait les beaux jours du football tunisien. Qui, par la force de leur savoir-faire, leur compétence, mais aussi leur amour pour la sélection, sont devenus des légendes. Des personnes comme cela, on n'en trouve désormais que dans les livres d'histoire.