C'est la troisième commémoration qui intervient sous les autorités politiques actuelles, sans que rien ne change. L'hommage au martyr est, viscéralement, lié à la découverte de la vérité sur son assassinat (Hamma Hammami) Au milieu d'un important dispositif sécuritaire, déployé sur l'avenue Mohamed-V et encerclant la Place des droits de l'Homme, et en présence de plusieurs membres du gouvernement et de la famille de sang du martyr national, le président de la République a procédé à l'inauguration de cette place rebaptisée «Place Chokri-Belaïd et des droits de l'Homme». Cependant, le grand absent de cette cérémonie d'hommage était la famille politique du martyr, à savoir le Parti unifié des patriotes démocrates et le Front populaire. Le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu), Zied Lakhdhar, explique cette absence en ces termes : «Personne ne nous a consultés sur cet hommage et ce projet d'inauguration, ce qui veut dire que l'on n'est pas concerné par cet événement». Il fait remarquer, au passage, qu'il ne faut pas amalgamer deux catégories distinctes, à savoir la famille de sang que l'on ne choisit pas, et la famille politique que l'on choisit, avant d'expliquer que ce qui importe pour eux, c'est de savoir qui a assassiné le martyr de la patrie, tout en interpellant les autorités politiques pour leur demander ce qu'elles ont fait à ce niveau pendant tout ce temps-là. Instrumentalisation de la justice « Il est vrai que les racines de Chokri Belaïd se trouvent dans le Ppdu et le Front populaire, mais le martyr appartient à l'ensemble de la Tunisie; il était un militant de gauche qui défendait un projet progressiste et démocratique, qui vise l'indépendance effective du pays, la préservation de sa souveraineté, son développement et sa modernisation. Il luttait contre, d'une part, l'obscurantisme qui tend à le faire régresser et à empêcher son émancipation et son développement, et de l'autre, contre l'impérialisme et le sionisme qui œuvrent à le placer sous leur joug et à spolier ses richesses». Zied Lakhdhar conclut en soulignant que ses camarades et lui ne dissocient pas l'affaire Chokri Belaïd et le processus révolutionnaire. De son côté, son camarade Hamma Hammami réitère son attachement à la découverte de toute la vérité sur l'assassinat du martyr, ainsi que la détermination de tous les frontistes à faire face à toutes les tentatives de la coalition au pouvoir d'occulter cette vérité, par le biais de la justice dont l'instrumentalisation apparaît au grand jour, à travers le juge d'instruction du bureau n°13, accusé de plusieurs infractions et qui a été, récemment, promu procureur de la République dans le but d'étouffer, définitivement, l'affaire en sa qualité de premier responsable du ministère public. Et c'est pour déjouer cette intention malveillante, rappelle-t-il, que l'équipe de la défense requiert l'application de la décision de la chambre de mise en accusation, relative au parachèvement de l'enquête. Hammami insiste sur le fait que l'affaire Chokri Belaïd constitue une partie intégrante des autres assassinats politiques de Mohamed Brahmi, Mohamed Belmefti, dont l'affaire est classée contre inconnu, Majdi Ajlani et Lotfi Nagadh, ainsi que des assassinats des agents des forces de l'ordre et de l'armée. « Notre souci c'est de connaître la vérité sur tous ces assassinats qui sont intimement liés au dossier du terrorisme autour duquel nous avons proposé d'organiser un congrès national qui a été reporté à deux reprises, la première, au mois de mars 2014 sous le gouvernement Mehdi Jomâa, la seconde, au mois de septembre 2015 sous le gouvernement Habib Essid. Et tant que toute la lumière ne sera pas faite sur tous ces assassinats, on ne pourra jamais combattre le terrorisme », scande-t-il. Après ces volets juridique et sécuritaire, et pour rappeler les vraies raisons de l'assassinat de Chokri Belaïd et rafraîchir les mémoires, Hamma Hammami s'attarde sur son identité et son projet politique : «Il a été assassiné parce qu'il était le leader du Ppdu et l'un des fondateurs du FP, exactement comme Mohamed Brahmi, parce qu'il défendait un projet progressiste qui préserve l'intérêt suprême de la Tunisie, parce que ses perspectives étaient la prospérité de son pays et de son peuple ; c'est pour toutes ces raisons qu'il est le martyr de la Tunisie». Le porte-parole du FP appelle, en outre, les autorités politiques actuelles à œuvrer à découvrir la vérité au lieu de prononcer des discours mielleux, d'autant plus que c'est la troisième commémoration de l'assassinat de Chokri Belaïd qui intervient sous les mêmes autorités politiques, sans que rien ne change, tient-il à rappeler. Enfin, Hamma Hammami réaffirme que l'hommage au martyr Chokri Belaïd est, viscéralement, lié à la découverte de la vérité sur son assassinat, toute la vérité...