La sérénité de l'île des Lotophages a été troublée cette semaine par un mouvement de colère de la société civile et des habitants de Djerba. La raison de leur indignation? À l'entrée du port de pêche de Houmt Souk, la direction régionale de l'Agence des Ports et des Installations de Pêche de Houmt Souk (APIPE) a fait ériger un mur de 20 mètres, justifiant l'ouvrage par des raisons sécuritaires et la nécessité de contrôler le commerce illicite des produits de la mer. Or, ces arguments ne semblent pas avoir convaincus les habitants ainsi que les membres de la société civile qui ont dénoncé un projet réalisé, sans l'approbation de la municipalité de Houmt Souk et la consultation de l'Agence de protection du littoral (APAL) et de l'Association de Sauvegarde de la Médina de Djerba. Ces derniers sont d'autant plus indignés que cette nouvelle construction, qui a été hâtivement construire au cours du week-end, obstrue la vue du front de mer et défigure le paysage, menaçant l'attrait esthétique et touristique de cette zone de l'île propice aux promenades et prisée par les autochtones et des visiteurs pour la vue imprenable qu'elle offre sur le coucher du soleil. « Le contrôle du commerce illicite n'est pas une raison suffisante pour défigurer notre port. S'il y a un obstacle, les pêcheurs peuvent simplement vendre leurs produits ailleurs. Je pense que ce mur a une autre fonction : dissimuler les déchets qui s'accumulent et qui ne sont pas ramassés régulièrement », explique Neji un pêcheur de l'île. Médecin de son état, R.B partage cette méfiance et souligne le danger que représente l'édifice. « Il y a anguille sous roche. Cette Ce mur construit à la hâte au cours du week-end pourrait s'effondrer sur des passants, surtout avec les vents et les marées». Du côté de l'agence, les services chargés de la construction du mur ont mis l'accent sur les raisons d'ordre sécuritaire qui ont motivé la construction de l'édifice sont vouloir donner plus de précisions. Face à la mobilisation citoyenne et en l'absence d'autorisation de bâtir, la municipalité de Houmt Souk est intervenue pour ordonner l'arrêt des travaux. Toutefois, la colère ne désenfle pas, car le décret de démolition se fait toujours attendre. Le statu quo actuel attise d'autant plus l'inquiétude des jerbiens, qu'ils craignent que ce projet ne devienne irréversible et ne porte atteinte de manière durable à l'intégrité et à la beauté de leur île. in