Youssef Chahed est déterminé à «instaurer un climat administratif développé». Pour ce faire, Abid Briki a la lourde et délicate tâche de pousser 25.000 fonctionnaires à «choisir de leur propre gré à faire valoir leurs droits à la retraite en contrepartie de substantiels avantages» Il ne se passe plus, désormais, un jour sans que Abid Briki, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, ne fasse une apparition médiatique pour nous annoncer que la modernisation de la fonction publique est sur les rails et qu'il s‘agit encore de quelques détails à régler dans les semaines à venir pour désengager l'administration de quelque 25.000 fonctionnaires «qui choisiront de leur propre gré de faire valoir leurs droits à la retraite, à condition d'être âgés de 57, 58 et 59 ans, de toucher une pension de retraite entière comme s'ils avaient quitté à 60 ans et de bénéficier d'un crédit bancaire à des conditions avantageuses au cas où ils voudraient créer leurs propres projets». Quant aux pensions de retraite qu'ils percevront en contrepartie des trois ans qu'ils vont gagner, «elles ne seront pas servies par la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps) qui souffre de difficultés énormes et peine à assurer les pensions de ses retraités. C'est l'Etat qui en garantira le paiement par le biais de dons et aides étrangers et non sur le budget général de l'Etat dans la mesure où les crédits consacrés à cette opération ne sont pas prévus dans la loi de finances 2017», souligne le ministre. Il ajoute : «Début mai 2017 démarrera l'opération inscription des agents de l'Etat qui remplissent les conditions requises (être âgés de 57, 58 et 59 ans) et désirant partir à la retraite. L'inscription volontaire et sans aucune pression de quelque nature que ce soit se poursuivra jusqu'à fin juin prochain. Nous tablons sur un chiffre égal à 25.000 agents qui s'inscriront dans cette opération». Des espaces d'accueil et un portail pour les investisseurs Et si Abid Briki fait la tournée quotidienne des TV et des radios pour faire la promotion de l'opération mise à une retraite anticipée qui ne dit pas son nom de quelque 25.000 agents «dont l'administration a toujours besoin mais...», Youssef Chahed, chef du gouvernement, s'est octroyé, lui, la mission d'annoncer les nouveautés que va connaître l'administrations publique dans le cadre de l'amélioration de la qualité des prestations administratives et de la rationalisation des ressources humaines qui exercent au sein de l'administration. «Il y aura vingt nouvelles maisons de services administratifs dans les délégations prioritaires, un portail unique destiné aux entreprises. Cent espaces d'accueil seront aménagés dans les services publics pour fournir aux citoyens et aux investisseurs les prestations qu'ils désirent outre l'abandon progressif de quelques procédures comme la signature légalisée», faisait savoir jeudi 9 février le chef du gouvernement. L'objectif recherché est de faire en sorte que l'administration locale, régionale ou centrale joue pleinement son rôle de locomotive fondamentales du processus de développement économique et social. Le chef du gouvernement est clair : «Nous visons à fournir des prestations de qualité et à instaurer un climat administratif développé. Notre objectif aussi est de satisfaire ces 56% parmi les Tunisiens qui jugent que le rendement de l'administration ne répond pas à leurs attentes». Mais que pense l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) du projet gouvernemental visant à moderniser l'administration ? Sami Tahri, membre du bureau exécutif et porte-parole de l'Ugtt, confie à La Presse : «Jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement ne nous a soumis aucun projet écrit sur son intention de libérer les fonctionnaires désirant partir à la retraite avant terme. Nous considérons qu'il s'agit d'une question très importante qui mérite un dialogue auquel participeront tous les partenaires sociaux. Nous avons besoin d'études très approfondies sur lesquelles nous baserons nos décisions. Malheureusement, le gouvernement fait toujours de la rétention de l'information en refusant de nous livrer les chiffres dont nous avons besoin (il est à préciser que Abid Briki reconnaît que lui-même ne sait pas combien l'administration publique compte de fonctionnaires). En tout état de cause, l'Ugtt n'apportera son soutien à aucune solution qui ne sera pas issue d'un dialogue commun».