Un nouveau monde est en train de naître. Celui qui accrédite l'image des défaillants, des incontrôlables, des ingouvernables. Ceux qui abaissent la vocation de mandataire par des actes dont le football est innocent. Des faits regrettables avant-hier au stade 15-Octobre de Bizerte, mais qui ne sont pas isolés. Au moment où l'absence du public nous fait toujours un pincement au cœur, ce qui se passe dans certains stades tend de plus en plus à écorner l'image du football tunisien et à banaliser les attaques dont les arbitres sont l'objet. En fait-on trop avec l'arbitrage ? Chacun a sa méthode et son discours. Ce qui est sûr, c'est que les hommes en noir, bien que parfois coupables d'erreurs, sont devenus les catalyseurs de dérapages et de violence caractérisée dans les gradins et même en dehors des stades. On a beau s'inscrire dans une politique de vigilance et de prévoyance, imposant comme première étape le huis clos, puis limitant par la suite l'accès au stade pour le public local, mais on n'a jamais réussi à éradiquer le fléau de la violence. Les agitations, les déchaînements, mais aussi les impétuosités dans nos stades inspirent beaucoup d'inquiétude sur la façon dont le football est aujourd'hui géré et dirigé. A Bizerte, trois agents de la police ont été blessés. Où allons-nous ? C'est toute l'institution qui est aujourd'hui en danger. Le football tunisien évolue dans le sens contraire des bonnes habitudes, à l'éthique aux valeurs et au fair-play sportifs. C'est une tendance qui se confirme. Le fanatisme est en train de pourrir nos stades. Il pourrait tout détruire si on continue à être indifférent et à vivre dans l'impunité. Des scènes intolérables sur les terrains, dans les gradins, mais aussi pas nécessairement dans la sphère du jeu. On prend l'habitude de se demander ce que seront nos prochains lendemains et on se rend compte que le sport numéro un et ses compétitions à enjeux grandissimes ne peuvent plus, ne doivent plus être laissés au pouvoir des supporters et des personnes qui ne sont pas conscientes de la responsabilité qui leur incombe. Car s'en remettre au bon sens ou à la vision de ces hommes pour se tremper dans le quotidien de ce sport n'est plus aussi évident. Les temps changent, les références encore davantage. On se croit grand, on se voit intouchable et on bafoue les règles élémentaires de conduite dans la cour des grands. Dépendance au risque Un nouveau monde est en train de naître. Celui qui accrédite l'image des défaillants, des incontrôlables, des ingouvernables. Ceux qui abaissent la vocation de mandataire par des actes dont le football est innocent. Sur les terrains, dans les gradins, tout autour des stades, mais aussi dans les plateaux de télévision, dans les discours et les prises de position, on dit ce qu'on ne fait pas, et on fait ce qu'on ne dit pas !... Il y a dans cette inconscience collective comme une certaine prédisposition, voire une légitimité de tout se permettre. Après les scènes de Bizerte, encore une fois intolérables où des supporters, mécontents du résultat du match et de la prestation de l'arbitre Slim Belakhouas, ont été à l'origine de blessures de trois agents de l'ordre. Le football, comme on le vit aujourd'hui, perd ainsi et de plus en plus une bonne partie de son âme et beaucoup de son innocence. Dans un monde où l'inconscience et les dérapages meublent notre quotidien, les vrais responsables, les vrais supporters sont devenus minoritaires, les courageux aussi. On assiste ainsi au procès de l'arbitrage, du football tout court, avec beaucoup de sous-entendus démagogiques. Le fanatisme, l'insouciance sont en train de tout détruire, de tout gâcher. Mais quelles que soient les mesures à prendre et les recommandations nécessaires pour remédier à une situation devenue intenable, l'on ne doit pas oublier que le football n'est pas une activité comme les autres. S'il reste capable du meilleur comme du pire, il implique encore et toujours des valeurs, des vertus, une culture. S'il est aujourd'hui de plus en plus question d'instruire le procès généralisé d'un système amoindri et amorti, il est du devoir de toutes les parties prenantes, et notamment celles desquelles pourrait justement venir le salut, de pointer ce qu'on ne cesse de considérer comme des erreurs, des manquements ou des dérives. Le football se serait ainsi installé sur une montagne de dérives. Trop risqués, car soutenus par de acteurs privés de discernement. Plus les actes se succèdent, plus les valeurs chutent et plus le scénario d'un sport en perte de vitesse se confirme. Les écarts de tous bords nourrissent les polémiques. Tout est cependant question d'attitudes. Attitudes des responsables, des joueurs, des entraîneurs, des supporters. Il ne faut pas caricaturer. On doit avancer tous dans la même direction. On aura toujours le droit d'aspirer à un football qui ne soit pas inspiré des dérives et des manquements....