L'humoriste française d'origine tunisienne Samia Orosemane est parmi nous à Tunis pour préparer son prochain spectacle dont une partie sera adaptée en arabe. Nous l'avons rencontrée. Vous êtes là pour préparer votre prochain spectacle en Tunisie... Effectivement on prépare un autre spectacle parce que les régions sont restées sur leur faim. Au Zéphyr lorsque j'ai fait un spectacle au mois de novembre il y a des gens qui sont venus de loin et qui n'ont pas trouvé de place... On va faire une première grosse scène et suite à cela on verra s'il y a moyen de faire les festivals en Tunisie et de faire une tournée un petit peu partout. Je ne savais pas que mes spectacles auront du succès auprès des Tunisiens et que les gens m'arrêteraient dans la rue pour m'embrasser ! Je suis vraiment très touchée... A ce public tunisien je promets d'adapter en partie mon spectacle en arabe. Les Tunisiens savent seulement que vous vivez en France et que vous êtes mariée à un Africain... Je suis une Tunisienne originaire de Djerba et née en France. Je passe tous mes étés à Djerba... Je ne connaissais que Djerba-Paris, Paris-Djerba. Maintenant, je découvre le reste de la Tunisie et plus je découvre la diversité qu'on a et plus j'aime ce pays. Pourquoi avoir choisi l'humour comme mode d'expression ? Boris Vian disait que l'humour était la politesse du désespoir. Je trouve cette phrase magnifique. Il y a des situations qui sont tellement compliquées à supporter que la seule manière de pouvoir s'en sortir est de prendre du recul avec l'humour. On le voit bien avec les Tunisiens. Je pense qu'on est le seul peuple qui arrive à rire des attentats le jour où ça arrive. La seule manière de prendre de la distance c'est de rigoler des choses. A mon avis, plus on est dans la difficulté plus on doit prendre de la distance pour ne pas perdre les pédales. Mais aujourd'hui le métier de faire rire les gens devient difficile... Au contraire, c'est un métier dont on a besoin et où je me plais parce que je sens que j'apporte du bonheur aux gens. Pour moi, il n'y a rien de plus gratifiant. Je pense que mes racines tunisiennes m'ont apporté le sens de l'humour, le recul et surtout la générosité. A un certain moment, vous avez déclaré «Le jour où j'ai porté le foulard, j'ai pensé que j'allais arrêter le théâtre»... En effet, je pensais que le foulard allait être un frein, étant donné que je vis dans une société où on est allergique à tout ce qui est religieux à cause de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Du coup, je me suis dit : personne ne va m'offrir de rôle avec un bout de tissu sur la tête ! Moi, j'étais juste comédienne, j'ai fait des études de théâtre, je n'étais pas humoriste à l'époque. Et puis l'humour a été une occasion pour remonter sur scène en racontant ma propre histoire.