Dans le souci de sensibiliser à une nouvelle relation gouvernants-gouvernés, l'Association tunisienne des contrôleurs publics (Atcp) vient de piloter une vaste campagne dans les régions, placée sous le signe «Etre partie de la solution, participe, réclame et demande des comptes...» Pourquoi la rébellion gagne-t-elle encore en ampleur ? Pourquoi n'arrive-t-on pas, jusqu'ici, à tempérer les ardeurs des frondeurs, en sit-in et grèves prolongés? Comment peut-on régler la situation précaire remarquée dans certains secteurs ? Et le bras de fer continu entre le ministre de l'Education et ses rivaux syndicalistes? Quels rapports entre l'administration et ses usagers ? Sommes-nous face à une crise de gouvernance ou un déficit de communication ? Ces questions méritent d'être posées et il importe au gouvernement d'y répondre. Mais, nos gouvernants, il leur manque, semble-t-il, le courage de tout dire et d'agir. Il leur manque également de regarder en face la réalité, où les revendications citoyennes les plus élémentaires n'ont jamais été satisfaites. Toutefois, tant qu'il n'y a aucune vision clairvoyante, ni transparence de gestion, ni de bonnes intentions de voir plus grand, il n'y aura, en retour, pas de solutions pérennes. Et c'est à ce niveau que s'invite, forcément au débat ce qu'on appelle communément l'«Open Government» ou le gouvernement ouvert. Ce concept anglo-saxon, érigé en initiative universelle adoptée, en 2011, par l'Assemblée générale de l'ONU, exige des Etats un train d'engagements envers leurs citoyens. Depuis son adhésion à cette initiative en 2013, la Tunisie n'y fait rien jusque-là, tout au plus des plans d'action figés sans effet. Et le chemin reste très long et sinueux en matière de lutte contre la corruption, d'amélioration des services administratifs et d'approche participative dans la chose publique. Démocratisation du développement régional L'ouverture du gouvernement sur son opinion demeure, hélas, problématique. Ce qui pourrait expliquer la recrudescence des mouvements sociaux protestataires. Dans le souci de sensibiliser à une nouvelle relation gouvernants-gouvernés, l'Association tunisienne des contrôleurs publics (Atcp) vient de piloter une vaste campagne dans les régions, placée sous le signe « Etre partie de la solution, participe, réclame et demande des comptes ». Après le nord-ouest, la caravane de citoyenneté a débarqué, samedi, dans la région de Kairouan, où les lanternes ont été bien éclairées sur les principes de l'«Open gov» et ses bienfaits dans la promotion de la société. Jointe par téléphone, Mme Salma Ben Tekia, responsable de la caravane de sensibilisation, nous a indiqué que l'initiative est particulièrement destinée au citoyen, afin d'attirer son attention sur l'apport de la participation, l'efficacité de la transparence et l'impératif de la redevabilité. Trois maîtres-mots qui cultivent la bonne démocratie. L'objectif, ajoute-t-elle, est de faire du citoyen, là où il se trouve, un acteur actif et un partenaire agissant, ayant le droit de regard sur l'action de son gouvernement. Or, cela puise dans le droit d'accès à l'information et aux documents administratifs tel que stipulé dans la constitution et la loi 22 y afférent. D'ailleurs, le mécanisme du budget participatif, désormais, adopté dans la réalisation des projets municipaux, s'inscrit dans le droit fil d'impliquer le citoyen dans la gestion des affaires locales de sa région. C'est, en quelque sorte, la démocratisation du développement régional. En fait, l'«Open gov» est une forme de communication qui permet de penser local et d'agir à l'échelle nationale, avec la célérité et la transparence requises. C'est ce que voudrait atteindre l'Atcp dans sa campagne nationale. Prochainement, elle se dirigera vers le sud du pays.