Un vaste projet public-privé vise à transformer une zone marginalisée en pôle touristique et économique stratégique d'ici 2027. Longtemps perçue comme un espace délaissé et pollué, la Sebkha Ben Ghayadha s'apprête à changer de visage. Ce site naturel du sud de Mahdia fera bientôt place à une ville touristique durable et intégrée, dans le cadre d'un ambitieux projet national de développement porté par l'Etat tunisien. Selon Hela Dessim Rahmouni, présidente-directrice générale de la Société d'Etudes et d'Aménagement de la Sebkha Ben Ghayadha (relevant du ministère de l'Equipement), ce projet figure parmi les initiatives à fort potentiel d'emploi et à forte valeur ajoutée pour l'économie nationale. "Nous voulons transformer un espace marginalisé en un modèle de ville intelligente, respectueuse de l'environnement et créatrice d'opportunités", a-t-elle déclaré à l'agence TAP. Le projet s'étendra sur 142 hectares sur la côte sud de Mahdia, avec la création de pôles touristiques, commerciaux et de services, ainsi qu'une ville intelligente aux standards internationaux. À ce jour, 99,5 % du terrain appartient à l'Etat, après des opérations de réhabilitation qui ont permis d'assainir la lagune, jadis marécageuse et malodorante. Mme Rahmouni a précisé que les aménagements réalisés ont déjà amélioré le cadre de vie des habitants des quartiers environnants. La sebkha, désormais stabilisée sur le plan écologique, est devenue une réserve foncière stratégique pour le développement futur du littoral sud. Un projet à long terme et à forte dimension durable Inscrit dans la politique nationale de requalification du littoral et de diversification de l'offre touristique, le projet de la Sebkha Ben Ghayadha ambitionne de dynamiser la région tout au long de l'année, notamment durant les saisons creuses où l'activité économique reste faible. Les travaux préliminaires, amorcés dès les années 2000, ont été menés en plusieurs étapes : 2007–2011 : réhabilitation des terrains et création du plan d'eau ; 2016–2018 : ouverture du plan d'eau sur la mer ; 2020 : protection des eaux du canal nord. Un concours d'idées, organisé en 2021, a permis de définir les orientations futures du projet, avec un accent sur le développement durable et la surveillance environnementale de la sebkha, entre 2022 et 2025. Vers un partenariat public-privé En septembre 2025, un groupement d'experts tunisiens et étrangers a été retenu pour accompagner l'Etat dans les phases préparatoires d'un partenariat public-privé (PPP) destiné à financer et réaliser le projet. Le contrat, d'une durée de 28 mois, inclut : l'étude de marché et l'identification des investisseurs ; la conception des plans fonctionnels ; la stratégie de marque et de marketing territorial ; ainsi que l'assistance technique et juridique jusqu'à la signature du contrat final. Un cabinet français participera à cette mission conjointe, qui doit aboutir à la présélection des investisseurs en 2027, première étape vers le lancement effectif du projet. Le coût global des travaux, études et opérations de régularisation foncière s'élève, à fin 2025, à près de 81,3 millions de dinars tunisiens. L'objectif à terme est de faire de la Sebkha Ben Ghayadha un modèle de reconversion écologique et urbaine, conciliant développement économique, tourisme durable et préservation de l'environnement.