Selon une étude d'OpenAI, 80 % des travailleurs américains pourraient voir une part de leurs tâches automatisée par l'intelligence artificielle. Quarante-quatre professions, de l'ingénierie au journalisme, sont déjà concernées. L'IA, évaluée sur sa valeur économique réelle, rivalise désormais avec les humains sur de nombreuses missions intellectuelles. L'intelligence artificielle ne se contente plus de simuler la pensée : elle produit, écrit, calcule et conçoit avec une efficacité qui bouleverse l'économie du travail. C'est la principale conclusion de l'étude GDPval, récemment publiée par OpenAI, le créateur de ChatGPT. En évaluant quarante-quatre professions couvrant plus de la moitié du PIB américain, les chercheurs démontrent que les modèles d'intelligence artificielle les plus avancés, dont GPT-5, atteignent désormais des performances équivalentes, voire supérieures, à celles de professionnels expérimentés. Les chiffres sont vertigineux. Près de 80 % de la main-d'œuvre américaine verrait au moins 10 % de ses tâches transformées par les systèmes GPT, et 19 % des travailleurs pourraient voir plus de la moitié de leurs activités automatisées. Dans plusieurs domaines, les modèles produisent des livrables de qualité professionnelle cent fois plus vite et cent fois moins cher que leurs équivalents humains. Jusqu'ici, les intelligences artificielles étaient évaluées sur des exercices scolaires : tests de logique, de raisonnement ou de culture générale. L'approche GDPval – acronyme de Gross Domestic Product Value change la donne. Elle mesure la capacité réelle des modèles à créer de la valeur économique. Concrètement, les chercheurs ont défini plus de 1 320 tâches réelles, issues de quarante-quatre métiers, confiées à la fois à des humains et à des IA. Les résultats ont ensuite été évalués à l'aveugle par des experts indépendants, sans que ceux-ci sachent quelle production venait d'une machine. Les résultats ont surpris jusqu'aux concepteurs de l'étude. Dans un nombre croissant de cas, les intelligences artificielles ont égalé ou dépassé les professionnels. GPT-5 s'est illustré par sa rigueur technique et sa cohérence argumentative, tandis que Claude 4.1, développé par Anthropic, a été salué pour la clarté de ses présentations et la qualité esthétique de ses documents. OpenAI se garde cependant de parler de remplacement. L'étude évalue la performance sur des tâches isolées, et non sur des emplois entiers. Elle ne prend pas en compte la communication, l'adaptation au contexte, la collaboration ou le discernement éthique. Si une IA peut rédiger un rapport parfait, elle ne sait pas encore négocier, convaincre ou écouter. Reste que la transformation du monde du travail est amorcée. Les professions où la rigueur et la structure dominent finance, droit, comptabilité, ingénierie, journalisme, gestion de projet ou santé administrative sont les plus exposées. Celles fondées sur la créativité intuitive, la relation humaine ou l'émotion demeurent plus résistantes, mais leur périmètre pourrait se réduire à mesure que les IA progressent dans la compréhension du langage naturel et du contexte social. Pour Sam Altman, PDG d'OpenAI, « l'intelligence artificielle ne remplace pas les gens, elle modifie ce qu'ils peuvent accomplir ». Autrement dit, le défi ne réside pas dans la disparition des métiers, mais dans leur reconfiguration. Les tâches répétitives et standardisées se verront confiées aux machines, tandis que les humains devront se concentrer sur la supervision, l'interprétation, la stratégie et la créativité. Cette évolution pose une question de société majeure. À mesure que l'IA s'intègre dans la production intellectuelle, comment préserver la valeur humaine du travail ? Quelle place restera-t-il à l'intuition, à la nuance et à la responsabilité individuelle, quand la machine pourra générer, en quelques secondes, un texte, une analyse ou un plan d'action d'une qualité irréprochable ? GDPval ne se contente pas de mesurer les performances d'un modèle : il agit comme un thermomètre de la révolution cognitive. L'intelligence artificielle n'est plus un outil périphérique, mais un acteur central de la production de savoir. L'enjeu n'est plus de savoir si les IA peuvent travailler, mais comment nous choisirons de travailler avec elles. Les 44 métiers évalués dans l'étude GDPval L'étude d'OpenAI a couvert un large éventail de professions, incluant des ingénieurs civils et informatiques, des avocats, des comptables, des analystes financiers, des journalistes, des éditeurs, des développeurs, des chefs de projet, des responsables marketing, des pharmaciens, des infirmiers, des techniciens de laboratoire, des data analysts, des architectes, des producteurs audiovisuels, des traducteurs, des gestionnaires de santé, des formateurs, des experts en ressources humaines, des économistes, des consultants, des analystes politiques, des chargés de communication, des responsables financiers, des graphistes, des statisticiens, des planificateurs urbains, des rédacteurs techniques, des coordinateurs de recherche, des auditeurs, des gestionnaires de produits, des superviseurs de vente, des conseillers clients, des documentalistes, des sociologues, des chercheurs en psychologie, des designers UX, des responsables logistiques, des enseignants en ligne, des assistants juridiques, des courtiers en assurance, des contrôleurs de gestion et des traducteurs juridiques.