Image par Leopictures de Pixabay Le conseiller économique du président de l'Union des agriculteurs, Fathi Ben Khalifa, a appelé à réorienter les subventions destinées aux huiles végétales vers l'huile d'olive destinée à la consommation nationale, soulignant que le citoyen tunisien consomme actuellement seulement 30 000 tonnes par an, alors que près de 250 000 tonnes d'huiles végétales importées dont la qualité reste incertaine sont utilisées sur le marché. Lors d'un séminaire organisé par l'Union des agriculteurs sur le thème "Les risques dans le secteur des olives et de l'huile d'olive et comment les maîtriser", Ben Khalifa a aussi souligné l'absence de politiques agricoles claires pour le secteur oléicole, à l'instar des autres filières, et a appelé à élaborer des stratégies proactives à moyen et long terme pour anticiper la production, la récolte et la valorisation des olives. Selon lui, le secteur a généré en 2023 pas moins de 6 milliards de dinars de revenus, contribuant ainsi à réduire le déficit de la balance commerciale nationale. La production de cette saison est estimée à 500 000 tonnes, un niveau qui pourrait devenir la norme au cours des dix prochaines années grâce aux nouvelles plantations effectuées depuis 2023, notamment dans les zones irriguées de Gafsa, Sidi Bouzid et Kairouan. Ben Khalifa a en outre insisté sur l'importance de prévoir les besoins financiers, humains, techniques et technologiques nécessaires pour la récolte et la valorisation de la production, considérant que l'huile d'olive est désormais un pilier de l'économie nationale, générant devises, emplois et valorisation des terres. Il a signalé que la Tunisie a dépassé la quantité garantie dans le cadre de l'accord avec l'Union européenne pour l'exportation (60 000 tonnes par an), avec 270 000 tonnes exportées la saison écoulée, et a appelé à diversifier les marchés vers l'Asie (Inde, Pakistan, Chine, Indonésie) et l'Afrique, tout en valorisant l'huile conditionnée et son usage dans l'industrie cosmétique et parfumée pour créer une valeur ajoutée. Sur un autre plan, le conseiller a souligné plusieurs risques menaçant le secteur : maladies liées au changement climatique, hausse des coûts de production, crédit agricole élevé (jusqu'à 12-13 % contre 2 % en Italie, Espagne ou Maroc) et risques géostratégiques. Selon lui, la diversification des clients et des marchés est nécessaire pour réduire ces risques. Finalement et non moins important, Ben Khalifa a alerté sur la capacité de stockage des entrepôts du Office de l'huile d'olive, passée de 250 000 tonnes à seulement 60 000 tonnes, et a appelé les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie à publier les données disponibles afin de permettre l'étude d'investissements et de subventions pour accroître la capacité, en prévision de l'augmentation de la production. Il est à rappeler que le séminaire a également permis d'élaborer un document de travail destiné aux autorités de tutelle, au gouvernement et au législateur, afin de mettre en place une vision stratégique et durable pour le secteur oléicole tunisien, clé de l'économie et de l'emploi.