Le constructeur français PSA (Peugeot, Citroën et DS) vient d'annoncer qu'il « explorait la possibilité » d'acquérir les marques européennes de General Motors, Opel et Vauxhall, dans le rouge depuis des années. Mais ces projets ont soulevé en Allemagne la crainte que l'acquisition s'accompagne d'une vague de licenciements, PSA ne voyant pas l'utilité de doublonner des postes déjà existants en France. Or, le journal Bild am Sonntag se fait l'écho d'une réunion entre le secrétaire général de PSA, Olivier Bourges, et de hauts responsables allemands dans le bureau de la chancelière Angela Merkel jeudi, au cours de laquelle M. Bourges a assuré ses interlocuteurs que les contrats préexistants seraient honorés. Ces contrats stipulent qu'aucun licenciement ne peut avoir lieu chez Opel Allemagne jusqu'en 2018 et que les investissements prévus dans quatre usines allemandes doivent être maintenus jusqu'en 2020 au moins. Toujours d'après le journal, la direction d'Opel s'attend à ce que PSA expose les grandes lignes de l'acquisition la semaine prochaine, pour une signature prévue lors du Salon automobile de Genève qui s'ouvre le 9 mars. Une rapidité étonnante pour un acheteur moribond il y a seulement trois ans où l'Etat français et le chinois Dongfeng sont venus à la rescousse pour sauver le groupe. Mais celui-ci avait un bon dossier et a récupéré Carlos Tavares, en rupture de ban chez Renault, qui a opéré un redressement spectaculaire et achevé de lancer les nouveaux modèles qui étaient «dans le tuyau». En revanche, les activités de GM en Europe sont historiquement en difficulté. Le groupe a essuyé en 2016 sa seizième perte annuelle consécutive en Europe avec un recul de 2,7 % de son bénéfice net annuel à 9,43 milliards avec une perte de 257 millions de dollars pour ses activités européennes. Opel, dont le symbole est le «blitz» (éclair), a été fondée en 1862 en Allemagne. Fin 2015, l'entreprise employait 35.600 salariés, dont 18.250 en Allemagne. En Europe, Opel produit au total dans dix usines réparties sur six pays et notamment en Grande-Bretagne où la marque est vendue sous le label Vauxhall. Ouverture anglaise Avec le Brexit, la division anglaise constitue une inconnue de taille. La Première ministre britannique Theresa May a accepté samedi «le principe d'une rencontre» avec le patron de PSA Carlos Tavares concernant Vauxhall au Royaume-Uni. «Je peux confirmer que nous avons reçu une demande de rendez-vous. En principe, la rencontre aura lieu, en fonction des possibilités d'agenda», a déclaré un porte-parole du 10 Downing Street. L'hypothèse d'un rachat de Vauxhall a suscité des craintes chez les syndicats britanniques. Len McCluskey, le secrétaire général de la principale organisation, a averti dès mercredi qu'elle «n'acceptera aucune perte d'emplois ni fermeture d'usines». Mais elle a l'intention d'aller vite et va rencontrer les représentants syndicaux. D'après le Financial Times, le ministre britannique des Entreprises Greg Clark s'est rendu jeudi dernier à Paris pour offrir à PSA des assurances similaires à celles données au constructeur japonais Nissan par rapport au Brexit à venir. Carlos Ghosn, président de l'Alliance, avait rapidement pris les devants pour clarifier la situation, une méthode adoptée par son ex-collaborateur de longue date, Carlos Tavares. Nissan s'était engagé en octobre dernier à continuer à investir sur son site de Sunderland, mais seulement après avoir obtenu des garanties du gouvernement britannique. Londres n'a jamais rendu public le détail de ces garanties alors même que l'industrie automobile britannique pourrait souffrir d'un Brexit qui doit se traduire par une sortie du marché unique européen. De toute évidence, Carlos Tavares va tenter d'obtenir les mêmes assurances avant de finaliser le dossier Vauxhall.