Il est évident que l'analyse du système bancaire et financier nous montre une différence importante entre les banques privées et les banques publiques. L'urgence actuelle est de traiter le problème des banques publiques. L'expérience a montré également que la propriété du capital de ces banques ne change en rien le contrôle et la supervision faits par la Banque centrale de Tunisie (BCT) sur l'ensemble du système bancaire. La BCT contrôle et supervise exactement de la même manière les banques publiques et les banques privées. Ceci prouve que l'Etat n'a pas véritablement besoin d'être actionnaire dans les banques publiques. Comment redresser donc ces banques ? Comment améliorer leurs performances ? Il n'y a pas une seule solution mais plusieurs solutions. Auparavant, nous avons tenté la recapitalisation ; mais elle a coûté très cher et n'a pas donné les résultats escomptés. De même pour la fusion. A un moment donné, la Société tunisienne des banques (STB) a été fusionnée avec la Banque de développement économique de Tunisie (Bdet) et la Banque nationale de développement touristique (Bndt) avec la STB. C'était un échec. Il reste la privatisation sous une forme ou une autre des banques publiques. Il est possible de les privatiser en ouvrant le capital localement. De toute façon, toutes les banques sont cotées en Bourse. La cession de la participation de l'Etat doit être très simple. Mais il y a d'autres choix. Par exemple, le fait de recourir à un partenaire stratégique pour chacune de ces banques. Je pense que l'économie tunisienne n'a pas besoin uniquement de fonds ou du capital récupérés par l'Etat après la cession de ses participations. Ce qu'il faut chercher aussi est une meilleure performance pour ces institutions. La présence d'un partenaire stratégique est ainsi une solution à envisager. Notre secteur bancaire et financier est très en retard. Il a des difficultés très importantes au niveau de la masse des créances accrochées, des systèmes d'information, des méthodes de gestion, de l'investissement dans les compétences humaines, etc. Aucun coût social Si nous améliorons les performances du système bancaire et financier, nous allons certainement améliorer les performances de l'économie parce que le système bancaire et financier est l'un des principaux moteurs de la croissance et du développement. Tant que le système financier et bancaire est faible et en retard et souffre d'insuffisances, il sera difficile de redresser l'économie tunisienne. Honnêtement, en ce qui concerne le système bancaire et financier, je pense qu'il n'y aura aucun coût social. En ce sens que même les cadres qui seraient licenciés par certaines banques seraient extrêmement faciles à placer compte tenu de leurs formations. Nous savons qu'au niveau de nos entreprises, aussi bien publiques que privées, il y a un grand besoin de cadres financiers. Donc, je pense que le coût social sera extrêmement limité.