A l'échelle régionale, «certains gouvernorats sont mieux classés que d'autres, mais d'une manière générale cette faiblesse se reflète au niveau des gouvernorats, notamment dans les régions du Nord, du Centre et du Sud-Ouest où les taux sont très faibles» Les résultats du rapport national sur l'inclusion financière de l'Iace ont été présentés, hier, lors d'une table ronde sur «le financement de l'entreprise et de l'investissement» organisée à l'Utica. M. Samy Moulay, professeur de finance internationale à l'université de Tunis, indique que ce rapport est le premier de son genre qui a été réalisé en Tunisie. Il est vrai que les organisations internationales comme la Banque mondiale et le FMI font épisodiquement de petites enquêtes, mais qui ne sont pas destinées à l'échelle régionale ou spécifiques aux gouvernorats. Dans cette enquête, «nous avons ciblé essentiellement tous les gouvernorats et toutes les régions, en s'adressant aux particuliers et notamment aux plus vulnérables, aux chefs d'entreprise, les micro et les toutes petites entreprises dans les régions et essentiellement l'ensemble des agences bancaires implantées dans les régions». Il ressort de ce rapport que la Tunisie est faiblement classée en matière d'inclusion financière à l'échelle nationale, sachant que l'inclusion financière est un concept beaucoup plus large que l'inclusion bancaire. A l'échelle régionale, «certains gouvernorats sont mieux classés que les autres, mais d'une manière générale cette faiblesse se reflète au niveau des gouvernorats, notamment dans les régions du Nord, du Centre et du Sud-Ouest où les taux sont très faibles, ce qui explique que le taux de pauvreté est essentiellement lié à la faiblesse de l'inclusion financière», précise M. Moulay. Le rapport montre que les individus essaient de recourir de plus en plus aux institutions de la microfinance. «Il semblerai que ces institutions peuvent prendre la place des institutions bancaires, notamment au niveau des particuliers, mais il semblerai aussi que la Poste tunisienne détient le taux d'inclusion le plus élevé de par sa présence au niveau des régions». L'enquête a montré que le gouvernorat de Ben Arous est classé premier en matière d'inclusion financière et le gouvernorat de Kasserine occupe la dernière place, ceci s'explique par l'existence d'un tissu industriel très important (à Ben Arous) qui a attiré les banques à s'implanter dans la région avec le plus grand nombre d'agences. Cette région a attiré aussi le nombre le plus élevé de personnes qui cherchent du travail. Cette dynamique a permis d'augmenter le taux d'inclusion financière. 12 gouvernorats au-dessous de la moyenne D'un autre côté, M. Moulay, auteur de ce rapport, précise que la relation est inversement proportionnelle entre l'inclusion financière et la pauvreté. En effet, plus l'inclusion financière augmente, plus le taux de pauvreté diminue. «Ce résultat est pratiquement vérifié partout dans le monde. Nous avons démontré dans les régions de l'intérieur que si on agit sur l'inclusion financière, on pourra, entre autres, réduire la pauvreté. Mais on ne peut augmenter l'inclusion financière dans les régions que si on augmente leur attractivité». Ce rapport dresse une évaluation de l'inclusion bancaire et financière à l'échelle nationale et régionale. L'enquête a été menée auprès de 600 particuliers, 400 PME et 165 agences et/ou succursales bancaires et un indice de perception de l'inclusion financière à été calculé, couvrant trois sous-indices: la pénétration des comptes bancaires, l'usage des services de paiements, l'épargne et crédit. Etant donné que la moyenne nationale quant à l'indice de l'inclusion financière et bancaire est égale à 0,338, 12 gouvernorats se trouvent situés au-dessous de la moyenne, à savoir les gouvernorats de Zaghouan, Gabès, Kebili, Nabeul, Tataouine, Sidi Bouzid, Gafsa, le Kef, Bizerte, Jendouba, Tozeur et Kasserine. De son côté, M.Hichem Elloumi, vice-président de l'Utica, revient sur la question du financement qu'il considère l'un des points les plus importants; dans la vie de l'entreprise. Aujourd'hui, les entreprises, surtout les PME, souffrent de difficultés d'accès au financement; d'ailleurs, le rapport de l'Iace montre que 60% des entreprises ont des difficultés d'accès au financement de gestion ou d'investissement . «C'est un problème important, d'où le débat sur les possibilités offertes aux entreprises de se financer dans l'ensemble du système financier, pas uniquement le système bancaire, il y a également les fonds d'investissement, les fonds de garantie, etc. Ceci nécessite au niveau bancaire une grande écoute et un encadrement des entreprises, les aider à mieux formuler leurs besoins parce que souvent les banques refusent une demande de financement parce qu'il n'y a pas assez de garantie ou le projet n'est pas bien ficelé et c'est là où la banque joue un rôle en essayant de les conseiller, soutenir et les orienter vers d'autres mécanismes. La banque n'est pas peut-être en mesure de financer des projets, elle peut conseiller à un jeune qui lance une start-up d'aller vers des fonds spécialisés et d'autres sources de financement».