Les revendications sont nombreuses Se trouvant dans une situation précaire depuis 2011, des milliers d'ouvriers de chantier, qui exercent dans des établissements publics, n'ont toujours pas été titularisés. Plus de deux cents agents originaires de plusieurs régions du pays ont effectué jeudi un sit-in sur la Place de la Kasbah pour faire entendre leur voix et exiger la régularisation de leur situation. Hanane Manaï fait partie de ces nombreux sit-inneurs qui se sentent lésés. Venue du Kef, cette femme, qui effectue des travaux de ménage dans un établissement scolaire de la région depuis 7 ans, revendique son droit à la titularisation. Le salaire de 300 dinars qu'elle reçoit chaque mois ne lui suffit pas pour subvenir aux besoins de sa famille, nombreuse ! Cette dernière réclame aussi son droit à la couverture sociale, à l'assurance maladie, aux congés annuels... Najet Bouhani, qui travaille depuis 2011 à la municipalité de Ben Arous, opine de la tête. Il est urgent, selon elle, de régulariser le plus tôt possible la situation de 40 mille ouvriers de chantiers qui travaillent plus de dix heures par jour et qui appartiennent à une catégorie sociale très fragilisée. «Notre situation est précaire ! Nos droits ne sont pas assurés! Nous avons un carnet de soins provisoire! Il est temps aujourd'hui de régulariser notre situation! Nous voulons faire parvenir notre voix au gouvernement !». Un regard dévalorisé Originaire de Makhtar, Chaker, gardien dans un centre de formation professionnelle, critique le fait que les ouvriers reçoivent un salaire «mensuel» qui varie finalement en fonction du nombre de jours! Parce que le mois de février compte 28 jours, les ouvriers ont reçu une paie inférieure à un salaire mensuel moyen. Cela suppose qu'ils ont été rémunérés à la journée et que les jours fériés n'ont pas été comptabilisés ! Ce jeune homme, qui, d'après ses dires, a une licence appliquée en logistique, appelle en toute urgence à la régularisation des dossiers des ouvriers de chantiers, dont l'augmentation des salaires, le droit à la couverture sociale... «Ils nous payent 300 dinars par mois, une somme d'argent qui est au-dessous du seuil du Smig, estimé à 408 dinars par mois ! Cela ne nous ne suffit même pas pour payer le loyer!», s'indigne l'un des sit-inneurs. Trois jeunes femmes, qui travaillent dans un lycée situé à Borj-Cédria, soulignent que leur situation empire jour après jour. Selon l'une d'elles, elles perçoivent un salaire forfaitaire, « ce qui est inadmissible» ! «La société porte un regard dévalorisant sur les personnes qui ont un statut comme le nôtre! Non seulement nous sommes mal payés, mais nos supérieurs nous exploitent sans pour autant être reconnaissants pour les efforts que nous fournissons, d'autant plus que certains agents d'exécution doivent être disponibles 24 heures sur 24!», a affirmé un ouvrier de chantier, d'un certain âge, exerçant comme chauffeur. Le porte-parole du mouvement, qui s'est exprimé par haut-parleur, a mis l'accent , de son côté, sur le fait que les ouvriers de chantiers exercent sans contrats ni couverture sociale et qu'ils perçoivent uniquement des primes de montants divers qui ne suffisent pas à subvenir à leurs besoins, ajoutant, par ailleurs, que le gouvernement d'Union nationale est appelé à mettre fin à toutes les formes d'emploi précaire. Les sit-inneurs prévoient d'installer leurs tentes et de camper sur la Place de la Kasbah jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues.