Enraciner la culture entrepreneuriale auprès des jeunes diplômés chômeurs et des femmes qui auront «une opportunité pour concrétiser leurs idées» Un événement de taille, devenu incontournable au fil des ans concernant les perspectives d'emploi en Tunisie, a été lancé vendredi 10 mars au palais des congrès. Souk at-tanmia est un marché du développement au sein duquel de nombreux micro-entrepreneurs viennent exposer leurs produits phares, notamment après avoir été récompensés par les membres associatifs. «Souk At-tanmia représente la plus importante mobilisation d'acteurs travaillant sur la promotion de l'emploi en Tunisie à travers l'appui à l'entrepreneuriat», a souligné un jeune participant. «Miser sur un individu et une idée» D'emblée, les nombreux visiteurs sont mis dans le bain. Un petit parcours parsemé d'embûches a été ingénieusement aménagé pour les curieux avant d'accéder aux salles. On mesure l'ampleur du chemin et des défis menant vers la gloire et les succès. Des consignes imprimées sur les façades, des idées à deviner et des réflexions pour faire attention, éviter les obstacles, baisser la cadence, forcer le passage ont amusé les visiteurs qui mesureront la complexité du parcours face à la lourdeur administrative. Parlant «d'ambition incommensurable», le modérateur M. Bousnina a donné le ton de cette édition qui vise à dresser le bilan des deux précédentes éditions et donner de l'espoir et du rêve aux jeunes chômeurs et chômeuses qui ont «une énergie débordante» à travers cette troisième édition. Souk at-tanmia est une «formidable aventure humaine qui permettra pour chacun la création d'un projet mis sur orbite, assisté jusqu'à maturation», a souligné le modérateur. Le lancement de cette troisième édition atteste du succès et de l'impact grandissant de l'initiative souk at-tanmia depuis qu'elle a été lancée en 2012. La création d'emplois passe par la promotion d'un entrepreneuriat moderne et innovant privilégiant les jeunes, les femmes qui vivent notamment dans les régions enclavées. Projets de portée régionale De nombreux jeunes ont décidé de se jeter à l'eau en se lançant dans l'initiative privée. Les chiffres clés démontrent à eux seuls l'envergure des «projets édifiants» et l'impact sur la population locale. En effet, l'entrepreneuriat privé attire de plus en plus : 66% des projets qui ont été sélectionnés à l'occasion du souk etanmia concernent des jeunes de la tranche 18-35 ans et 36% de femmes. Surtout, ces projets sont implantés dans 50% des régions de développement prioritaire en Tunisie permettant la création de 1.137 emplois. Le coût de ces projets s'élève à 16,4 millions de dinars. Les entreprises ainsi créées couvrent un large éventail de secteurs : 49% dans les services, la santé, l'éducation et les TIC, 24% dans l'agriculture et l'alimentaire, 14% dans l'industrie manufacturière, 8% dans l'artisanat et 5% sont des projets verts. De nombreux représentants internationaux et partenaires financiers sont venus exprimer leur solidarité. M. Mohamed El Azizi, directeur général de la Banque Africaine de Développement pour l'Afrique du nord, parle «d'une initiative louable qui nous rassure à travers une agréable occasion de célébrer le travail accompli par les 19 partenaires du secteur public et privé qui donnent le coup d'envoi à l'appel à projets». Dressant à la fois le bilan de la 2e édition, il lance avec les honneurs cette 3e édition. M. Azizi préconise «d'apporter une réponse concrète au problème du chômage en Tunisie», vu le taux de chômage de 31,3% parmi les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur en Tunisie en 2016. «Il y a une autre option qu'un poste dans la fonction publique, une barque vers l'Europe ou un groupe de terroristes». Soyez innovants et créatifs. Des résultats encourageants Mettre les jeunes au diapason pour lancer des projets, innovants, ouverts et créatifs a été le leitmotiv du salon. M. Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, a ajouté une pierre à l'édifice, affirmant que «durant cette période transitoire, le taux de chômage a globalement stagné à 15% de la population active, dépassant, cependant, les 30% parmi les diplômés de l'université surtout des régions intérieures. Le secteur informel compte beaucoup de chômeurs ou d'emplois précaires. La mise en place des programmes forsati et emploi-dignité et l'évaluation des anciens programmes se poursuit. Nous mettons à la disposition des jeunes ces programmes pour une durabilité des projets. Innajim a pour objectif de soutenir les personnes à besoins spécifiques. Le diagnostic et l'évaluation des programmes précédents ont été élaborés. Souk at-tanmia est un programme valeureux et permet de soutenir les efforts de l'Etat dans la lutte contre le chômage. Le gouvernement se tient à ,la disposition de tous ceux qui veulent concrétiser leurs projets». Par ailleurs, une enveloppe budgétaire de 250 millions de dinars sera allouée par le gouvernement à l'initiative privée et à la création des projets. Selon le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, «l'innovation et la création sont les seuls moyens de retrouver la place de choix qu'occupait la Tunisie sur le podium africain, arabe et international, et ce, en comptant sur ses compétences et sur son capital humain». Les allocutions des représentants diplomatiques des Etats-Unis, du Royaume-Uni ou du Danemark ont reflété leur satisfaction quant à la créativité et la persévérance des entrepreneurs tunisiens dans une société marquée par les profondes mutations sociale et économique au cours des six dernières années. M. Rufus Drabble, chargé d'affaires britannique, a rappelé l'intérêt grandissant du Royaume-Uni pour le financement des projets en Tunisie depuis 2011 et qui s'élève à 311 millions de dinars. Mme Anna Rasmussen du Danemark, partenaire financier de poids, a poursuivi sur la même lancée. «Nous accordons une attention particulière pour la transition démocratique en Tunisie. Le véritable défi que vous devez relever est la lutte contre le chômage. La mise en œuvre de projets pertinents permet d'ancrer une culture entrepreneuriale faite de courage et de créativité». Economiste expert en chef au sein de la BAD et coordinatrice du programme souk-at-tanmia, Mme Thouraya Trikia, de son côté, présenté «les modalités d'intervention et d'exécution pour soutenir l'entrepreneur actif dans la levée des fonds grâce à la synergie de tous les partenaires». Un processus sélectif, transparent et compétitif a été adopté pour déterminer les bénéficiaires de projets. Sur les 5.600 candidatures déposées, les meilleurs projets ont été identifiés et les lauréats ont été récompensés. Ils bénéficieront d'un soutien financier et d'un accompagnement pour garantir la pérennité de leur projet. Les porteurs d'idées désireux de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale ont jusqu'au 31 mars prochain pour déposer leur candidature. Les modalités et critères d'éligibilité sont précisés sur le site de souk-at-tanmia : www.soukattanmia.org