«Il y a un écart entre la perception de la question migratoire en Tunisie et la situation des ressortissants tunisiens en France. Aujourd'hui, cette situation est favorable», a indiqué le directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration à Tunis, Stéphane Darmas A l'occasion du démarrage, jeudi prochain, du « Forum mobilités et diasporas » qui se déroulera sur trois jours (du 30 mars au 1er avril à l'Institut français de Tunis), mais également dans un contexte particulier où le débat de la présidentielle française se crispe sur les questions migratoires, l'ambassade de France à Tunis a organisé hier une conférence de presse autour du thème de la mobilité franco-tunisienne. En présence de l'ambassadeur Olivier Poivre d'Arvor, du directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration à Tunis (Ofii), Stéphane Darmas, et du représentant de la direction de la coopération internationale au ministère français de l'Intérieur, des chiffres de la mobilité ont été présentés et les responsables français en ont profité pour mettre à plat certaines idées reçues sur l'immigration. «Les chiffres présentés montrent bien que l'approche n'est pas policière mais elle obéit bien à un rapport gagnant-gagnant», a déclaré l'ambassadeur. En 2016, 15.931 Tunisiens sont partis en France, soit 7,3% du total des flux vers la France. La Tunisie occupe ainsi la 3e place et dépasse même la Chine à titre de comparaison. Selon les chiffres présentés, 126.771 visas ont été délivrés en 2016 sur 150.000 demandes formulées et 4.000 contrats de travail ont été délivrés. La majorité de ces contrats concernent des ingénieurs et plus précisément des ingénieurs informatiques. «La Tunisie occupe la 2e place mondiale en matière de flux professionnel, mais assez loin derrière le Maroc», a expliqué Stéphane Darmas. Ce qui a également retenu l'attention des journalistes, c'est qu'un tiers des étudiants acceptés dans des universités françaises proviennent des régions intérieures de la Tunisie. «Notre volonté est de nous intéresser dans les prochaines années aux régions intérieures», a assuré l'ambassadeur français. L'étau se resserre autour des migrants en situation irrégulière Quant aux étudiants qui ont été admis pour effectuer leurs études en France, leur nombre a considérablement augmenté. Après une baisse de 5,2% observée en 2012, des hausses ont été enregistrées en 2015 (+8,2%) et en 2016 (+17%). D'un autre côté, les chiffres présentés font apparaître une diminution ostensible du nombre de Tunisiens en situation illégale, arrêtés ou rapatriés. Il semble toutefois que l'étau se resserre de plus en plus en France autour des migrants en situation irrégulière, comme l'affirme le représentant du ministère de l'Intérieur, présent lors de la conférence de presse. «Il y a un écart entre la perception de la question migratoire en Tunisie et la situation qui est celle des ressortissants tunisiens en France. Aujourd'hui, cette situation est favorable», a indiqué Stéphane Darmas. En France, la question migratoire agite le débat de la présidentielle. Marine Le Pen, l'une des favorites du scrutin, a dénoncé ce qu'elle appelle «l'immigration massive». Interrogé par La Presse, le directeur de l'Ofii a expliqué que l'organisme qu'il dirige est un opérateur technique du ministère de l'Intérieur français. Selon lui, ses politiques évoluent avec à la fois l'évolution de la nature de l'immigration, mais aussi en fonction «des instructions qui lui sont données et qui sont la conséquence des choix des pouvoirs politiques en place».