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Lire sans se ruiner, c'est possible !
Reportage : 33e Foire du livre de Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 03 - 2017

Le livre pour enfants est en première ligne des ventes, suivi du roman et en troisième position on retrouve le livre scientifique. La Foire internationale du livre de Tunis se tient durant dix jours. Une grande librairie où les visiteurs peuvent faire leurs emplettes pour une année avec des remises allant jusqu'à 50% et assister aux diverses activités culturelles proposées.
Dehors, une longue file devant le guichet. Il faut savoir patienter, mais lorsqu'on a des enfants, ce n'est pas commode. A l'entrée, une voix féminine annonce que les parents ayant égaré leur enfant peuvent venir le récupérer au hall principal. Il s'agit d'un guichet d'information qui diffuse à longueur de journées le programme de la foire: rencontres, dédicace de livres, colloques, etc. et, par la même occasion, fait des annonces de perte d'objets ou d'enfants. C'est chaque année le même train-train.
Non loin, la Radio Culturelle a installé un studio extérieur. Des émissions d'information et de débats sont réalisées quotidiennement par une équipe motivée. Cette dernière couvre toutes les activités de la foire et permet aux écrivains de faire connaître leurs œuvres.
Le Liban, un arbre et des livres
Dans le hall principal, Hall 1, un grand arbre trône au milieu de l'espace. Est-ce un cèdre? En tout cas, il représente le Liban, célèbre par cet arbre. Le Liban est, cette année, invité d'honneur de cette 33e édition. Fort d'une longue et riche tradition littéraire et éditoriale, le Liban est une plaque tournante de l'édition dans le monde arabe. Sous l'arbre, des chaises et des tables sont disposées, permettant aux enfants de réaliser des dessins et surtout de les inciter à la lecture.
«La constitution de la personnalité libanaise dans la littérature», une conférence donnée par le Dr Amine Farchoukh, conseiller auprès du ministre de la Culture et chercheur académicien en littérature et patrimoine. Le reste de la programmation du pays hôte est constitué d'une conférence du Pr Ghassan Diri sur "Le roman arabe et son évolution", qui vise à illustrer la littérature libanaise telle qu'elle se dessine aujourd'hui. Des lectures poétiques du poète Naïm Tahouk, avec des intervalles musicaux d'Ahmed Gaabour, et une rencontre avec l'artiste Ahmed Gaabour sur le thème de "la chanson patriotique".
Le cinéma libanais est présent avec la projection de trois films: "Mon lendemain" de Georges Khabbez, "Al-Bosta" de Philippe Araktanji et "Un homme d'honneur" du réalisateur Jean-Claude Kodsi, en présence du héros du film, Majed Machmoum. Enfin, à travers la littérature et le cinéma, un panorama assez complet de la vie culturelle est donné, dont le ressort pourrait être résumé par les mots du dramaturge Elie Karam : «Nous sommes condamnés à vivre très fort», déballe le responsable du pavillon, heureux de cette présence en Tunisie.
Columbia, une présence inédite
Encore un invité d'honneur, la maison d'édition américaine Columbia University Press dont c'est la première participation à la Foire internationale du livre de Tunis. Cette première du genre est bien accueillie par les visiteurs. Contre toute attente, l'affluence des visiteurs à ce nouveau stand est importante. Elle a chassé les idées reçues, à savoir que les Tunisiens ne lisent pas en anglais. Bien au contraire, les lecteurs tunisiens sont bien curieux de découvrir la littérature américaine dans sa langue d'origine, mais aussi d'autres publications scientifiques et littéraires.
Le stand de la maison d'édition Colombia University Press est bien situé au centre de la foire à proximité de celui de l'Institut français de Tunis. Les rayons sont achalandés d'ouvrages de qualité au niveau de la forme ainsi que du fond. Selon l'une des hôtesses mises à la disposition du public, la maison d'édition Columbia Univerity Press publie des ouvrages écrits par ses enseignants et d'autres écrivains qui ne sont pas nécessairement issus de l'Université Columbia.
Les ouvrages exposés en langue anglaise sont de diverses disciplines. «Au départ, le but n'était pas de vendre les ouvrages, mais juste de les exposer. Face à l'engouement du public pour ce genre de lecture, qui a agréablement surpris les responsables américains de cette maison d'édition, décision a été prise de mettre en vente les livres à des prix réduits», explique une jeune hôtesse.
A proximité, l'Institut français de Tunisie, comme à son habitude, propose dans son espace ouvert des rencontres avec des écrivains, notamment tunisiens. Ce jour-là, deux jeunes écrivains tunisiens, Mohamed Harmel, architecte de formation et master en philosophie, et Ayman Daboussi, psychologue, ont évoqué leur manière d'écrire autrement la littérature par rapport à un consensus littéraire avéré. Selon une visiteuse, «ce genre de rencontre est fructueux car il permet de mieux connaître l'auteur et son œuvre et de discuter directement avec lui».
Deux jeunes auteurs en vogue
Mohamed Harmel, auteur d'un roman intitulé «Les rêves perdus de Leïla», emprunte une voie du fantastique. «Je pars de mon expérience vécue dans mon parcours en architecture. Tout jeune, j'ai porté la passion de l'écriture, puis en découvrant "Ainsi parlait Zaratoustra" de Nietzsche, j'ai remis en question beaucoup de choses», dit-il en l'occurrence. Son approche s'inscrit dans une volonté de ce qui est imposé par le système. «Ecrire autrement, c'est ne pas forcément correspondre à ce qu'on attend de nous. "Les rêves perdus de Leila" est l'histoire d'une machine qui fagocite les rêves du personnage. Il s'agit d'une recherche d'émancipation qui n'est pas assumée par la société. Je résiste à une certaine image de l'écriture qu'on se fait en associant l'écriture à quelque chose de délicieux. C'est quelque chose qui se situe, comme le dit Derrida, entre le "remède et le poison"».
Parlant de son livre qui est un recueil de nouvelles en langue arabe paru sous le titre «Chroniques de Razi», Aymen Daboussi a osé, dit-il, «le geste pornographique transgressif dans une langue arabe, mi-classique mi-moderne en s'exprimant sur le terrain de l'interdit». Le style est libre, chevauchant entre la nouvelle avec sa chute imprévisible et des aphorismes à la Cioran.
«Je fais de la psychologie par désir de littérature en cherchant toujours à explorer cette part d'inachevé dans la littérature car je pense qu'il y a toujours des territoires inexplorés. Ecrire c'est se faire étranger à sa langue», indique-t-il. «La littérature, c'est l'écriture de soi dans le sens que chaque expérience intérieure est atypique. La pornographie c'est comment inventer une nouvelle manière de sentir et aussi une nouvelle manière de réfléchir. J'ai essayé d'aborder le corps autrement dans la langue arabe. J'ai inventé un nouveau lyrisme du corps qui est l'action».
Notre déambulation nous mène vers le stand des Editions universitaires de La Manouba qui réunit cinq institutions dont la faculté des Lettres et des Sciences humaines de La Manouba, Institut Supérieur de l'Histoire de la Tunisie Contemporaine, Institut de Presse et des Sciences de l'Information. Ils se donnent pour objectif de développer les échanges entre chercheurs, enseignants, décideurs ou profanes et simples curieux qui, par leurs actions et leurs réflexions, dessinent les contours de la Tunisie des lettres et des sciences humaines d'aujourd'hui et de demain.
Leur mission principale est donc de diffuser et de faire connaître les travaux des chercheurs universitaires, et de contribuer ainsi à leur valorisation et à leur vulgarisation. Toutes les spécialités éditées par ces instituts sont présentes. A titre d'exemple, l'Institut de l'Histoire de la Tunisie Contemporaine dispose de 57 titres avec des remises allant jusqu'à 50%.
«L'affluence est moyenne, compte tenu de l'emplacement du stand un peu en retrait», explique le responsable. «Il aurait fallu mettre ensemble dans un seul espace tout ce qui concerne les publications universitaires. Ainsi dispersés, les visiteurs se perdent et retrouvent difficilement les stands», ajoute-t-il. Il reproche aussi le manque de publicité et l'absence du guide de la foire qui facilite aux visiteurs l'accès aux différents stands.
Des ouvrages à petits prix
En face, Tahar Remadi, fondateur de Manuskri.tn, est un jeune promoteur qui a lancé il y a 2 ans cette librairie en ligne dont c'est la première participation à la Foire du livre de Tunis. Avec ce nouveau concept, le lecteur peut commander un livre en ligne qui lui parvient jusqu'à chez lui en 24h avec paiement à la livraison et sur tout le territoire tunisien. «L'objectif est de rendre accessible le livre dans toute la Tunisie, sans que les personnes ne se déplacent même dans le cas où il n'y a pas de librairie proche. Avec le téléphone, on peut commander le livre», déclare le jeune promoteur.
«J'ai lancé ce projet parce que j'ai constaté qu'il manque de librairies en Tunisie à part le Grand-Tunis, Sousse et Sfax. L'idée est de fournir aux Tunisiens où qu'ils se trouvent le livre», ajoute-t-il. Selon lui, contrairement à une idée reçue le Tunisien est un bon lecteur à partir du moment qu'il a la possibilité d'avoir des livres, notamment la nouvelle génération: adolescents et post-adolescents. Manuskri.tn couvre les 24 gouvernorats et a vendu plus de 3.000 livres. La première année, elle a vendu 500 livres et la 2e année 2.500. Elle a une clientèle fidèle de 1.000 clients sur toute la Tunisie. Il s'agit là d'une autre manière d'écouler le livre.
Après avoir parcouru les stands en long et en large, une halte s'impose à la buvette de la foire. Là, une rencontre fortuite avec Ines Zinguir, 25 ans, general manager d'une entreprise de publicité, Screen Pub dont elle est aussi fondatrice. Elle est la plus jeune entrepreneure femme en Tunisie et consacrée success-story au cours d'un événement organisé par l'Utica.
Cette jeune surdouée est passionnée de livres et de lecture. «La Foire du livre de Tunis est un événement très attendu par les lecteurs. Je suis heureuse de voir de nombreux jeunes s'intéresser au livre et à la lecture. C'est très positif. Il y a une bonne ambiance, les réductions sont importantes et motivantes pour les petits budgets. Par exemple "Kalila wa Dimna" ou encore "Les Mille et une Nuits", des ouvrages de référence sont à 15 dinars», témoigne Ines.
«Les stands sont vraiment très alléchants. J'ai beaucoup apprécié la mise en place des livres par les maisons d'édition. J'y ai découvert de très nombreux titres, que j'ai pris soin de noter afin de ne pas me ruiner. Le personnel était très calme et agréable. Assez impressionnant quand on constate le nombre de visiteurs à gérer», souligne-t-elle.
«J'ai acheté un stock de livres pour l'année que je dois renouveler dans six mois, parce que je suis dévoreuse de livres», confie-t-elle. Elle a acquis essentiellement des romans : «Feltaghari» de Athir Abdallah, écrivaine saoudienne, et son autre livre «Thata Faqat», «An Tabqa» de la jeune Tunisienne Khaoula Hamdi, «Baganda» de Chokri Mabkhout, dont elle a beaucoup aimé «Talieni», «Machina Bona Hora» de Kamel Zaghbani, prix de la Foire du livre et «La porteuse de maux», ce dernier livre en français est pour ma nièce. Le tout à environ 62 dinars. Si Ines semble contente de ses acquis, d'autres visiteurs se plaignent des prix exorbitants de certains livres, particulièrement ceux étrangers. Il n'empêche que le livre tunisien est à la portée des petites bourses et on peut «lire sans se ruiner», comme le dit Ines. Enfin, le fin mot est ce slogan lancé pour cette édition «Lire, c'est vivre deux fois» et jusqu'au 2 avril. Allez-y.


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