La probabilité qu'un accord de paix dure 15 ans augmente de 35%, lorsque des femmes sont engagées dans les processus de négociation en tant que «témoins, médiatrices, signataires ou négociatrices» (ONU-Femmes) Le Conseil de sécurité des Nations unies a fait voter, en l'an 2000, la résolution 1325. Une résolution tant attendue par la société civile féminine, qui avait été la première à soutenir huit autres résolutions votées ces 16 dernières années sur le thème «Femmes, paix et sécurité». Elle appelle en fait tous les Etats membres à inclure les femmes dans les efforts de «prévention des conflits, la consolidation et le maintien de la paix». En d'autres termes, faire en sorte que les femmes soient associées dans les négociations lors des conflits ou pour éviter d'en arriver aux conflits. «Il n'y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement», disait l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. A l'occasion de la tenue jeudi dernier de «l'atelier initial de travail sur la résolution 1325», Hela Skhiri, chargée du programme national ONU-Femmes, a expliqué que quand les femmes sont impliquées, les accords de paix sont en général plus durables. Une raison somme toute suffisante pour renforcer le rôle de la femme dans les négociations de paix. Dans un programme qui s'étale sur trois ans, la Finlande, la Jordanie, l'Irak et la Tunisie travailleront sur la mise sur pied d'un plan d'action qui sera proposé aux gouvernements, afin d'appliquer cette résolution 1325. Selon une étude globale d'ONU-Femmes (entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes), la probabilité qu'un accord de paix dure 15 ans augmente de 35% lorsque des femmes sont engagées dans les processus de négociation en tant que «témoins, médiatrices, signataires ou négociatrices». Mais malgré ces chiffres édifiants, la réalité c'est qu'entre 1992 et 2011, seuls 9% des négociateurs étaient des femmes, seulement 3% des personnels militaires dans les opérations de l'ONU sont des femmes et sur les 1.168 accords de paix signés entre 1990 et 2013, 13% uniquement font référence aux femmes. «En Tunisie, le résultat que nous souhaitons, c'est qu'à la fin de 2018, un plan d'action cohérent soit élaboré», a déclaré Hela Skhiri. Invitée à prendre la parole, la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, Naziha Laâbidi, a indiqué que le plan permettra à la Tunisie et à d'autres pays de protéger et de promouvoir les droits des femmes en temps de guerre comme en temps de paix. «Il est inacceptable, aujourd'hui, dans ce siècle qu'on appelle siècle de l'humanité, qu'il existe toutes ces guerres atroces, dit-elle, mais je reste optimiste, car il y a toujours du soleil au-dessus des nuages». La ministre a également exprimé son regret de voir que les «producteurs et marchands d'armes» ne se sont pas impliqués dans cette résolution «pour qu'ils voient de leurs propres yeux les atrocités et qu'ils réfléchissent avant de fabriquer des armes aussi destructrices». Le comité de pilotage conduit par le ministère de la Femme et de l'Enfance regroupera des représentants de 9 ministères.