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Aller contre la volonté palestinienne équivaut à une caution des agressions israéliennes
Entretien avec : : Son Excellence Salman El Herfi, ambassadeur de l'Etat de Palestine à Tunis, à La Presse :
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 09 - 2011

La Presse — Le monde s'apprête à vivre un moment solennel de son histoire. Le 23 du mois, le peuple palestinien, par le biais de ses représentants légitimes, saisira en effet les Nations unies afin de jouir de son droit de faire partie de cette organisation en tant que 194e Etat-membre. Institution qui a déjà dès 1947 décrété l'existence de cet Etat.
Afin de mieux saisir la portée de cette initiative, nous avons rencontré Son Excellence Salman El Herfi, ambassadeur de l'Etat de Palestine en Tunisie, qui a bien voulu répondre à nos questions.
Fin diplomate mais militant aguerri, M. El Herfi connaît bien les arcanes des Nations unies puisqu'il a eu l'occasion, au cours de sa carrière, d'y représenter son pays. M. El Herfi a été par ailleurs ambassadeur de l'Etat de Palestine à Pretoria, en Afrique du Sud. Ecoutons-le !
Pourquoi la Palestine se prépare-t-elle à demander son adhésion à l'ONU et pourquoi maintenant, alors que les représentants du peuple palestinien ont proclamé l'Etat indépendant de la Palestine depuis 1988 à Alger et que la résolution 181 de l'ONU datant du 29 novembre 1947 prévoit un Etat palestinien ?
Il faudrait rappeler avant tout que nous ne demandons pas la reconnaissance d'un Etat. Notre requête consiste en notre droit à rejoindre l'ONU. Plus de 126 Etats reconnaissent actuellement l'Etat de Palestine et acceptent qu'il devienne le 194e membre de l'ONU.
En tant que mouvement de libération nationale, nous jouissons d'un statut d'observateur. Il nous suffit donc l'approbation des deux tiers des membres des Nations unies pour accéder au statut d'Etat-membre à part entière.
Adhérer à l'ONU pour en faire partie comme Etat-membre est avant tout un droit du peuple palestinien comme il est le droit de tous les peuples.
Pourquoi maintenant ? Eh bien parce que dans le passé nous avons donné leur chance, conseillés en cela par les pays frères et amis, aux négociations. Nous avons mené des négociations sérieuses qui ont débouché sur les accords d'Oslo en 1993. Ceux-ci prévoyaient entre autres la création d'un Etat palestinien dans les cinq ans faisant suite à la conclusion des accords et que cet Etat soit membre à part entière de l'ONU. Israël en a voulu autrement. A cause de ses atermoiements et son refus d'appliquer les termes des accords, l'adhésion de la Palestine à l'ONU a été reportée à plusieurs reprises. Ce qui constitue un danger pour le peuple palestinien et pour sa cause.
En décidant de s'adresser maintenant à l'ONU pour en devenir membre à part entière, la Palestine le fait en connaissance de cause. C'est que l'ONU est la référence de base de la paix et de la sécurité internationales et que toutes les négociations précédentes s'adossaient aux résolutions de l'ONU.
Et si Israël doit sa naissance à l'ONU, il devient logique que la Palestine s'adresse à son tour à cette organisation pour établir elle aussi son acte de naissance, surtout que toutes les institutions internationales, y compris l'ONU elle-même, attestent que la Palestine est habilitée à devenir un membre actif dans la société internationale, engagé pour la paix et œuvrant pour sa concrétisation et sa pérennité.
L'adhésion de la Palestine à l'ONU en tant qu'Etat ne veut pas dire cependant que celui-ci va abandonner les négociations. Cela ne veut pas dire aussi qu'il va délégitimer qui que ce soit. C'est plutôt le contraire.
L'acte renoue avec la légitimité. Celle de la Palestine et celle de l'ONU aussi en ce sens que la cause palestinienne est une cause juste et que l'ONU est pleinement concernée par la nécessité de mettre fin au conflit palestino-israélien et arabo-israélien.
Pourquoi maintenant. Eh bien parce qu'Israël constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales et qu'il se comporte comme un Etat au-dessus des lois. Un Etat qui commet des crimes contre le peuple palestinien sans être inquiété.
Recourir aux Nations unies devient donc un impératif pour le peuple palestinien qui cherche à se protéger.
Quelles sont les chances de la Palestine pour devenir membre de l'ONU ?
Nous n'avons aucun doute sur l'aboutissement positif de notre demande, et ce, en raison du soutien dont nous bénéficions de la part de la majorité des autres Etats-membres.
Malgré la possibilité d'un véto américain comme le fait miroiter Washington ?
Notre souhait est que les Etats-Unis changent d'avis et qu'ils abandonnent leur politique des deux poids deux mesures. Espérons que Washington ne prendra pas cette décision d'apposer son véto qui va en fait contre ses intérêts et qui, du coup, constitue une provocation pour le reste du monde d'autant que plus des deux tiers soutiennent notre initiative.
Tout acte allant contre la volonté du peuple palestinien de jouir de son droit de voir son Etat faire partie de l'ONU est considéré comme un cautionnement de l'agression et de l'injustice israéliennes. Nous ne pensons pas que les peuples arabes accepteront cette position de l'administration américaine. A moins que celle-ci ne va plus respecter l'opinion publique arabe comme elle a promis de le faire depuis le printemps des peuples arabes.
Je répète que nous ne sommes pas contre les négociations et que nous sommes ouverts à toutes les propositions qui respectent le droit international et le droit international humanitaire.
Si certains veulent monnayer leur réélection avec le sang des peuples alors ils n'ont plus droit de prétendre soutenir la liberté et la démocratie pour les peuples arabes et du Moyen-Orient et d'y venir chercher la sympathie auprès d'eux.
Mais quelles sont les démarches entreprises par les autorités palestiniennes auprès de Washington pour le convaincre de ne pas user du droit de véto ?
Nous n'avons pas mis fin au dialogue avec Washington. Nous sommes toujours ouverts à toute proposition réaliste qui préserve les droits du peuple palestinien. Celui qui a claqué la porte et mis fin au dialogue c'est Israël. Celui qui a échoué dans son rôle de médiateur ce sont les Etats-Unis et le Quartette. Le recours à l'ONU n'est en fin de compte pas une revendication palestinienne seulement. Il est une revendication arabe, islamique, non-alignée… Ce qui constitue déjà une majorité.
Nous n'avons rien inventé, il s'agit d'un droit naturel du peuple palestinien sans plus ni moins.
Pourquoi, selon vous, Washington menace-t-il d'avoir recours à son droite de véto ?
Sans doute parce que devenir membre à part entière permettra à la Palestine de devenir membre de toutes les institutions et agences de l'ONU, y compris de la Cour pénale internationale (CPI). Washington veut sans doute protéger les généraux israéliens et éviter qu'ils ne soient déférés devant cette juridiction en tant que criminels de guerre.
Washington veut aussi empêcher la Palestine de jouir de son droit d'arrêter la judaïsation d'Al Qods, d'arrêter la colonisation de se faire soutenir par les autres membres de la société internationale afin de mettre fin à l'occupation israélienne.
User de son véto ne fera qu'isoler les Etats-Unis et les taxer d'injustice.
Devenue Etat membre de l'ONU, quels seront les fondements de la politique étrangère de la Palestine ?
Un Etat pacifiste qui aime la paix et la justice et qui aime vivre en paix avec son voisin Israël dans le cadre des frontières du 4 juin 1967, y compris Al Qods. Un Etat qui continuera à réclamer les droits inaliénables des réfugiés palestiniens en référence aux résolutions internationales.
Comment procédera la Palestine au cas où les Etats-Unis useront de leur droit de véto ? Y a-t-il un plan «B» ?
D'abord nous n'épargnerons aucun effort et jusqu'au dernier moment afin de continuer à négocier avec les Etats-Unis. Notre souhait est que Washington décide enfin de changer de position. Nous n'avons aucune intention d'entrer en conflit avec l'administration américaine.
Ce que nous voulons est simple, que Washington s'aligne sur la position du monde entier et non sur celle d'Israël. Personne ne peut croire que tout le monde est fautif et que ce sont les Etats-Unis et Israël qui sont, eux, les seuls à être dans le droit chemin.
Partout dans le monde, les sondages aidant, les voix s'élèvent pour dire à Israël : «Assez !». Assez de ce comportement d'enfant gâté, assez de terrorisme d'Etat. Les gouvernants israéliens sont en fait devenus les ennemis de leur peuple. Il y a près de 700 parmi les écrivains, intellectuels et hommes de culture israéliens qui ont exprimé leur soutien à l'initiative palestinienne.
N'oublions pas qu'Israël a gagné énormément en termes de reconnaissance internationale suite aux accords d'Oslo. Il y a eu après l'initiative arabe qui prône la paix, puis celle de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) qui reconnaissent toutes le droit d'Israël à vivre en paix à condition qu'il restitue les territoires arabes occupés.
Nous saisirons donc le Conseil de sécurité de l'ONU fort de tous ces arguments. Si Washington oppose son véto, nous saisirons l'Assemblée générale. Nous avons assez de voix pour réussir. Ainsi l'Assemblée générale sera habilitée cette fois-ci à saisir le Conseil de sécurité. Nous renouvellerons notre recours autant de fois que cela est nécessaire. Notre peuple attend depuis un siècle de fonder son Etat indépendant. Nous avons assez de patience, de persévérance et de pugnacité pour obtenir gain de cause.
Cela fait près de 22 ans que nous participons à des négociations alors que toutes les résolutions, toutes les recommandations de l'ONU, des accords d'Oslo, de la feuille de route, du Quartette, et que sais-je encore, sont de notre côté.
(Avec un brin d'humour). Si tout cela n'aboutit pas, nous dirons alors à toutes les négociations… «dégage !».
Qu'attendez-vous des pays qui voteront pour le futur Etat palestinien membre de l'ONU après l'accession à ce statut ?
L'adhésion à l'ONU est un début et non une fin. Ce que nous attendons des pays qui aiment la paix, c'est un soutien continu pour concrétiser la paix au quotidien pour la décolonisation en référence aux frontières du 4 juin 1967, y compris Al Qods. Un soutien pour réaliser le développement économique et social au profit de notre peuple afin qu'il puisse jouir, à l'instar des autres peuples, de la paix et de la sécurité.


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