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Vieillir en toute dignité
Association de protection des personnes âgées de La Manouba
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 09 - 2010

La vie ne leur était pas toujours facile. Elle a même pris une tournure plus amère au fil des ans. Les personnes âgées démunies et sans soutien familial et financier voient leurs jours virer au gris au rythme croissant de la dépendance. Gagnées par l'âge ingrat, leur capacité physique et intellectuelle s'étiole graduellement, leur moral lâche prise, cédant ainsi la place à une dépression non déclarée. Réussissent-elles par elles-mêmes à surmonter cette phase délicate? Sont-elles aptes à voir la vie sous un angle positif en étant en proie à la solitude et au désespoir?
Evidemment pas. L'Association de protection des personnes âgées de La Manouba prend à cœur la prise en charge de bon nombre de nos pères et mères qui sont dépourvus de soutien affectif et financier. Dans la maison de retraite de La Manouba, 120 personnes âgées ont trouvé ce qu'elles avaient du mal à trouver dans leurs entourages respectifs, à savoir la prise en charge intégrale, un toit sûr et de l'affection, traduite par une assistance sans faille. Reportage.
Il est 10h30 en ce mercredi 22 septembre. Trois jours seulement nous séparent de la première Journée arabe des personnes âgées, laquelle a été adoptée dans la région sur recommandation de Madame Leïla Ben Ali, présidente de l'OFA. Des airs de chansons orientales résonnent dans l'espace de plein air de cette vaste demeure. Sadok A., 67ans, a pris siège tout près de la porte d'entrée. Cela fait 18 ans qu'il réside dans la maison de retraite. Jeune, cet homme a travaillé dans maints domaines et dans divers pays européens. En pleine santé, il était partant pour le labeur. Mais sa vie a vite fait de basculer. Divorcé, amputé d'une jambe et portant une prothèse, il avait du mal à mener normalement sa vie. Il a été admis à la maison de retraite alors qu'il n'avait que 48 ans. «Je ne pouvais plus travailler ni m'adonner à un effort physique.
Même la marche m'est devenue pénible. Certes, j'ai des enfants qui me rendent visite souvent et qui m'appellent tous les jours. Mais cela n'empêche que je devais être assisté tant sur le plan physique que financier, chose dont je bénéficie dans le cadre de la maison de retraite», indique-t-il.
Tout comme Sadok, Hédi K. a été victime d'un handicap qui — ajouté à la vieillesse — a enfoncé le clou de la dépendance et de la solitude. Né en 1945, il gagnait son pain grâce à de petits métiers. Puis, son état de santé s'est dégradé: un handicap ophtalmique et une paralysie de deux membres, son bras et sa jambe, ont compliqué sa vie. Après avoir passé deux ans à se débrouiller tant bien que mal — mais mal surtout — il a été conduit à la maison de retraite de La Manouba. Aujourd'hui, cela fait six ans qu'il y est. «Je me souviens du premier jour ici. J'étais dépaysé car je ne connaissais personne. Puis, au fil du temps, j'ai noué des amitiés tant à l'intérieur de la maison qu'ailleurs. Je m'y plais d'autant plus que je dispose de tout ce dont j'ai besoin: nourriture, hébergement, soins mais aussi des moyens de divertissement tels que les excursions dans les différentes régions, les sorties, etc. Autres avantages que je trouve fondamentaux: le respect mutuel entre les résidents et le cadre spécialisé et la liberté de sortir seul et de mener sa vie normalement», nous confie-t-il.
La dégradation de l'état de santé et l'absence d'un soutien familial et affectif constituent, également, les causes directes qui ont poussé Slimen M. a recourir à la maison de retraite. «Cela fait 20 ans que je réside ici. J'avais eu des problèmes de santé suite auxquels ma famille a démissionné de sa responsabilité. J'ai donc été orienté vers cette association qui m'a accueilli et m'a aidé à cultiver ma passion pour le jardinage. Bien entouré, encouragé par le cadre administratif et médical, je me sens dans mon élément», indique-t-il.
Le sérieux problème respiratoire de Faouzia B. a négativement chamboulé sa vie. Cette femme âgée de 62 ans était couturière jusqu'au jour où, en proie à un déficit respiratoire chronique, elle s'est trouvée expulsée de sa boutique-logis. «Incapable de travailler désormais et nécessitant des soins coûteux et un appareillage spécifique pour oxygène, j'ai été conduite ici à l'âge de 60 ans», explique-t-elle.
Personnes âgées : prises en charge même à domicile
L'aspect sanitaire des personnes âgées constitue un problème pris au sérieux. C'est pourquoi, l'équipe médicale active dans l'association propose des prestations médicales et aux résidents et aux personnes âgées démunies vivant dans leur environnement familial. «Nous comptons 120 résidents qui bénéficient d'une assistance médicale ininterrompue. Depuis 2003, nous avons introduit une autre prestation: l'assistance médicale à domicile au profit de 140 personnes âgées démunies», indique M. Hatem Ben Znayguia, directeur de la maison de retraite de La Manouba.
Les prestations médicales démarrent avec un bilan complet, permettant de cerner les divers problèmes de santé dont souffre la personne en question.
«Il est suivi par des consultations organisées et bénéficie des traitements appropriés. Il y a lieu de noter, par ailleurs, que la prise en charge de la personne âgée implique également un suivi régulier, à raison d'au moins une consultation par mois. Pour les personnes à domicile, il existe un numéro vert en cas de besoin. La prise en charge médicale intégrale est gratuite», explique le Dr Sghaïer Mezri, chef de service de l'équipe médicale permanente et de l'équipe mobile. Et d'ajouter que les principales pathologies dont souffrent les personnes âgées sont les problèmes cardiaques, le rhumatisme, la cataracte, les problèmes dentaires, l'hypertension, la fracture du col du fémur et l'hypthirroïde chez les femmes. «Les problèmes psychiques, notamment les troubles de la mémoire, l'Alzheïmer et la démence sont fréquents et très difficiles à gérer. La dépendance de la personne âgée varie d'un cas à un autre. Le côté social et affectif y est déterminant», renchérit le docteur.
Seuls au monde
Outre la dégradation de l'état de santé, certaines personnes âgées souffrent également de la solitude. Selon Mme Karima Lakhdhar, assistante sociale, la plupart des résidents et résidentes sont des personnes célibataires, divorcées ou veuves. Ce profil est plus important chez les hommes. «La prise en charge des hommes dans la famille élargie n'est pas toujours évidente. La plupart d'entre elles sont septuagénaires. C'est à cet âge que l'autonomie lâche prise et que la personne âgée éprouve le besoin d'être assistée», explique Mme Lakhdhar. C'est le cas de Monjia Z., 87 ans, qui, après le décès de son mari, ne pouvait rester seule et subvenir par elle-même à ses besoins. «Je suis restée quatre ans chez mon neveu. Mais en fin de compte, je me suis sentie de trop et j'ai préféré passer le restant de ma vie dans un lieu où je me sentirai bien sans gêner qui que ce soit. Les jeunes familles ont le droit de mener leurs vies normalement et de ne pas être neutralisées dans leurs démarches», souligne-t-elle aimablement. Habiba M. frôle les 90 ans. Assise sur une chaise roulante, elle prie à l'aide de la sebha. Son mari et ses enfants étant décédés, elle a été conduite à la maison de retraite il y a 23 ans déjà. Avant, elle avait l'habitude de faire comme chez elle et de participer aux activités en toute spontanéité, comme c'est le cas, aujourd'hui, pour bon nombre de résidentes. «Les femmes résidentes disposent de certaines activités qui leur permettent d'occuper leur temps tout en s'amusant.
La plupart des activités sont axées sur l'habilité manuelle. Ainsi, certaines participent à la préparation des menus, d'autres préparent les pâtes traditionnelles “hlalem”, etc.», nous indique Zina Hmayed, animatrice. Il existe aussi d'autres activités auxquelles femmes et hommes peuvent s'adonner telles que le jardinage ou encore la fabrication de statuettes en plâtre. Ahmed B. S., 80 ans, n'a pas renoncé à son passe-temps favori, celui de façonner des statuettes, des tableaux et autres avec du plâtre. Il y met tout son temps et toute sa concentration. «Je ne suis pas pressé de terminer ma création. Mais en général, cela ne dépasse pas les deux jours», indique-t-il.
La déprime : cet ennemi redoutable
Il faut dire qu'outre l'aspect passe-temps qui caractérise les activités, ces dernières redonnent aux personnes âgées la confiance en soi, celle de pouvoir produire et de se sentir utile. Il ne fait pas de doute que, âgées, malades et sans soutien familial et matériel, ces personnes à besoins spécifiques sombrent facilement dans la dépression.
Le soutien psychologique, les activités divertissantes et la convivialité constituent, donc, des armes efficaces pour lutter contre l'état dépressif. «La dépendance, l'absence de soutien familial et financier entraînent la déprime. Se sentant de trop, les personnes âgées s'abstiennent de vivre normalement pour ne pas incommoder leur entourage. Ils consomment moins et sollicitent de moins en moins. Ils dépriment en silence. L'intégration sociale par le biais notamment des activités diverses et par le contact avec la société notamment avec la catégorie des jeunes comptent beaucoup. D'autant plus que les personnes âgées constituent des références et des compétences importantes, susceptibles de donner le plus, notamment dans le cadre de la société civile», estime le Dr Lilya Mseddi, spécialiste en gériatrie.
Pour d'autres résidents de la maison de retraite de La Manouba, les activités prennent une tournure plus sérieuse et plus pointue. Ines Ghazel, ergothérapeute, assiste 12 personnes âgées et les aide à améliorer leur précision gestuelle. Elle leur recommande des activités significatives et utiles, dirigées en vue d'améliorer leur amplitude articulaire, leur sensibilité tactile, de simuler leur mémoire et d'éviter la dépression. «Les cas admis aux activités d'ergothérapie me sont orientés sous prescription médicale», précise-t-elle.


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