Pour atteindre les objectifs d'énergie durable pour tous, il faudrait doubler ou tripler les investissements dans les énergies renouvelables. Les avancées sont actuellement trop lentes pour que l'on puisse atteindre d'ici 2030 les objectifs que s'est fixés la communauté internationale en matière d'accès à l'électricité, d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique. C'est le constat du dernier rapport de suivi mondial (Global Tracking Framework, GTF), publié début avril par la Banque mondiale et par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans le cadre de la plateforme de diffusion des connaissances sur l'initiative «Energie durable pour tous». Le rapport de suivi montre que la progression de l'accès à l'électricité ralentit et que, si cette tendance n'est pas inversée, le taux mondial d'électrification ne sera que de 92 % à l'horizon 2030, bien loin de l'accès universel. Seule la maîtrise de l'énergie a progressé : sur la période couverte par le rapport (2012-2014), les économies d'énergie permettaient de répondre aux besoins cumulés de deux pays comme le Brésil et le Pakistan. La plupart des pays n'en font pas assez, mais certains font état d'améliorations encourageantes. C'est notamment le cas de l'Afghanistan, du Cambodge, du Kenya, du Malawi, du Soudan, de l'Ouganda, de la Zambie et du Rwanda. Ces pays attestent qu'il est possible de tendre plus rapidement vers l'accès universel grâce à des politiques adaptées, à des investissements (publics et privés) solides et à l'innovation technologique. Rachel Kyte, directrice générale du programme Energie durable pour tous et représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies dans ce domaine, explique : «Si nous voulons concrétiser la promesse d'un accès à une énergie propre, fiable et d'un coût abordable pour tous, il faut agir et, pour agir, il faut un leadership politique. Ces nouvelles données tirent la sonnette d'alarme pour que les dirigeants mondiaux prennent de toute urgence des mesures plus ciblées sur les trois objectifs poursuivis : l'accès à l'énergie et à des combustibles propres pour la cuisson des aliments, l'amélioration de l'efficacité énergétique et l'utilisation des énergies renouvelables. Les progrès accomplis — nombre des technologies dont nous avons besoin sont aujourd'hui disponibles, et les feuilles de route de plus en plus claires — restent insuffisants. Nous nous sommes tous engagés à agir, et chaque jour de retard accroît les difficultés et les coûts». D'après les estimations, pour atteindre les objectifs d'énergie durable pour tous, il faudrait doubler ou tripler les investissements dans les énergies renouvelables, et en consacrer trois à six fois plus à l'efficacité énergétique. En outre, il serait nécessaire de multiplier les investissements par cinq si l'on entend parvenir à l'accès universel d'ici 2030. «Cette édition du Global Tracking Framework appelle à intensifier les efforts sur plusieurs fronts. Il s'agit d'étoffer le financement, de s'engager plus résolument et d'adopter les nouvelles technologies à plus grande échelle. La Banque mondiale s'attache, aux côtés de ses partenaires de développement internationaux, à aider les pays à réaliser ces objectifs », explique Riccardo Puliti, directeur principal du pôle Energie et industries extractives au sein de la Banque. « Le Global Tracking Framework montre qu'il est urgent d'accélérer les interventions qui déboucheront sur une énergie durable pour tous. L'AIE est fière de participer, une nouvelle fois, à cette publication phare, qui souligne la nécessité d'une transition mondiale vers une énergie propre et moderne, afin de garantir à chacun un avenir prospère et productif», ajoute Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE.