Le chef du gouvernement prend les choses en main et discute directement avec les contestataires de Tataouine. En attendant, la situation au Kef devient de plus en plus compliquée On pressentait dans notre édition du dimanche 9 avril une semaine chaude, voire très chaude, attendant à partir d'hier le chef du gouvernement Youssef Chahed de retour du périple africain qui l'a conduit, la semaine écoulée, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Youssef Chahed avait, en effet, à trouver les solutions à deux ultimatums. Le premier lui est lancé par les enseignants du secondaire et du primaire qui le pressent de désigner un remplaçant à Néji Jalloul, le ministre de l'Education, avant le 15 avril, date de la tenue de la commission administrative conjointe des deux secteurs au cours de laquelle les professeurs et les instituteurs pourraient décider de déclarer blanche l'année scolaire en cours au cas où le ministre actuel serait maintenu dans son poste. Le deuxième ultimatum expire le 20 avril. Il est lancé au gouvernement par les syndicalistes du gouvernorat du Kef qui menacent de décréter une grève générale au cas où l'usine de câbles fermée par son propriétaire étranger ne serait pas rouverte face aux ouvriers qui y travaillent depuis des années et qui sont déterminés à empêcher l'investisseur de transférer les équipements de l'usine à un autre endroit en Tunisie où à l'étranger. Voilà pour les deux ultimatums datés lancés ouvertement au gouvernement et, semble-t-il, appuyés par la direction centrale de l'Ugtt qui parle toujours de dialogue, de concertation et de consensus comme étant la ligne de conduite intangible de Noureddine Taboubi et de ses lieutenants à la place Mohamed-Ali. Cette direction ne se prive pas pour autant de mettre la pression sur le gouvernement Youssef Chahed en produisant des déclarations le moins qu'on puisse qualifier de tentatives visant à isoler Youssef Chahed au sein de la propre coalition qu'il est censé conduire et qui est censée le soutenir. Au contact direct avec les problèmes Ainsi, quand Noureddine Taboubi révèle au journal «Al Maghrib» que Youssef Chahed «ne pourra jamais combattre la corruption tant qu'il est sous la coupe d'Ennahdha et de Nida Tounès», on se demande que vaut la négociation ou la concertation entre deux partenaires si l'un d'eux n'a pas confiance en l'autre et le déclare publiquement. En attendant que l'Ugtt trouve en Youssef Chahed le chef du gouvernement qui peut dire parfois non au palais de Carthage et à Montplaisir, comme le lui conseille d'ailleurs Slim Riahi, le président de l'Union patriotique libre (UPL) et le grand investisseur qui attend qu'Ennahdha quitte le pouvoir pour ramener en Tunisie ses milliers de millions de dollars, le locataire du palais de La Kasbah décide d'aller lui-même au charbon et de rencontrer les contestataires de Tataouine qui ont paralysé la région tout au long de la semaine écoulée et qui n'ont pas été, paraît-il, calmés par les décisions annoncées vendredi dernier à la suite d'une mission de bons offices déléguée à Tataouine par le chef du gouvernement. En dépit de l'engagement pris par les sociétés pétrolières implantées dans le gouvernorat d'accorder la priorité en matière de recrutement aux jeunes de la région et de publier les critères de recrutement pour que tout le monde sache pourquoi un tel a été admis ou qu'un tel n'a pas été retenu, il paraît que les contestataires n'y ont pas trouvé leur compte. Et c'est la raison pour laquelle Youssef Chahed a tenu à les rencontrer et à négocier directement avec eux dans le but de parvenir à des solutions qu'ils accepteront. (Voir le compte rendu de Karim Ben Saïd sur la conférence de presse tenue hier soir au Palais de La Kasbah). Reste à se poser la question suivante : Youssef Chahed a-t-il décidé, une fois pour toutes, de traiter lui-même les dossiers régionaux brûlants dans la mesure où les délégations ministérielles qu'il dépêche régulièrement dans les régions chaudes reviennent généralement bredouilles ? La question devient récurrente à la faveur de ce que les Tunisiens ont découvert quand il s'est déplacé dernièrement à Zaghouan et dans certains quartiers populaires de l'Ariana où il s'est rendu compte des constructions anarchiques qui ont été érigées sur les terres domaniales par des citoyens qui disposaient de contrats d'achat fournis par de faux vendeurs. Une deuxième question : à quand une réunion entre Youssef Chahed et les contestataires du Kef qui veulent eux aussi traiter directement avec le chef du gouvernement ?