Le réseau régional des composantes de la société civile a rejoint les organisations régionales et nationales et appelé à la création d'un front commun pour la lutte pacifique en vue de faire aboutir les revendications régionales et obtenir l'élimination de la politique de marginalisation dont Le Kef et bien d'autres régions de l'intérieur ont souffert depuis des décennies Les employés de la câblerie «Coroplast» du Kef ne décolèrent pas et ne semblent pas en voie de fléchir dans leur mouvement de protestation engagé depuis une quinzaine de jours avec comme principale revendication la réouverture de l'usine qui emploie 443 personnes dont 53 contractuels licenciés pour fin de contrat. Hier, les employés ont repris leur bâton de pèlerin pour une nouvelle marche dans la ville au cours de laquelle les manifestants, épaulés par la composante de la société civile, ont appelé à la démission du gouverneur, car jugé passif et inattentif aux revendications des employés. Devant le siège du gouvernorat, ils ont tenu un meeting au cours duquel des slogans hostiles au gouvernement ont été scandés par certains manifestants qui ont fustigé le laxisme du gouvernement face à ce dossier de fermeture imprévue de la câblerie, installée dans la région depuis 2007. Le syndicat de l'entreprise parle de manœuvres cachées visant à délocaliser la câblerie à Hammamet, et ce, dans le but de bénéficier des avantages fiscaux prévus dans le cadre de la loi sur l'investissement dans les régions. Mais cela n'est pas passé inaperçu, car les employés ont crié au scandale et opposé un refus catégorique au transfert de l'usine ou d'une partie du matériel à la nouvelle câblerie de Hammamet qui revient au même patron de Coroplast. Partant de leur détermination à maintenir à tout prix l'entreprise au Kef, les membres du bureau syndical de la câblerie ont organisé, hier, une réunion d'évaluation de leur mouvement de protestation et ont réaffirmé, dans un communiqué publié au terme de cette réunion, leur intention de poursuivre leur mouvement de contestation jusqu'à la réouverture de la câblerie et le maintien de tous les employés, même si encore ils ont lâché un peu de lest il y a deux jours au sujet des 53 contractuels. Ce qui est certain, c'est que l'affaire de la câblerie Coroplast n'est qu'un nouvel épisode de la tension grandissante prévalant dans la région du Kef depuis plusieurs mois, surtout que l'Union régionale du travail de l'Ugtt et toutes les organisations régionales sont passées à la vitesse supérieure et ont appelé à une grève générale pour le 20 avril, et ce, pour dénoncer le manque de célérité du gouvernement au sujet de toutes les revendications de la région en matière de développement et d'emploi, d'autant plus que même les décisions prises le 16 avril 2016 sous le gouvernement Habib Essid n'ont pas été diligentées en temps opportun, ou tardent encore à être mises en œuvre, ce qui a été qualifié par le collectif de la société civile et les organisations régionales comme un véritable dépit pour la région et ses habitants, les poussant à décréter une grève générale au Kef pour le jeudi 20 avril. Front commun régional Autant dire qu'avec les coupures à répétition des routes et les multiples marches de protestation organisées chaque jour, Le Kef est sous tension et la population agite aussi son intention d'aller loin dans ses revendications et son mouvement de contestation, surtout que le réseau régional des composantes de la société civile a rejoint les organisations régionales et nationales et appelé à la création d'un front commun pour la lutte pacifique en vue de faire aboutir les revendications régionales et obtenir l'élimination de la politique de marginalisation dont Le Kef et bien d'autres régions de l'intérieur ont souffert depuis des décennies. En attendant, le tissu industriel, déjà fragile, ne fait que subir le poids de la crise sociale que traverse le pays, alors que l'investissement privé dans le domaine de l'industrie est nul, y compris pour le grand projet d'extraction de phosphate de Sra Ouertène qui tarde à voir le jour et les études de sa faisabilité devraient prendre encore du temps même si des Chinois sont venus s'enquérir de ce projet, lequel pourrait résorber une grande partie du chômage que connaît la région, surtout que ce gisement de phosphate est énorme et à ciel ouvert, avec des réserves de 10 milliards de tonnes. Une aubaine qui pourrait tenir plus d'un siècle, selon les experts, et profiter aux demandeurs d'emploi dans le gouvernorat du Kef où le secteur agricole demeure le cheval de bataille de l'économie de la région en dépit de l'endettement excessif des agriculteurs.