Beaucoup de chemin reste à parcourir pour élever la Tunisie au firmament des pays arabo-musulmans en matière de zakat. La quatrième conférence internationale sur l'aumône obligatoire (zakat)vient d'être organisée récemment à l'initiative de l'université Zitouna et l'Association Tunisienne de la Zakat (ATZ). Les organisateurs ont opté, cette année, pour le thème de «La zakat des sociétés et l'économie solidaire». Les sciences de la zakat et de la finance islamique se sont ainsi développées à la lumière de la situation économique et sociale des pays arabes et musulmans, en particulier en Tunisie. Comme publié dans un récent article de La Presse , le chiffre phare de 3 500 MD démontre le potentiel annuellement exploitable des capitaux de la Bourse de Tunisie et qui peuvent servir à financer des projets au profit des plus démunis et lutter contre le chômage et la précarité . La zakat pour amortir la crise sociale Le message largement propagé à propos de la zakat des sociétés et des entreprises la présente comme la solution idéale, pouvant contribuer à résoudre la crise sociale, économique et financière que traverse le pays. «Il est demandé aux sociétés de consentir à payer l'aumône obligatoire afin d'assurer le financement des investissements liés à l'économie solidaire à hauteur de 3.500 MD par an. Cette aumône concerne une centaine de sociétés. L'Etat doit prendre ses responsabilités en assurant la création d'un Etablissement de la zakat pour assurer la légalisation de la collecte", a relevé, à ce propos, M Mohamed Megdiche, président de l'Association tunisienne des sciences de la zakat. Expert algérien, le Dr Farès Mezdoud a relaté l'expérience algérienne sur le rôle de la zakat dans l'économie solidaire. L'Algérie avait dans un premier temps ignoré l'argent de la zakat qui n'était soumis à aucun contrôle, ce qui aura permis d'alimenter les circuits de la contrebande et du terrorisme avant d'avoir largement rétabli la situation par une intervention aux sources avec la création d'un établissement de la zakat, il y a dix ans. «Les petits agriculteurs, les femmes rurales, les handicapés qui ne travaillent pas afin de devenir productifs seront les premières cibles à bénéficier de ce mécanisme». Nidhal Bechikh, responsable au ministère des Affaires sociales, rapporte les résultats d'une étude réalisée sur le sujet: «1.062.000 Tunisiens vivent dans une extrême pauvreté. Le chômage touche 15% de la population». Pour contrecarrer ce phénomène, un projet-pilote a été réalisé à Gafsa par la chambre de la zakat koweïtienne qui a financé ce projet à hauteur de trois milliards de millimes en 2015. Le dixième numéro de Sanabel, bulletin scientifique indépendant de février 2017, intitulé «Zakat des sociétés industrielles et des entreprises de services» a été remis aux présents. L'Association tunisienne de la Zakat ne fait pas dans la demi-mesure avec l'édition depuis des années d'un magazine de douze pages qui vise à sensibiliser les lecteurs de cette revue sur les problèmes de la pauvreté et du chômage dont souffrent plusieurs régions du pays, et ce, afin d'instaurer et d'enraciner la pratique de l'aumône obligatoire.