«G cartographié(s)», une exposition de toiles abritée par la galerie Kalysté et signée Samir Makhlouf, nous plonge dans des univers étranges, se situant à la croisée des chemins entre le rêve et la réalité. Il est architecte diplômé de l'Itaaut en 1992 mais il est avant tout artiste, peintre, écrivain et philosophe. Son univers pictural est si particulier qu'il ne vous laisse jamais indifférent. Aujourd'hui, il en est à sa quinzième exposition personnelle. Son travail est toujours aussi remarquable et intéressant. Samir Makhlouf est de ces artistes dont l'œuvre témoigne que l'art ne peut se penser ni se faire sans engagement et dont la démarche artistique porte un regard incisif sur le monde, un regard qui scrute l'espace social, l'espace politique, un regard qui ne pense pas l'art coupé du monde ni de la vie dans sa diversité, sa complexité, un regard qui croit en la nécessité de l'art dans l'évolution des mentalités et la consolidation d'une civilisation. Sa peinture est d'une grande richesse chromatique. Ses toiles aux divers formats nous plongent dans des univers étranges, se situant à la croisée des chemins entre le rêve et la réalité. En expliquant sa démarche artistique et son ressenti par rapport à l'œuvre, il avoue : «Il y a plusieurs étapes, parfois je passe par esquisses. Je dirais souvent même. Je ne peins que dans mon atelier. Je commence à gribouiller. Ça commence par des croquis qui n'ont pas forcément de sens et puis ça se met en place petit à petit et ça évolue vers des choses qui me sont reconnaissables et saisissables. Mes tableaux peuvent basculer vers un sens ou un autre facilement. En architecture, tu esquisses mais souvent tu sais où tu vas, quel genre d'œuvre architecturale tu vas avoir à la fin. Et tu essaies de ne pas déborder. Pour ma part, quand je dessine, je me laisse emporter. Je ne sais jamais où je vais». A la lisière de l'inconscient, Samir Makhlouf plonge, donc, en apnée pour ramener à la surface toutes ces figures grotesques, étonnantes et intrigantes. On se retrouve alors face à des univers habités par des multitudes d'êtres et d'objets mi-réels, mi-surréels, émergeant d'un bouillon fantasmagorique mêlant imaginaire et instinct. Les éléments de la toile se situent entre l'humain et le fantasmagorique, le vivant et le mécanique, composant finalement une réalité complexe, parfois même reflétant celle qu'on vit à l'heure actuelle. Les éléments puisés à partir du naturel, du vivant comme du symbolique, il les sort de leur enveloppe, pour en extraire le nouveau, une autre réalité jusque-là cachée est reconstruite, révélée. La dimension faussement naïve des œuvres invite le spectateur à scruter les détails à travers sa démarche imaginative et personnelle. Le style, cependant, singulier, très original, se distingue toujours par une authenticité infaillible, témoignant d'une riche et foisonnante imagination au service d'une créativité impressionnante.