«Fleur alchimique», exposition collective annuelle de la Fédération des arts plastiques jusqu'au 28 février au Palais Kheireddine. Eclectique est le moins qu'on puisse dire de l'exposition annuelle de la Fédération tunisienne des arts plastiques, placée cette année sous le thème symbolique «Fleur alchimique», une fleur imaginée par le poète syrien Adonis. 153 œuvres aussi riches qu'intrigantes les unes que les autres, réalisées par 123 artistes-peintres et plasticiens connus (Ali Znaïdi, Amel Zaïem, Ali Batrouni, Rafika Dhrif, Mohamed Ayeb, Khelil Gouia, Lamine Sassi, Majed Zlila, Brahim Azzabi, etc.) et moins connus, jeunes et moins jeunes sont là à égayer les cimaises du prestigieux Palais Kheireddine, à émouvoir les spectateurs et puis, surtout, à témoigner de la magnifique floraison du domaine des arts plastiques dans notre pays. Les tableaux, qu'on a pu admirer lors de cette exposition, adoptent diverses techniques, acrylique, aquarelle, huile et matériaux divers sur supports variés : toile, bois, papier collé... Quelques œuvres se caractérisent par une superposition de couleurs, grattages, griffures, écritures, calligraphies ... Les techniques d'expression plastique sont aussi riches que variés, allant de la sculpture au dessin, collage, peinture, tapisserie, photographie et installation. Les sujets ne manquent ni d'originalité, ni d'imagination, ni de subtilité à degrés de niveau qui varient d'une œuvre à une autre. Dans certaines œuvres apparaissent des silhouettes féminines ou masculines, représentations modernes ou urbaines déclinées sur différents supports, mais aussi des peintures abstraites où l'énergie et le caractère singulier de l'artiste s'expriment librement. D'autres tableaux vont plus loin dans la présentation de l'irréalisme des situations. Ils forment une grande scène de théâtre où les personnages et les monuments réels sont modifiés, reconstruits et reformés par le pouvoir d'une imagination débordante. D'autres toiles nous permettent de plonger dans des univers très colores avec des personnages parfois un peu naïfs et imaginaires produisant une immense émotion, une explosion de vie, de joie et d'optimisme. Happé par cette peinture à l'apparence enfantine et innocente, le regard et le cœur entrent dans un imaginaire innocent et une douceur totalement envahissants. Parmi ces œuvres, on découvre, également, les tapisseries de Houda Rajab qui sont le fruit de l'inspiration propulsée par l'ornementation traditionnelle. Ses kilims offrent au regard une géométrie ordonnée subtilement colorée qui joue avec des matières et enchevêtre des courbes infinies. Entre autres, les petits formats d'Ellafi Khadhraoui sont de petites merveilles minutieusement travaillées. Sa peinture est un ensemble d'ornement gracieux invitant à l'onirisme des contes légendaires. Outre l'abstraction lyrique, d'autres toiles exposées sont de véritables rhapsodies colorées, nées sous les feux des acryliques, qui permettent au peintre de s'inventer de nouvelles architectures de l'espace. Entre acrylique et huile sur toile, les éléments puisés à partir du naturel, du vivant comme du symbolique, sortent de leur enveloppe, de leur gangue pour se renouveler d'un trait sûr et distingué. Une beauté, jusque-là cachée, est reconstruite et puis révélée. Le fond de ses toiles est à chaque fois le point de départ d'une nouvelle recherche technique, intellectuelle et émotionnelle. Un va-et-vient entre chimère et réalité permettant à chacun de développer sa grande imagination. On découvre également l'œuvre intrigante de Leïla Rokbeni qu'elle intitule «Légende de la mémoire hantée», une dimension faussement naïve qui invite l'observateur à scruter les détails à s'approfondir dans la symbolique de la sculpture et repérer les messages. Une œuvre qui adopte un style gothique et énigmatique qui ne laisse pas indifférent. D'autre part, un ensemble de photographies en noir et blanc ou en couleurs sont le fruit du hasard ou de réflexion. Une série de clichés à la composition sobre et équilibré, observant le monde et l'interrogeant avec un ton fait de liberté et de grâce. Une exposition où on crée sans relâche, où on exerce l'art s'imprégnant de l'amour et de la passion. Rappelant qu'après sa clôture à Tunis le 28 février l'exposition se tiendra dans une deuxième phase au Ribat de Sousse en mars prochain.