Par M'hamed JAIBI Le Cercle Kheïreddine, qui publie une reliure de toutes ses activités durant les années 2014, 2015 et 2016 sous la forme d'un livre de 240 pages que proposent les grandes librairies du pays, a saisi cette occasion pour organiser une nouvelle conférence qui a abordé le thème de la «seconde chance» ou «nouvelle chance» pour les diplômés qui peinent à se procurer un emploi. Le chômage des jeunes représente, en effet, le principal sujet de préoccupation des Tunisiens. Puisque depuis 2011, le nombre des exclus du marché de l'emploi, plus spécialement les diplômés d'entre eux, n'a cessé d'augmenter. Et ce chômage a des répercussions économiques, sociales, politiques et sans doute sécuritaires énormes. Sachant que les jeunes n'ont plus confiance et perdent totalement espoir. D'où l'intérêt d'initiatives innovantes comme celle de l'association «Nouvelle chance-Tunisie» qui a mis en place une approche originale de traitement du chômage des jeunes diplômés. Le principe : traiter le chômage au plus près, là où il est produit. Soit dans les structures universitaires elles-mêmes. Le jeune est ainsi rappelé par l'établissement qui l'avait formé, pour tenter de trouver avec lui des solutions à son chômage. C'est une démarche aussi bien curative que, désormais, préventive, qui est plutôt émergente que verticale. Le jeune sélectionné par son université est intégré dans un programme sur trois axes : une formation sur soft kills dans son établissement même, complétée par une formation sur une compétence technique discriminante en vue du futur emploi en projet, un tutorat pour chaque jeune qui soit assuré par l'un de ses anciens enseignants et enfin des stages formateurs dans des entreprises partenaires. Basés sur le bénévolat des universitaires, pas moins de huit programmes «nouvelle chance» ont déjà été lancés dans six établissements et ont permis des taux d'insertion professionnelle dépassant les 70% et pouvant atteindre les 80%. Le conférencier Karim Ben Kahla, enseignant à l'Iscae, initiateur d'une des expériences, est ravi. Cela lui permet ainsi qu'à ses collègues de corriger le tir, car l'université, qui est coupée de son environnement, renoue avec sa réalité, évalue sa formation, son impact et son apport aux diplômés qu'elle a formés. Quant aux diplômés, une fois soupesés, ils sont «coachés» efficacement, prennent prise avec le réel, saisissent le vécu de l'entreprise et du monde du travail et sont désormais aptes à se positionner en vue d'un emploi porteur répondant convenablement à leur profil. Un de ces nombreux emplois à pourvoir dont nos entreprises ne rencontrent pas les bons candidats. La conférence se termine sur une note d'espoir illustrée par l'énergie dont font état plusieurs diplômés ayant saisi leur seconde chance, qui ont pris la parole pour exprimer leur ravissement. Auparavant, l'ancien ministre de l'Industrie, Afif Chelbi, président du cercle Kheïreddine, a présenté l'ouvrage de compilation des contributions de ce think tank : «Pour un modèle de développement tunisien renouvelé». Avant de céder la parole au représentant résident de la fondation allemande Konrad-Adenauer, Olger Dix, qui a livré son sentiment à propos du climat typiquement tunisien de notre transition démocratique. Un sympathique témoignage de soutien embarrassé mais «confiant».