A l'occasion des journées de l'entreprise, organisée par l'IACE le 11 & 12 décembre 2009 au port el Kantaoui, Audinet a eu l'occasion de s'entretenir avec M. Karim Ben Kahla (Directeur de l'Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises, Tunis). M Ben Kahla a présenté une intervention intitulée « Qualité des services publiques » présentée lors du deuxième panel « Services publiques et la gouvernance ». Audinet : Comment présentez-vous l'intervention relative à la qualité des services publiques ? M. Karim Ben Kahla : J'ai essayé de mener une réflexion sur la qualité des services publics et de l'administration publique en général. Dans une première partie, j'ai présenté le rôle de l'administration tunisienne et sa contribution à l'économie nationale telle qu'elle se présente aujourd'hui. Ensuite, j'ai présenté la notion de la qualité et les enjeux de la qualité de l'administration en mettant cette notion en rapport avec la gouvernance et en partant de l'hypothèse selon laquelle une bonne qualité de l'administration procède une bonne gouvernance. Par la suite, j'ai développé les différents aspects de la qualité de l'administration publique et ses différentes exigences. Ma conclusion a porté sur un certain nombre de recommandations et pistes pour une meilleure qualité et gouvernance de l'administration publique. Audinet : Comment évaluez-vous le thème de cette édition des journées de l'entreprise ? M. Karim Ben Kahla : Ce thème est extrêmement important puisque la crise a induit un retour en force de l'Etat ou plutôt d'une nouvelle conception de celui-ci lui donnant le rôle de pompier face à des crises et des incendies économiques qui ne vont probablement pas prendre fin dans le contexte international. Ce retour de l'Etat pompier, après l'Etat providence, nous oblige à réfléchir aux évolutions du rapport entre l'Etat et l'entreprise et à ce qui était présenté comme la « fin de l'histoire » et la victoire définitive du modèle libéral. Cette conception du rôle de l'Etat montre, si besoin est, l'absence d'un modèle type de libéralisme. Il est néanmoins regrettable que souvent, dans les débats, on réduit l'Etat à l'administration or le thème des journées tourne autour de la relation Etat/Entreprise et non Administration/Entreprise. Réduire l'Etat à l'administration pose, de mon point de vue, un problème de gouvernance parce que entre les deux il y a d'autres groupes d'intérêts et centres de pouvoirs qu'on ne doit pas négliger si on ne veut pas biaisé la relation fondamentale dont les journées sont en train de discuter. Audinet : Lors du troisième panel des journées (Formation et emploi : Compétence et flexibilité), les conférenciers ont mis l'accent sur le rôle de l'université, qu'est ce que vous pouvez en dire ? M. Karim Ben Kahla : Je pense que la question de l'emploi est très complexe puisqu'on ne peut pas désigner un seul responsable ni de l'emploi ni du chômage. Il est certain que l'Université joue un rôle important dans la formation des compétences mais elle hérite du travail des autres niveaux (phases primaires, préparatoires et secondaires de l'enseignement). Si on présente l'Université comme dernier stade de la formation et de la préparation à un métier, ce qui néglige le rôle de la formation continue, il faudrait prendre en considération l'état de l'économie et du tissu des entreprises. L'employabilité des étudiants est une question de formation mais aussi de création d'emplois de la part des entreprises. Nous avons besoin de créer plus d'entreprises et plus de richesses pour créer plus d'emplois. Par ailleurs, après avoir gagné le pari de la quantité, je pense que l'Université doit veiller à améliorer la qualité de ses formations et de ses recherches afin de maximiser les opportunités d'emploi aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger et profiter ainsi d'un marché devenu mondialisé. Pour les écoles de commerce (puisque je dirige l'ISCAE), je crois qu'on a besoin d'une nouvelle génération de ces écoles capables de mener des accords de partenariats performants avec le milieu des affaires et les entreprises. Ce partenariat public/privé devrait dépasser la co-construction des diplômes pour porter sur la construction même des structures, des institutions, des écoles et instituts de commerce. Le problème dépasse le diplôme ou la co-diplomation et concerne la gouvernance et le fonctionnement de ces écoles. Je crois qu'il serait utile de promouvoir encore plus de partenariat entre le ministère et les structures du patronat (UTICA et chambres de commerce) ainsi qu'avec d'autres ministères concernés par la formation de l'élite managériale en Tunisie (tel que le ministère du commerce et le ministère de l'emploi).