Malgré les textes de loi incitant à la protection de l'intégrité physique du journaliste sur les lieux du travail et son droit d'accès à l'information, aucun média ne se sent hors d'atteinte Maintes fois, des voix en colère se sont élevées pour remettre en cause les interventions policières musclées contre nos collègues journalistes. Et c'est pour la énième fois d'ailleurs que le Snjt en a fait part au ministre de l'Intérieur, sans suite donnée au dossier. Le rapport mensuel du mois d'avril, tel qu'il a été élaboré par l'unité de monitoring et documentation sur les atteintes subies par les journalistes et la liberté de la presse, ne semble pas si différent de ses précédents. Comme si de rien n'était. A moins qu'une légère régression ait été dernièrement signalée au niveau des agressions directes commises par certains agents de sécurité à l'encontre des journalistes. Soit trois actes violents contre quatre par rapport au mois de mars 2017, lit-on dans l'actuel rapport d'observation, présenté hier dans une conférence de presse tenue au siège du Snjt à Tunis. Et malgré les textes de loi incitant à la protection de l'intégrité physique du journaliste sur les lieux du travail et son droit d'accès à l'information, aucun média ne se sent hors d'atteinte. Sa liberté d'expression risque d'être de nouveau confisquée, alors que ses professionnels continuent à faire l'objet de poursuites judiciaires insensées loin d'être fondées. Statistiques à l'appui, le centre de la sécurité professionnelle auprès du Snjt vient d'alerter sur une profession qui n'est plus en sécurité : «22 agressions recensées à Tunis et ailleurs contre 41 journalistes, dont 11 femmes, travaillant dans 10 chaînes de télévision, 7 radios, 4 journaux et 3 sites électroniques». Presque le même bilan enregistré, avec deux points d'écart positif, en mars dernier (20 actes violents). Face à un recul plus ou moins relatif quant aux interventions policières musclées, le nombre d'agresseurs parmi des citoyens, agents d'administration et des responsables gouvernementaux semble aller crescendo. Leurs actes revêtent, parfois, une dimension démesurée : prise en otage de certains journalistes à Sidi Bouzid (3 cas), saisie de matériels, interdiction de travail (7 cas), censure faite par le pouvoir exécutif, harcèlements et intimidations (4 cas). A cela s'ajoutent sept cas de poursuites judiciaires intentées à l'encontre des journalistes. D'autres collègues avaient même reçu des menaces de mort. Et la liste est encore longue. L'apport du conseil de la presse Ce constat est si préoccupant que le Snjt n'a cessé de le dénoncer vivement. Son président, Neji Bghouri, n'a surtout pas manqué de demander au ministre de l'Intérieur d'ouvrir une enquête pour mettre fin à pareilles atteintes commises à l'encontre des journalistes. Dans ce sens, rappelle-t-il, une lettre lui a été tout récemment envoyée. Mais, sa demande n'a pas été, jusqu'ici, suivie d'effet. De même, le ministre de la Justice a été également sollicité, de par l'autorité qu'il a sur le ministère public, afin de suspendre les procès judiciaires poursuivis en dehors de la loi à l'encontre de certains journalistes. «Ce qui constitue une sorte de violation de leur droit à la protection. D'autant plus qu'il n'y a pas de sanctions carcérales contre des journalistes pendant l'exercice de leur travail...», rétorque-t-il. Pour lui, il est inadmissible de voir de telles pratiques humiliantes persister, à l'heure où la profession dispose d'un cadre législatif et institutionnel qui lui garantit la liberté d'expression, l'accès à l'information et bien d'autres acquis. Pour conclure, M. Bghouri a fait valoir le rôle régulateur du conseil national de la presse dans la résolution de tels problèmes. «Aux autorités d'en tenir compte et faire en sorte d'accélérer sa mise en place dans les meilleurs délais».