TOKYO/PEKIN (Reuters) — La Chine et le Japon campent sur leur position après la libération du capitaine chinois, qui n'a pas éteint la brouille diplomatique entre les deux premières puissances économiques d'Asie. Après la remise en liberté vendredi du capitaine d'un chalutier chinois arrêté le 8 septembre par la police japonaise, Pékin a exigé des excuses et un dédommagement que lui a refusés Tokyo. «Les îles Senkaku sont un territoire japonais. De ce point de vue, il ne peut être question d'excuse ou de dédommagement», a déclaré hier le Premier ministre japonais, Naoto Kan. «Je n'ai nullement l'intention de répondre à ces exigences», a poursuivi le chef du gouvernement. Le capitaine Zhan Qixiong a été arrêté après une collision entre son chalutier et deux vedettes des gardes-côtes nippons en mer de Chine orientale, près d'îlots revendiqués par les deux pays — les Senkaku pour les Japonais, les Diaoyu pour les Chinois. Il a été détenu pendant deux semaines sur l'archipel nippon. La Chine a réitéré ses demandes d'excuses samedi soir. «Les actions du Japon ont gravement violé la souveraineté territoriale de la Chine et les droits et les intérêts d'un ressortissant chinois, donc la Chine a bien évidemment le droit d'exiger du Japon des excuses et un dédommagement», a dit le porte-parole de la diplomatie chinoise Jiang Yu sur le site internet du ministère des Affaires étrangères. Dans la presse japonaise, certains éditorialistes ont interprété la libération du capitaine du chalutier comme un aveu de faiblesse à l'égard de la Chine, d'autant que quatre ressortissants japonais ont été arrêtés en Chine. Ils seraient soupçonnés d'infraction à la législation sur la protection des sites militaires, mais les charges qui pèsent contre eux ne sont pas connues avec exactitude et les autorités japonaises ont pris le soin de démentir tout lien de cause à effet entre les deux affaires. L'ex-ministre japonais des Affaires étrangères, écarté lors du remaniement du 17 septembre, devenu secrétaire général du Parti démocrate au pouvoir, a estimé que la Chine avait sali son image dans le monde. «C'était notre territoire et il n'y a eu aucune faute commise lorsqu'il a été arrêté dans le respect des lois», a dit Katsuya Okada samedi à la télévision publique NHK. «Certains ont considéré que cette affaire était une défaite totale pour le Japon mais c'est une défaite pour la Chine. La Chine a montré au monde quel genre de pays elle était». Un Japonais a été arrêté hier à Nagasaki, dans l'ouest du Japon, après avoir jeté un projectile, a priori une fusée éclairante, dans l'enceinte du consulat général de Chine, rapporte l'agence de presse Kyodo. Personne n'a été blessé. Le fond marin du secteur des Senkaku/Diaoyu recèlerait d'importants gisements de pétrole et de gaz naturel.