YOKOHAMA, Japon (Reuters) — Le Premier ministre japonais Naoto Kan et le Président chinois Hu Jintao se sont rencontrés hier en marge du Forum de coopération Asie-Pacifique (Apec) à Yokohama, pour tenter de mettre fin à deux mois de tensions attisées par des revendications territoriales. A cette occasion, Pékin a tenu à réassurer Tokyo sur son approvisionnement en terres rares, minéraux essentiels aux nouvelles technologies et dont la production mondiale est assurée à 97% par la Chine. "Nous avons fait un grand pas vers une amélioration des relations entre le Japon et la Chine", a déclaré aux journalistes le secrétaire général adjoint du gouvernement nippon, Tetsuro Fukuyama, à l'issue de cet entretien d'une vingtaine de minutes. Il a souligné qu'il s'agissait cette fois d'une rencontre officielle, contrairement à la brève discussion que Naoto Kan avait eue avec son homologue chinois Wen Jiabao le mois dernier à Hanoï. Dans leur compte rendu de la rencontre, les autorités chinoises ne font pas allusion au différend territorial sur des îles inhabitées revendiquées par les deux pays en mer de Chine orientale, proches de réserves gazières et pétrolières potentiellement immenses. Elles insistent sur l'espoir de relations plus stables entre Pékin et Tokyo. Réserves de gaz et terres rares Les relations diplomatiques entre Pékin et Tokyo sont particulièrement tendues depuis l'arrestation au mois de septembre par le Japon du capitaine d'un chalutier chinois près des îles revendiquées par les deux pays, après une collision entre le bateau de pêche et deux vedettes des gardes-côtes nippons. L'homme avait été libéré au bout d'une quinzaine de jours. "La Chine et le Japon ont fait le bon choix, dans l'intérêt fondamental des deux pays et de leurs peuples, en suivant la voie de la paix, de l'amitié et de la coopération", a déclaré Hu Jintao au Premier ministre nippon, selon un résumé de la rencontre diffusé sur le site internet du ministère chinois des Affaires étrangères. Cette coopération bilatérale, qui profite aux deux pays, doit être approfondie, a ajouté Hu Jintao. Le ministre japonais du Commerce, Akihiro Ohata, a précisé pour sa part que la Chine avait donné à Tokyo des assurances sur la fourniture de terres rares. Pékin a annoncé en juillet son intention de réduire ses exportations de terres rares de 40% et a interrompu ses livraisons à l'Europe en octobre. Les Chinois ont également affirmé qu'ils continueraient à respecter l'accord de 2008 en vue de l'exploitation commune des gisements gaziers dans les zones disputées de la mer de Chine orientale, a dit Ohata. Quelque 3.000 manifestants avaient défilé auparavant dans les rues de Yokohama pour dénoncer "l'impérialisme chinois" dans la querelle qui oppose les deux grandes puissances asiatiques à propos des îles Senkaku — que les Chinois appellent Diaoyu. C'était la quatrième manifestation de ce type depuis septembre, organisée par un groupe nationaliste dirigé par Toshio Tamogami, un ancien général de l'armée de l'air qui affirme que le Japon n'a pas été un pays agresseur durant la Seconde Guerre mondiale. La colère de l'opinion publique japonaise a été renforcée récemment par la mise en ligne sur Internet d'une vidéo qui semble montrer que le capitaine du chalutier chinois, lors de l'incident de septembre, a délibérément lancé son navire sur les vedettes des gardes-côtes.