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Remous stratégiques en Extrême-Orient
Chronique du temps qui passe - Par Hmida Ben Romdhane
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 12 - 2010

Pendant quatre décennies, le Japon était la deuxième puissance économique du monde. Les performances de ce pays montagneux, dépourvu de ressources naturelles mais regorgeant de ressources humaines, étaient telles que dans les années 1980, des économistes commençaient à parler de la possibilité pour les Japonais de dépasser les Américains et de faire un jour de leur pays la première puissance économique du monde…
La crise qui s'est installée dans les années 1990 au Japon était profonde et durable au point que l'on parle de «décennie perdue». L'Empire du Soleil levant non seulement n'a pas rattrapé les Etats-Unis mais, au cours de cette année, il vient lui-même d'être rattrapé et dépassé par la Chine qui occupe désormais la deuxième place en termes de puissance économique.
Le coup pour le Japon est d'autant plus dur qu'il vient d'être dépassé non pas par quelque puissance géographiquement et culturellement lointaine, mais par un pays avec qui les liens historiques étaient dramatiquement mouvementés, et les liens actuels demeurent marqués avant tout par la méfiance de part et d'autre.
Le fort sentiment de méfiance que nourrissent les Chinois envers les Japonais et ceux-ci envers ceux-là trouve son origine dans l'histoire certes, mais se trouve exacerbé par un contentieux territorial qui empoisonne les relations sino-japonaises. Des îles inhabitées que les Japonais appellent Senkaku et les Chinois Diaoyu sont revendiquées par les deux pays.
C'est en relation avec ce contentieux territorial qu'une grave crise diplomatique a éclaté il y a trois mois quand la marine japonaise a arrêté le capitaine d'un navire chinois qui évoluait à proximité de ces îles. La forte réaction de Pékin a obligé Tokyo à relâcher le capitaine prisonnier, et l'incident n'a pas seulement exacerbé la méfiance entre les deux Etats, mais aussi entre les deux peuples si l'on en juge par les manifestations anti-japonaises en Chine et anti-chinoises au Japon.
L'accalmie diplomatique suite à la libération du capitaine du navire chinois risque de ne pas durer longtemps. La décision annoncée vendredi dernier par le Japon de procéder à un changement stratégique majeur dans sa politique régionale et internationale risque de relancer la crise diplomatique entre Pékin et Tokyo à une échelle autrement plus grande.
La nouvelle stratégie japonaise pour la décennie 2010-2020 consiste à redéployer ses forces stationnées dans l'île de Hokkaido au nord du Japon vers Okinawa dans le sud. Ces forces qui étaient déployées dans le nord au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour contrer la menace soviétique vont, selon la nouvelle stratégie, être développées et renforcées par de nouveaux sous-marins, de nouveaux avions de chasse et de nouveaux systèmes de défense antimissiles pour contrer "la menace chinoise" et, dans une moindre mesure, "la menace nord-coréenne".
L'idée centrale qui se trouve derrière ce changement stratégique majeur a été écrite noir sur blanc dans un document officiel japonais rendu public vendredi : «La Chine modernise rapidement son armée et intensifie ses activités dans les eaux voisines de son territoire. (…) Avec le manque de transparence de la Chine sur les questions militaires et de sécurité, cette tendance est une source d'inquiétude pour la région et pour la communauté internationale».
La réaction de la Chine ne s'est pas fait attendre. Par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu, Pékin a qualifié ces déclarations d'«irresponsables», tout en soulignant que «la Chine poursuit la voie du développement pacifique et sa politique de défense nationale est défensive». Déniant le droit au Japon de «parler au nom de la communauté internationale», la Chine affirme n'avoir «nullement l'intention d'être une menace pour qui que ce soit».
L'inquiétude du Japon vis-à-vis de la montée en puissance de la Chine n'est pas nouvelle. Elle suivait une courbe ascendante qui évoluait parallèlement à la courbe du développement économique et militaire de la Chine. Curieusement, le Japon, à travers ses grandes entreprises, a joué un rôle important dans les progrès économiques de la Chine, mais cette coopération à grande échelle, qui s'est avérée bénéfique aux deux, ne s'est pas traduite par un développement des relations politiques ni par une baisse du niveau de méfiance entre les deux pays.
En fait, cette inquiétude des Japonais de la puissance militaire grandissante de la Chine n'est pas basée sur des éléments historiques concrets ni sur des précédents, mais très probablement sur la peur d'une éventuelle vengeance de la Chine. Celle-ci, bien qu'agressée et humiliée par l'Occident et le Japon aux XIXe et XXe siècles, a beaucoup plus intérêt à se concentrer sur le développement de ses régions et l'amélioration du niveau de vie de son immense population plutôt que de se laisser divertir par de futiles considérations de vengeance.
C'est précisément ce que répètent à l'envi les responsables chinois. C'est aussi l'idée principale qui s'est dégagée des entretiens que nous avons eus avec de nombreux citoyens chinois au cours d'un récent voyage en Chine. Ces citoyens en veulent au militarisme japonais qui avait sévi en Asie au cours de la première moitié du dernier siècle, mais ne semblent animés d'aucune animosité ni bellicisme vis-à-vis du Japon du moment que «tous les responsables du militarisme japonais sont morts, que le Japon n'est plus en mesure de menacer la Chine et que celle-ci a un très long chemin de développement à parcourir, et donc ni le temps ni le désir de se livrer à des règlements de comptes».
Certes, l'avis des citoyens et celui des Etats ne coïncident pas toujours. Mais une chose est certaine : la Chine a besoin de stabilité chez elle et chez ses voisins pour continuer son expansion économique. Il en est de même pour le Japon pour retrouver le rythme d'une croissance économique soutenue et régulière. Et si l'objectif commun des deux pays est la stabilité régionale et internationale, un tel objectif serait sans aucun doute mieux assuré par la résolution diplomatique des différends plutôt que par des remous stratégiques qui ne feront qu'aiguiser la méfiance et la susceptibilité des uns et des autres.


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