Le Club Africain est le club le plus turbulent du paysage footballistique tunisien. Il fascine et attire bien au-delà de ce que son palmarès récent le laisserait présager. Au-delà de la prestation d'ensemble fournie par les Clubistes à Radès face à Rivers United, l'équipe doit se libérer davantage à l'avenir et proposer aux supporters une production d'une autre efficacité. Progresser dans la construction, la possession du ballon et la communication, c'est louable. Mais le jeu clubiste est encore trop latéral, trop horizontal. Il faut forcément accélérer vers l'avant quand l'adversaire décroche, temporise, s'essouffle ou marque le pas. Il ne s'agit pas de souscrire à la théorie du syndrome du championnat (du côté de Radès) où le CA s'est fait battre par l'Etoile et l'EST. Mais d'identifier à terme les raisons de l'inhibition de l'équipe cette saison, même si plus d'un coup d'éclat face à des adversaires de moindre envergure minimise ce syndrome chronique clubiste. Si ce CA-là a toujours besoin d'un brin de folie et de fantaisie pour exister, il a aussi besoin de certitudes et de garanties pour vivre et même survivre. Tantôt, ce onze-là se perd un peu en voulant trop bien faire et en faisant trop circuler le ballon. Il lui manque encore cette conscience collective et cette ambition excessive, mais ça va venir. Il faut que les joueurs s'imprègnent du label qu'ils représentent. Car le CA, c'est le combat, c'est ne jamais rien lâcher, c'est montrer qu'on n'a pas peur. Bref, c'est être dans le rapport de force avec des compétiteurs qui doivent être parfaitement en phase avec les valeurs du club. Bien entendu, il ne s'agit pas d'être vaniteux. Car la vanité peut affaiblir. Non, avec la succession des compétitions, il faut forcément se référer au dicton du grand Mohamed Ali Clay : «Ne compte pas les jours, fais en sorte que chaque jour compte». C'est le meilleur moyen de réaliser un jour son ambition. Cette ambition qui pourrait peut être menée à une consécration. De quoi forcément reléguer les derniers soubresauts des inconditionnels au rang d'épiphénomènes. Oui, au final, aucun joueur n'est grand s'il ne rend pas grande son équipe. «Notre pire ennemi, c'est nous-mêmes! » Pour l'heure, ce CA-là est grand mais c'est encore très relatif, parce qu'il n'a encore rien remporté depuis deux années. Cependant, cette équipe clubiste doit avancer sans se retourner, sans broyer du noir ni regretter. «Notre pire ennemi, c'est nous-mêmes », affirment les plus avertis parmi les Clubistes. Sur la même longueur d'onde que les supporters, l'impassible Chiheb Ellili le sait pertinemment. La production clubiste n'est pas suffisante pour tirer des conclusions. Un club aussi « mégalomane » doit avoir de grandes exigences. C'est quelque chose qu'il doit démontrer match après match (implication). Compter sur les ingrédients de la mouture Ellili avec cette ardeur au pressing, voire cet « acharnement » sur le porteur du ballon. Soigner le positionnement défensif et emmagasiner de l'expérience pour l'avenir. C'est à cette condition que le CA pourra prospérer et surtout garnir un palmarès continental encore assez léger...