Le CA veut se faire violence et inverser la tendance Tout est, a priori, réuni pour un grand spectacle, aujourd'hui en début d'après midi du côté de Radès. A priori car, pour faire un bon derby, il faut les bons ingrédients pour appliquer la bonne recette. Un derby digne de ce nom ne doit pas être galvaudé. Il faut tout d'abord deux clubs historiquement antagonistes. Dans le meilleur des cas, ils sont issus d'une même ville comme c'est le cas pour l'EST et le CA. La même région dont sont issus les protagonistes attise cette rivalité géographique déjà bien ancrée. Pour le cas des Tunisois, il n'est pas question d'une opposition entre faubourgs hautains et banlieues périphériques. Non, les couleurs des deux clubs trônent simultanément dans les patios des habitations diverses. El la seule différenciation, c'est l'enjeu qui doit pencher à l'humiliation de l'autre, et ce, par des banderoles, des chants, des chorégraphies ou les fans rivalisent d'ingéniosité pour se démarquer, faire le buzz, attirer l'attention..Fort évidemment, les enjeux sportifs font monter d'un cran l'intérêt du derby en lui-même et son intensité lors du déroulement du match. Depuis plusieurs saisons, il est présent à chaque confrontation. A la fois dans l'écart qui sépare les formations comme la position au classement. De quoi encore pimenter un peu plus la réception des «Sang et Or» aujourd'hui dans le chaudron de Radès. Maintenant, il n'y a pas de bon derby sans un bon «teasing». Il faut donner envie avant le match, surtout quand il est programmé en milieu de semaine comme l'affiche de la journée. Chenihi, le buffle ! Si les médias que nous sommes s'arrangent toujours pour faire monter la sauce, la tâche est parfois facilitée par les déclarations de dirigeants, des joueurs ou des supporters si leur voix portent assez (mais les banderoles sont toujours présentes pour faire monter la pression dans les derniers instants). Ellili et Benzarti, à leur tour, ont tenté la métaphore culinaire pour faire saliver: «le derby, c'est un plat a consommer chaud, bouillant. C'est un choc pasteurisé...C'est un bon camembert sans véritable saveur pour le perdant...» Pour revenir à l'objet de notre affection du jour, le derby côté Clubiste s'apparente à un test grandeur nature. Le CA est qualifié pour les play-offs mais il doit toujours en découdre pour la suprématie face au frère ennemi. Car cette rivalité hors norme, seuls les supporters peuvent vraiment la comprendre. Au final, si tous les ingrédients d'avant-match sont réunis, rien ne serait évidemment remplacer l'essentiel : le spectacle sur le pré vert. Il faut donc que le derby de Tunis tienne ses promesses. Et ça, c'est l'affaire des acteurs sur le terrain! Engagement physique, friction et implication comme si les joueurs disputaient le match de leur vie. Avec des buts ? C'est toujours mieux. Une trop grande domination ? Si le score est fleuve, ça passera mais un bon derby doit être accroché, équilibré. A cet effet, un 0-0 serait rédhibitoire ? Mais pas forcément ! Car il faudrait un très, très grand match pour que le match à travers le nul tienne ses promesses. C'est là qu'interviendraient éventuellement les arrêts décisifs des gardiens, les frappes sur la barre et les montants...D'une manière générale, les acteurs tenteront de ne laisser aucune miette à leurs rivaux historiques. De notre côté, nous espérons que les 22 joueurs rendront à ce classique ses lettres de noblesse. Il y aura, tout à l'heure, beaucoup de talent sur la pelouse du stade olympique de Radès. Mais il y en aura un peu plus qu'ailleurs dans les deux surfaces de réparation, avec un duel entre les deux meilleurs buteurs locaux que sont Khenissi et Chenihi. Ce sont, avant tout, de redoutables prédateurs, prolifiques et réguliers. Longtemps presque exclusivement buteur depuis son arrivée au CA, l'attaquant algérien a désormais considérablement progressé dans sa participation au jeu et s'est découvert un vrai talent de passeur. Il est aussi dominateur physiquement quand il est en forme. L'impression de sur-poids de ses premières semaines clubistes s'est ainsi transformée en terrible impression de puissance. Lancé, c'est un buffle ! Aussi, alors qu'on lui a souvent reproché une trop grande émotivité dans les moments qui comptent, Brahim Chenihi semble désormais d'une incroyable froideur. Il s'est perfectionné et a continué à porter l'équipe à bout de bras. Un atout offensif de poids face à la meilleur défense du championnat.