Dualité et transversalité, chaque schéma de transition est quasiment toujours sujet à débat au CA. Au regard de la situation économique et sportive des clubs tunisiens, serait-il complexe de relancer les activités annexes mais ô combien lucratives tels que le merchandising et les ventes de produits dérivés. Etude de cas du CA : à son arrivée en 2006, l'ex-président Kamel Idir en avait fait son cheval de bataille. Visionnaire, il avait placé la communication interactive et le marketing au cœur du projet clubiste. Pourquoi ? Parce que le CA a des atouts dont ne disposent pas d'autres clubs. Il a une marque qui rayonne. Un bastion tel un écrin capable d'absorber la demande grandissante de tout ce qui touche au label clubiste. Une localisation verticale qui permet d'attirer et brasser large. Et un environnement attaché à la bulle clubiste et ses perspectives d'avenir. Bref, le CA est attractif et « bankable » comme on dit. Par contre, en revanche plutôt, le club a brigué un projet audacieux qui s'est toujours heurté à certaines réticences au changement sur fond de conservatisme ambiant. Il faut comprendre par là que les Clubistes n'aiment pas qu'on les bouscule ! Sauf qu'au début des années 2000, le CA se devait d'être à la hauteur de son histoire et de son palmarès pour évoluer. En clair, et outre le besoin de sources de financement, il avait surtout besoin d'un projet de qualité qui tienne la route. Il n'y a pas de place au rétropédalage pour un club aussi « sanguin », fantasque et populaire que le CA. Car compte tenu du climat tendu qui y règne, le bassin de population lié au club est toujours aussi exigeant, idéaliste et nostalgique d'un passé glorieux. Se projeter dans l'avenir sans soigner le présent est donc un exercice difficilement réalisable pour les tenants et aboutissants du club. Avec un rayonnement de « la marque » qui va bien au-delà de la capitale. Un éparpillement des supporters aux quatre coins du pays et même en Europe via l'ACE, le CA dispose à n'en point douter d'actifs forts. C'est une relation particulière que la base entretient avec les hommes forts du club. Une relation toutefois complexe. Cette complexité vient du fait que vous avez des paramètres locaux qui sont forts et des résultats pas toujours à la hauteur des attentes. Des expériences tantôt rayonnantes suivies d'autres moins accomplies (2015 puis 2016). Dualité, transversalité propre au club, chaque schéma de transition est quasiment toujours sujet à débat via, comme cité ci-haut, des réticences au changement (aménagement dans l'organigramme). Sauf que la volonté de restructurer le CA ne s'arrête pas là (réorganiser l'administration). Le merchandising et la vitrine du club doivent aussi être mis en valeur via un meilleur visuel dont l'impact n'est pas à dédaigner. La boutique clubiste , le serveur vocal, le site officiel (en berne depuis), le mensuel CA Mag, les journées du supporter, les stadiers, CA TV, etc. toute une approche moderne initiée en 2007 mais peu optimisée depuis. Certes, dans un environnement sportif soumis aux quotas des supporters, au huis clos récurrent, à l'absence d'annonceurs et au tarissement de la publicité, il est difficile de garder cette dynamique et d'en faire un levier pour le club. Sauf qu'il faut dès à présent penser au retour à la « croissance sportive » en anticipant les changements à venir, tel que l'incontournable changement de statut des clubs en associations marchandes et à but lucratif. μDe la condescendance à l'humilité... Volet sportif, le mercato hivernal a prouvé que le CA a encore de l'ambition. Quant au volet communication, la condescendance a laissé place à l'humilité. Le CA est en construction. Il n'est pas favori mais il a l'ambition de se mêler à la course au titre car telle est sa vocation. Les dernières semaines clubistes ont ainsi laissé entrevoir une éclaircie. Entente cordiale entre les différentes composantes du club. Résultats globalement satisfaisants jusque-là. Politique de proximité de l'exécutif. Le CA a envoyé quelques signes positifs en attendant une meilleure implication d'ensemble qui pourrait définitivement le mettre sur orbite. Des signes avant-coureurs pourraient cependant étayer la thèse d'un proche envol. Passons les premières salves du play-off, et passons les dernières mesures clubistes au crible : en dépit des départs de sept tauliers (Djabou, Dhaouadi, Nater, Belaïd, Belkaroui, Mikari et Touzghar), l'effectif n'a pas été siphonné mais repensé et corrigé par des emplettes ciblées (Belkhiter, Kchok, Fakhri Jaziri, Rusike, Hammami et Hadded). Soumis au révélateur de la compétition, la plupart de ces joueurs recrutés ont vite fait de s'acclimater, d'où un net regain de forme et de tonus entrevu lors des derniers matchs disputés. Doucement, bien sûr. Car il va falloir du temps avant de redonner espoir aux Clubistes. Et on ne parle pas de jours, mais bien de mois. Cependant, il y a de quoi croire en des lendemains plus gais. Samir Sellimi, le directeur sportif semble aux petits soins. Il a certes son mot à dire sur un périmètre plus large que le rectangle vert. Mais il a surtout du pain sur la planche. Quant à Chiheb Ellili, il apporte sa touche et sa philosophie de jeu. Bref, le CA ne navigue plus à vue. Il y a désormais des capitaines à la tête du navire. Maintenant, dans la perspective de garder la cohésion et l'alchimie actuelle, les annonces récentes ne sont pas anodines et peuvent rassurer les supporters. Même le discours policé et soigné des décideurs séduit forcément la base. Car en avouant s'être planté par le passé, ils ont pointé du doigt les carences à éviter ! Cela semble même avoir déteint sur Chiheb Ellili, prudent mais confiant dans sa communication. Le résultat est même à la hauteur des attentes avec un technicien qui transmet sa confiance à son groupe sans lui donner l'impression d'attendre la suite avec impatience! La possibilité de travailler sur le fond. Un édifice à solidifier. Sceller les bases en installant des préceptes de jeu clairs. Les joueurs semblent adhérer et les recrues semblent s'intégrer. Quant au coach, il sera toujours dans une position paradoxale. Nommé pour un projet à moyen terme qui débute à peine, il ne sera pas jugé dans l'immédiat sur les résultats. Pourtant, le CA doit traverser cette saison sans trop de casse pour ne pas s'offrir une nouvelle crise sportive et une énième traversée en eaux troubles...