Au-delà du projet personnel, «Gros plans : paysages urbains de Tunisie» révèle un aspect pédagogique avec une volonté de transmission et de sensibilisation. Le musée de la Ville de Tunis, le palais Kheireddine de la Médina de Tunis, abrite jusqu'au 31 mai l'exposition «Gros plans : paysages urbains de Tunisie» de Jellal Abdelkafi. Consacrée à l'histoire de la ville de Tunis et à l'évolution urbaine d'autres agglomérations à travers le territoire national et programmée dans le cadre du «Mois du patrimoine», l'exposition emprunte un parcours chronologique qui invite à un voyage exploratoire du processus de fabrique de la ville. Initiée et portée par l'Association Jezm pour l'art et la culture, «Gros plans : paysages urbains de Tunisie» documente et témoigne sur une période fondatrice de la Tunisie contemporaine dans les domaines de l'aménagement du territoire, de la planification urbaine et de la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel. Jellal Abdelkafi nous y présente une sélection de travaux réalisés dans l'exercice de son métier d'architecte-paysagiste, urbaniste. Plans, dessins et autres photographies illustrant ces différents projets viennent évoquer une carrière de cinq décennies. Mais au-delà, «l'exposition est un hommage à toute une génération de bâtisseurs qui ont contribué à l'œuvre collective d'édification de la Tunisie indépendante», note Houria Zourgane Abdelkafi, la commissaire de l'exposition. Jellal Abdelkafi a constitué, au cours de sa carrière, un fonds documentaire, iconographique et bibliographique d'une richesse telle qu'il peut être considéré, en soi, comme référence et source de connaissance pour les générations futures. Destinée aux professionnels, aux futurs professionnels, en l'occurrence les étudiants dans diverses filières, aux décideurs des institutions nationales, régionales et locales, aux leaders du mouvement associatif, aux médias et au grand public, l'exposition vise à susciter la curiosité et l'intérêt du public de manière à le conduire progressivement du simple plaisir visuel de la perception vers des problématiques urbaines et patrimoniales plus complexes. Près d'une cinquantaine de projets (urbanisation de Tunis, Sousse, Hammamet, Sfax, Gabès...) sont exposés en raison de leur valeur d'exemple, de leur ampleur et de leur impact sur la vie de la cité. Contextualisés et accompagnés par des textes qui en identifient les acteurs et en décryptent les séquences, ils présentent l'autre avantage de révéler, pour la première fois au public, des documents professionnels dont la circulation est généralement restreinte aux circuits administratifs, comme le précise la commissaire. Six salles du musée sont, ainsi, investies, dans un ordre chronologique (de 1800 à 2015) où l'on peut voir, entre autres, des plans de l'urbanisation de la médina (contexte Tanzimat et colonial), un plan de sa sauvegarde et de sa mise en V (1972), Des plans autour de la protection et de la mise en valeur du site culturel et naturel de Carthage-Sidi Bou saïd, du Colisée d'El Jem et l'ambitieux projet d'aménagement de la Place de la Monnaie qui a pour objectifs la réhabilitation de cet espace public et la sauvegarde de ses deux ficus macrophilia séculaires menacés... (en instance depuis 2015). Au-delà du projet personnel «Gros plans : paysages urbains de Tunisie» révèle un aspect pédagogique avec une volonté de transmission et de sensibilisation. Elle met en contexte, raconte l'évolution de la ville, nous éclaire sur le passé pour mieux comprendre le devenir urbain de nos espaces communs. L'exposition devrait circuler, par la suite, à l'intérieur du pays, principalement dans les villes sur lesquelles l'auteur a travaillé. Elle a aussi pour ambition de voyager à Alger, Casablanca, Le Caire, villes qui partagent les problématiques similaires de sauvegarde du patrimoine et de politiques urbaines, et, éventuellement, dans des établissements à vocation culturelle régionale, tels que l'Institut du Monde arabe à Paris ou le Mucem et la Maison de la Méditerranée à Marseille. A ne surtout pas rater!