La réhabilitation ou la restauration des anciennes habitations constituent les principales opérations effectuées en vue de moderniser les centres urbains historiques La Tunisie compte de nombreuses habitations anciennes qui sont encore occupées par leurs propriétaires ou des locataires. Répartis à travers la médina et les centres urbains, ces logements nécessitent —dans la plupart des cas— des opérations de réhabilitation ou de restauration en profondeur pour qu'ils ne s'écroulent pas. Sans intervention de la part des propriétaires, ces logements représentent, en effet, une menace non seulement pour les habitants mais aussi pour les passants. On a enregistré, à plusieurs reprises, l'écroulement d'un pan de mur d'une ancienne habitation. Certains propriétaires de logements anciens ne semblent pas donner l'importance qu'il faut aux opérations de réhabilitation et attendent l'écroulement d'une partie de leur propriété pour intervenir. Il est vrai que les travaux de restauration et de rénovation sont coûteux, surtout s'il s'agit d'un grand immeuble, mais ces dépenses sont nécessaires pour préserver ces biens immobiliers en bon état. Une procédure lourde M. Jellal Abdelkafi, architecte-paysagiste et urbaniste, a abordé, dans son étude commandée par le ministère de l'Equipement, la question de l'habitat ancien. Selon ce spécialiste, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes technico-administratives relatives à la rénovation, la réhabilitation, la restructuration, la requalification et la restauration de certains logements. Ainsi, pour ce qui est de la rénovation, elle suppose la démolition d'un espace urbain occupé par des logements vétustes et insalubres, ou des friches industrielles ou portuaires. Cette opération a été longtemps privilégiée pour moderniser la ville. Mais cette action de démolition qui est suivie de reconstruction s'est avérée lourde du point de vue institutionnel et juridique. L'organisme d'aménagement créé à cet effet est chargé de reloger les locataires, indemniser les propriétaires, agir techniquement et financièrement pour réussir l'opération. La rénovation a été souvent confrontée à la difficulté de la mobilisation des capitaux nécessaires. Même le recours aux subventions publiques est devenu un fardeau pour la collectivité et pour l'Etat. L'exemple le plus significatif, donné par l'urbaniste, est l'échec de la rénovation du projet de la Petite Sicile à Tunis, ou encore celui du quartier de la gare à Sousse. Quant à la réhabilitation, elle concerne la remise en état d'un patrimoine architectural et urbain obsolète ou dégradé, notamment dans les ensembles historiques ou traditionnels. La procédure est considérée à ce niveau comme lourde tant sur le plan institutionnel, juridique que financier. Cette opération a un avantage important, dans le mesure où elle permet la protection et la sauvegarde des morphologies urbaines et des typologies de l'habitat qui ont une valeur de patrimoine culturel et immobilier. L'urbaniste qualifie de réussie l'opération réalisée à la Hafsia (médina de Tunis). Les tentatives faites dans les médinas de Sousse, Kairouan et Sfax n'ont, toutefois, pas eu le même succès. Meilleure fonctionnalité du tissu urbain La restructuration constitue, quant à elle, une procédure d'urbanisme permettant de remodeler les voiries à l'intérieur d'un tissu urbain pour atteindre une meilleure fonctionnalité et créer des parcelles de terrain prêtes à la construction. L'urbaniste cite, à ce propos, la friche de dépôts portuaires de l'avenue Mohamed V qui a été restructurée pour y bâtir des immeubles administratifs et bancaires. Par ailleurs, la requalification est considérée comme une procédure d'architecture permettant la mise en norme des logements anciens. Cette norme est utilisée, au cas par cas, par la Société nationale immobilière de Tunisie (Snit) et par l'Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine (Arru). On parle souvent de la restauration d'un immeuble ou d'un groupe d'habitations. En réalité, cette opération est une procédure d'architecture patrimoniale consistant à rendre, au moyen de techniques appropriées, leur intégrité à toutes les parties d'un édifice ou d'un ensemble d'édifices. L'objectif recherché à travers la restauration est la protection et la conservation du caractère historique des constructions anciennes qui ont subi une dégradation par l'usure du temps. Les procédures de rénovation, réhabilitation, requalification et restauration sont donc nécessaires pour donner une nouvelle vie aux centres urbains historiques. Chaque procédure est appliquée en fonction de l'état de la construction. Une vision globale de la cité urbaine est nécessaire avant d'entamer les travaux après le diagnostic approfondi de chaque construction.