La 4e édition de «Jaou 2017» s'est déroulée du 12 au 16 mai, du côté de la banlieue nord de la capitale et a été marquée par diverses manifestations artistiques, toutes disciplines confondues, ancrées principalement sur le thème de la migration. Dans la soirée du 14 au 15 mai, un banquet artistique baptisé «El Aers– The Wedding Project», monté par «Corps citoyen», a été organisé dans les ruelles de «la petite Sicile» Le spectacle, aux allures d'un mariage pas comme les autres, a fait le bonheur d'un bon nombre de participants. Un rassemblement de jeunes s'est formé spontanément à partir de 20h30, face à l'édifice imposant de la municipalité de La Goulette. Quelques minutes d'attente se sont écoulées avant qu'un guide, faisant partie de l'équipe d'organisation, arrive, en brandissant une sorte de projecteur incitant ainsi la foule à le suivre ... Commence, alors, une petite escapade nocturne dans les ruelles des quartiers mythiques de la ville. Au fur à mesure, un groupe de chorégraphes, composé de jeunes danseurs, accompagnait les curieux. Ces derniers se sont retrouvés face à deux grands espaces publics, où les artistes apparaissaient et disparaissaient furtivement. Ils s'adonnaient à des mouvements chorégraphiques éloquents, saisissants, en tentant de communiquer des messages via un langage corporel que les participants tentaient de décortiquer, le tout, dans la pénombre des ruelles peu éclairées. Au départ, les membres de «corps citoyen» laissaient parler le corps, mais plus on arpente les chemins et plus le verbal prenait le dessus et se faisait, doucement, mais sûrement, entendre. Arts visuels, poésie, danse et chant ont fusionné durant une heure, s'emparant pleinement d'un espace public, où enfants, jeunes, résidents des quartiers et participants en ont eu plein les yeux. Un cheminement clôturé par un banquet installé pour tout le monde, où le couscous a été servi avec comme fond sonore du chant tunisien traditionnel. Une fin en grande pompe ! «El Aers», ou «Le mariage» en françai), est un projet de recherche théâtral réalisé par le collectif «Corps citoyen» et a vu le jour en 2015. La manifestation a été finement ficelée dans le cadre d'une résidence artistique qui s'est déroulée en partenariat avec l'association « L'art rue », d'octobre à décembre 2016 à «Dar Bach-Hamba». Le projet questionne la libre circulation hors des frontières, et étale les désirs et les ambitions d'une jeunesse désenchantée, sillonnant une Méditerranée multiculturelle, abritée par des jeunes aux rêves perdus, qui se questionnent sans cesse. Des jeunes, pour la plupart, rongés par les difficultés d'un vécu, qui les inciterait à partir sous d'autres cieux. Les rapports complexes avec une Europe, jadis, représentative du monde moderne prisé, y sont analysés. Cet art participatif s'est emparé pour la seconde fois de l'espace public. Immersion garantie pour les enfants et les habitants des quartiers dans cet univers artistique méconnu pour la plupart. La première de ce projet a eu lieu à la Médina de Tunis en janvier 2017.