Atef Belhassine donne les dernières touches à son feuilleton «El M'nara». Un feuilleton où il est pour la première fois derrière la caméra pour réaliser une œuvre pour la télévision. Nous l'avons rencontré pour vous. «El M'nara» est le feuilleton que vous êtes en train de réaliser et qui sera diffusé pendant la deuxième quinzaine du mois de Ramadan sur Al Hiwar Ettounsi... Effectivement, le feuilleton est produit par la société «Nawaret Tounes». Le scénario est écrit depuis un moment, mais il a été revisité dans un atelier d'écriture où on retrouve des noms comme Hatem Maroub et Mehdi, plus connu dans les milieux du rap sous le nom de DJ Costa. Le casting réunit beaucoup de vedettes tunisiennes comme Fethi Haddaoui, Leila Toubel, Slah Msadek, Chakra Rammeh, Meriem Belhaj Ahmed, Khaled Kouka et Mohamed Hedi Moumen qui vivent en France et qui sont ressortissants de l'Isad, Jamila Chihi, Oumaïma Ben Hafsia. On verra pour la première fois Akram Mag qui est de formation théâtrale. On assistera également au retour de Salwa Mohamed à l'écran. Un drame social ? Je ne veux pas dévoiler le contenu tout de suite, mais je peux vous dire qu'il s'agit d'un conflit entre trois espaces, trois décors : la cité, le monde rural et les quartiers populaires, c'est-à-dire l'underground de la ville. Ces trois espaces contiennent des histoires qui vont conduire le feuilleton. C'est une histoire qui a un traitement différent selon une nouvelle vision qui veut que la ville est en train d'être «ruralisée» et que le monde rural est en train de devenir urbain dans tout ce qui touche aux rapports sociaux, à l'amour, à la haine entre autres. Ce feuilleton est également traversé par un axe positif pour donner un peu d'espoir au spectateur, car malgré tout ce que notre pays traverse, il y a une minorité qui continue à fournir des efforts et à travailler honnêtement. Ce feuilleton a également vécu une mésaventure dans sa production au début... Oui, au départ, on a filmé quelque trente minutes qu'on a proposées à la Télévision nationale, malheureusement nous ne sommes pas arrivés à un accord avec son administration. Le nouveau président-directeur général de la télévision n'était pas assez réceptif et n'avait pas assez de confiance en lui-même pour se lancer dans une aventure de cette envergure. Sincèrement, on s'attendait à plus de courage de la part d'une personne jeune et ambitieuse à la tête d'une institution comme la Télévision nationale... L'administration finit souvent par engloutir les tendances artistiques. Je reviendrai plus tard sur ce sujet... Cela dit, la production a été relancée grâce à beaucoup de sponsors et à des hommes d'affaires qui ont eu confiance en nous et en notre projet. Grâce aux placements de produits et aux publicités, le feuilleton verra le jour enfin. Il a aussi acquis un caractère culturel et je remercie le ministre des Affaires culturelles qui nous a délivré une attestation pour le caractère culturel de ce projet. C'est votre première expérience derrière la caméra... J'ai réalisé déjà un court métrage mais en tant que réalisateur de feuilleton pour la télévision, il s'agit de ma première expérience. C'est une expérience que j'ai vécue dans la sérénité parce que je suis riche de mon expérience dans la direction d'acteurs. Cela m'a permis d'être très proche de la réalisation et du cadre. C'est une expérience qui a commencé avec Sami Fehri et Mahdi Nasra dans «Njoum Ellil 4». Vous n'êtes pas inquiet de la concurrence de «Awled Moufida» qui passe sur la même chaîne ? Tant qu'on est sur la même chaîne, il n'y a pas de concurrence au sens classique du terme. Sur le plan artistique, il y a bien sûr concurrence, mais il s'agit d'une concurrence positive... Vous avez effectué un passage au ministère de la Culture en tant que conseiller... C'est une expérience qui m'a appris à maîtriser mes nerfs... Je dis cela parce que j'ai remarqué à quel point c'est difficile de changer les choses en Tunisie... Une grande majorité de nos artistes et créateurs ne veulent pas que les choses changent... Parlez-nous de votre mission dans le cadre de la Cité de la culture Dans ce grand projet, je me trouve du côté des arts scéniques. Nous sommes chargés de préparer un programme pour l'ouverture de la cité en question. Déjà l'architecture de la cité nous pousse à être à la hauteur... D'ici là, on a prévu plusieurs choses que ce soit pour le cinéma, la danse, le théâtre, la peinture, etc. Maintenant, c'est aux artistes de défendre leur présence dans la Cité de la culture. Vous venez du théâtre et aujourd'hui vous en êtes très loin... Effectivement, je me suis éloigné du théâtre, et pour cause ! Avec quels moyens je vais faire du théâtre ? Le problème, c'est qu'au sein de l'administration du théâtre, au ministère, il y a des lois éculées et qui ne facilitent ni la production théâtrale ni la distribution. Le jour où ces lois seront révisées et remises à jour, je referai du théâtre.