«Un signe tangible sur l'engagement acharné de Youssef Chahed à combattre la corruption», «l'Etat persiste et signe», «les événements de Tataouine sont en rapport avec ce qui s'est passé en Libye», estiment les politiciens et acteurs de la société civile contactés par La Presse pour commenter l'information du jour Il semble que Youssef Chahed, chef du gouvernement d'union nationale, a frappé son premier grand coup contre les ténors de la corruption qu'on appelle communément «les gros poissons». Hier, Chafik Jarraya, l'homme d'affaires et lobbyste, et Yassine Chennoufi, homme d'affaires et ancien candidat à la présidence de la République, ont été arrêtés. Les deux prévenus ont été placés en résidences surveillée. C'est une brigade antiterroriste de la Garde nationale qui a procédé à l'arrestation. Son avocat, Me Fayçal Jadlaoui, ancien membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), a confirmé l'interpellation de son client, indiquant qu'il ignore où il a été conduit. Pourquoi Jarraya a-t-il été mis sous les verrous ? Pour le moment, les autorités sécuritaires n'ont pas révélé le motif de son incarcération. Sauf que d'après les premières indiscrétions, «il serait impliqué dans des affaires liées aux incidents de Tataouine concernant la sûreté de l'Etat». Les sources officielles contactées par La Presse observent pour le moment une attitude prudente, se contentant de l'annonce de l'arrestation de Chafik Jarraya, invoquant le secret de l'enquête et assurant que son cas est désormais du ressort du pôle judiciaire antiterroriste. L'Etat tunisien persiste et signe Comment les acteurs du paysage politique et civil national ont-ils réagi à l'information du jour ? Mondher Belhaj Ali, député membre du groupe parlementaire patriotique, estime que «l'Etat tunisien persiste et signe. Il n'admettra aucune rébellion contre la République. La justice suivra son cours et elle statuera dans la sérénité. Ce qui s'est passé à Tataouine ne doit, en aucune manière, passer sans sanction». L'arrestation de Jarraya a-t-elle un lien avec les incidents de Tataouine ? Mondher Belhaj Ali répond : «L'enquête le prouvera ou l'infirmera». De son côté, Badra Gaâloul, présidente du Centre des études stratégiques, sécuritaires et militaires, considère que «le dernier discours du président Caïd Essebsi a donné le feu vert pour que les gros poissons de la corruption soient épinglés. Et ce n'est pas sorcier de découvrir que les incidents qui se sont produits à Tataouine ont une relation directe avec ce qui s'est passé ces derniers jours en Libye. Aujourd'hui que la sécurité de la Tunisie est sérieusement menacée, il faut prendre les grandes décisions, et quand un gros poisson de la corruption comme Chafik Jarraya tombe dans les filets de la brigade antiterroriste, nous ne pouvons que nous en féliciter en attendant d'autres coups». Du côté du parti Al Watan Al Mouwahhad, dirigé par Mohamed Jegham, une source informée confie à La Presse: «Mettre Chafik Jarraya sous les verrous est un signe tangible sur l'engagement sérieux du gouvernement Youssef Chahed à lutter avec acharnement contre la corruption. On attend l'enquête pour savoir s'il s'est mouillé dans les incidents de Tataouine. D'autres visages tomberont prochainement». Quant à Sahbi Ben Frej, député de Machrou Tounès, il s'est exprimé sur sa page Facebook bien avant que l'information sur l'arrestation de Chafik Jarraya ne tombe. Il souligne : «Il est clair qu'il existe une machine huilée à merveille derrière les événements qui se sont produits à Tataouine. Ce qui s'y passe n'a aucun lien avec les contestations légitimes sur le développement et l'emploi». Il ajoute: «Le titillement des tendances régionalistes, pousser les forces de l'ordre et de l'armée à la confrontation, les campagnes de dénigrement et de mensonges et les tentatives d'éparpiller la concentration des forces sécuritaires ont un seul objectif : attenter à l'autorité de l'Etat». Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Monsieur négociations avec les contestataires à Tataouine et qui est maintenant attaqué par certains dirigeants de son propre parti, Ennahdha, est sorti de ses gonds. Hier, il a révélé, sans le citer nommément, l'identité du parti manipulateur des protestataires à Tataouine. «Il s'agit d'un parti qui a perdu le pouvoir et qui veut y retourner même si le sang devrait couler». «Il est à préciser que l'arrestation de Chafik Jerraya et de trois autres individus à Tataouine a été opérée en application de la loi sur l'état d'urgence», indique à La Presse une source informée.