Par Lobna JRIBI(*) Suite aux récents événements et actions gouvernementales courageuses, que nous saluons tous, j'aimerais apporter quelques humbles réflexions : Les arrestations effectuées représentent une forte symbolique qui rompt avec la culture de l'impunité qui allait déstabiliser les fondements démocratiques de notre République. Ces actions reflètent également une volonté réelle de lutter contre le marché informel, en s'attaquant à ses barons. Ce gouvernement a donné le la et a balisé le chemin, une action structurante pour notre économie qui, je le rappelle, est rongée par ce mal (l'informel représente près de 50% de notre économie). C'est également une importante symbolique d'un Etat fort, renouant la confiance des citoyens avec ses gouvernants et arrêtant l'hémorragie de la gabegie et du non droit. Des actions triplement salutaires, qui représentent un tournant décisif historique dans notre transition démocratique fragilisée. La bonne gouvernance de nos institutions et la lutte contre la corruption représentent un processus continu dans le temps, qui peut prendre des années, voire des décennies, face à sa généralisation dans nos institutions. Notre étude au sein de Solidar Tunisie (étude effectuée sous la direction de nos trois éminents juges Karim Jamoussi, Mohamed Ayadi et Ahmed Souab, étude complète consultable à partir du lien ci-dessous) a montré que les expériences internationales des pays qui ont réussi à lutter contre la corruption tels que le Singapour ou la Jordanie, sont ceux qui ont donné les pleins pouvoirs à une seule et unique structure/instance indépendante. Quant à notre contexte tunisien, le rapport de l'Inlucc (Instance nationale de lutte contre la corruption, www.inlucc.tn Inlucc) met l'accent sur le manque des moyens et des prérogatives pour mener efficacement son programme de lutte contre la corruption. Or, l'instance actuelle, rappelons qu'elle est une instance provisoire, sera remplacée par une instance constitutionnelle indépendante et pérenne, dès que le projet de loi, qui est actuellement en discussion à l'ARP, sera voté en plénière et entrera en vigueur. Ce projet de loi est capital pour prémunir les générations futures de ce cancer et ce quelle que soit la majorité gouvernementale. Cette instance constitutionnelle indépendante de la bonne gouvernance et lutte contre la corruption (Icibglcc) aura comme son nom l'indique à mener des actions préventives mais également curatives. Les versions actuelles des deux textes de loi (loi cadre des instances constitutionnelles et loi de l'Icibglcc) gagneraient à être revues dans cet élan courageux et historique, pour donner toute la latitude à cette instance pour être efficace et garante de la pérennité de l'action préventive et curative durant les décennies à venir. *(Présidente de Solidar Tunisie)