La rencontre de clôture du projet de Master en journalisme cross-média vient de réunir, à l‘Université de Sfax, les différentes institutions, membres du consortium du projet, à savoir, l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi), les Facultés des lettres et des sciences humaines de Sousse et Sfax, l'Université de Tampere (Finlande), l'Université libre des langues et de communication de Milan (Italie), l'Université de Barcelone (Espagne), l'Unimed, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la Section régionale de Sfax du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) en tant que partenaire professionnel La conférence est en fait le couronnement «d'une série de rencontres précédentes de planification, de réflexion et d'évaluation tenues, tour à tour, dans les différentes universités tunisiennes et européennes concernées par ledit projet, sachant qu'environ 87 étudiants de l'Ipsi et des Facultés des lettres et des sciences humaines de Sfax et de Sousse, répartis sur deux promotions, ont pu profiter de ce Master professionnel, considéré comme étant une expérience pilote en termes de coopération universitaire tuniso-tunisienne dans l'enseignement du journalisme, ainsi qu'un modèle réussi d'échange avec les universités européennes et d'ouverture sur le monde professionnel», indique Sami Kechaou, représentant du Snjt à Sfax. Eclairage sur le master cross-média Ce concept est défini par les spécialistes comme suit : «Le Cross-Media, ou communication multi-canal, est la combinaison personnalisée des différents médias (print, web, télévision, cinéma, radio, téléphonie...) en vue de créer une synergie opérante entre eux et renforcer ainsi la portée des messages à communiquer». D'où l'intérêt de la formation des journalistes en la matière, dans la mesure où elle leur fait acquérir de nouvelles compétences professionnelles dans le domaine du journalisme et les habilite à postuler pour un diplôme unique censé leur ouvrir des perspectives et des horizons plus larges sur le plan de l'emploi aussi bien en Tunisie que dans les pays européens. Sami Kechaou affirme que le projet a offert une occasion singulière pour mener une expérience unique de coopération universitaire transversale tuniso-tunisienne. Les étudiants de ce master inscrits à Tunis, Sfax et Sousse puisent, depuis deux ans maintenant, dans la même source du savoir et auront un diplôme unique qui les habiliterait à appréhender le métier de journaliste avec ses nouvelles exigences, celles de la presse moderne multi-supports et en changement continu. Trois questions majeures ont notamment été à l'ordre du jour de la conférence : la continuité du projet par l'ouverture d'une troisième session, son financement ainsi que la reconnaissance du diplôme par les partenaires européens. La grande inconnue Chapitre reconnaissance, Marcello Scalisi, directeur de l'Unimed, institution réunissant 90 universités déclare : «Le diplôme est reconnu aussi bien par les universités tunisiennes que par les universités européennes sous différentes formules». Mettant en valeur la réussite du projet, il ajoute : «Des pays comme le Maroc, la Libye et l'Algérie ont exprimé le souhait de coopérer dans ce domaine», sachant que la Tunisie est le seul pays, parmi tous les Etats membres de l'Unimed et particulièrement les pays arabes, à bénéficier du privilège de se voir accorder un projet Tempus lié au domaine du journalisme par la Commission européenne, conformément à ses priorités. Il y a lieu cependant de relever, à ce propos, que l'engagement futur de la Commission dans le sens de la poursuite de la coopération dans ce domaine constitue, pour le moment, la grande inconnue. Engagement tunisien pour une troisième session Volet continuation du processus, Marcello Scalisi indique qu'il est conditionné avant tout par la coopération entre les acteurs tunisiens et leur volonté réelle de la poursuivre. Réponse rassurante de Abdelwahed Mokni, vice-président de l'Université de Sfax : «Cette rencontre n'est pas une fin mais l'annonce d'un recommencement et d'une troisième session.» Le même appui est exprimé par Moez Ben Messaoud, coordinateur du projet (Ipsi) : «Nous avons étroitement collaboré avec les universités de Sousse et de Sfax en assurant l'accompagnement de ce projet. Nous allons essayer de relever le défi pour relancer une troisième promotion et renouveler cette expérience. Nous allons aussi tenter de trouver des projets dans le cadre d'Erasmus ++ pour assurer la formation des formateurs. De la sorte, les autres universités vont peut-être avoir beaucoup plus de chances d'avoir des enseignants formés. Nous continuons toujours dans le même sens et selon la même approche.» De nouvelles perspectives Abondant dans ce sens, Moncef Ben Abdeljelil, doyen de la faculté des Lettres et des sciences humaines de Sousse, a dit : « Notre institution pense qu'on pourrait ouvrir des passerelles à l'effet de créer des niches de pertinence et de diversité, entre le cross média et le Centre d'anthropologie que nous avons créé, ce qui va contribuer à donner aux études d'anthropologie une dimension autre que celle qui existe à présent. À Sousse, on a créé une autre niche de pertinence, à savoir les études africaines dans le cadre du cross média. Le cross média est, pour moi, une success story.» Mohamed Ben Ayed, doyen de la faculté des Lettres et des sciences humaines de Sfax,fait valoir, à son tour, l'attachement de son institution au projet du master Cross-média : « Notre adhésion à ce projet s'inscrit dans le cadre d'une quête d'enrichissement et de diversification des produits de la faculté. Nous avons l'intention de consolider la base du cross média par l'institution d'une nouvelle licence appelée industrie de la culture qui peut servir de point d'appui pour ce diplôme, en plus d'autres licences. Nous attendons toujours la réponse du ministère de l'Enseignement supérieur.» En revanche, la question du financement d'une éventuelle troisième session ne semble pas poser de problème majeur, comme en témoignent les différentes interventions des partenaires tunisiens, à condition de trouver des idées valables. Dimension culturelle et humanitaire A signaler enfin que la sortie de la première promotion, titulaire du master Cross-média, est attendue pour le mois de septembre prochain. Ce sera un bel exemple de réussite de la coopération Nord-Sud, dont Ugo Tramballi, journaliste , met en valeur la dimension culturelle et humanitaire, «Ayant pour objectif de faire tomber les barrières érigées par les Occidentaux, dans la mesure où l'échange d'étudiants entre les universités du Nord et du Sud constitue une forme d'intégration qui représente l'arme la plus efficace pour combattre l'extrémisme».