Les habitants du Grand-Tunis et d'ailleurs convergent par milliers à Ras Jebel. Ras Jebel vit une animation exceptionnelle ces jours-ci, à cause de l'avènement du mois saint. Les autochtones sont devenus minoritaires par rapport aux visiteurs qui se sont rués par milliers vers cette bourgade , fuyant la flambée des prix de Tunis, l'Ariana, La Manouba, etc. Tout ce beau monde étant venu de toutes parts pour s'y approvisionner en denrées alimentaires moins cher, profitant surtout de la fraîcheur des légumes et des fruits. Roi et non pas valet Ceci sans oublier qu'à Ras Jebel, le client est un véritable «roi» et trouve son plaisir dans le choix des fruits exposés, sans provoquer le déplaisir des marchands, toujours de bonne humeur et accueillants. A la différence des commerçants grincheux d'ailleurs qui tiennent à imposer leurs produits au prix fort. Avec le «chaouri», la fête est double L'on remarque le coude-à-coude au marché des poissons, où il y a file devant les cageots du chaouri (dit aussi zmimra ou zarga). Oui, la grande foule vient à point nommé puisque la saison du chaouri coïncide avec le mois de mai. Ce poisson dont raffolent les habitantes de Ras Jebel, Rafraf, Sounine, Metline, Ghar El Meleh agrémente plusieurs plats et mets de ces régions... Ailleurs, la zmimra n'est pas assez connue. Ce poisson également délicieux est préparé dans plusieurs sauces. En cas de surproduction, les Nordiques le conservent soigneusement dans le sel pour agrémenter leurs soupes hivernales. En quelque sorte, c'est leur kadid, un kadid, cette fois-ci ami de notre santé et zéro nocivité ! Non pas comme le fameux kadid de l'Aïd, «bourré» de matières grasses riches en mauvais cholestérol. De la bonne chair beaucoup moins chère Un grand succès est aussi connu par les bouchers de Ras-Jebel qui proposent le veau de lait rosé et désossé, sans un gramme de graisse à dix sept dinars le kilogramme. L'occasion est donc propice pour les estivants et les visiteurs de passage de remplir la malle des voitures de dizaines de kilos de viande à prix abordable.. Bref, des stocks amplement suffisants pour «couvrir» leurs arrières» pendant tout le mois de ramadan. Et se mettre à l'abri des misères quotidiennes des bouchers de leurs cités d'origine. Derrière les rideaux de la pudeur A la cité chère à feu Hassène Belkodja, tout le monde trouve son compte. Y compris ces vieilles dames besogneuses à souhait qui, devant leurs demeures et derrière leurs rideaux de la pudeur, commercialisent à bon marché leurs produits de terroir (piment rouge en poudre, mloukhia, etc.) et aussi les produits tradition de leurs mains adroites : richta, nwacer, couscous, borghol, tchichet mermez, hlalem, etc. A chaque bonne dame ses fidèles clients. Et vive le portable à travers lequel la bonne âme reçoit la commande pour la livrer toute fraîche à ses visiteurs sur rendez-vous. Vivre pour travailler Mme Meherzia est réputée pour la qualité de ses produits et la propreté monastique de son petit atelier de travail : «Je travaille certes pour subvenir à mes besoins quotidiens. Mais il n'y a pas que ça qui me motive malgré ma santé fragile. Mais aussi pour mon amour fou pour le travail. Demeurer désœuvrée, les bras croisés entre quatre murs, me tue à petit feu. Ma sacro-sainte devise, c'est non seulement travailler pour vivre mais surtout, vivre pour travailler». Ne voilà-t-il pas une devise à inscrire en lettres de feu sortant de la bouche de celle qui n'a pas fréquenté l'école, sauf celle de la vie? Des mots à méditer par les «fatigués de naissance et fervents adeptes du moindre effort en tout temps, au mois de ramadan et hors ramadan!