I était prévu que les terroristes frappent de nouveau au cours du mois de Ramadan. Il était également attendu qu'ils répondent, à leur manière, à l'opération coup de poing anticorruption menée par Youssef Chahed depuis quelques jours, marquée notamment par l'arrestation de plusieurs barons de la contrebande. Seulement, cette fois-ci, ils ont été devancés par les forces sécuritaires afin qu'ils n'agissent pas sur le terrain. «L'opération sécuritaire réalisée à Kasserine, qui s'est soldée par la mort d'un terroriste et l'arrestation d'un autre considéré comme l'un des leaders terroristes et aussi comme une mine d'informations, montre que nos forces de sécurité sont désormais dans l'action. Ils n'attendent plus que les terroristes commettent leurs actes pour intervenir. Maintenant, elles anticipent et elles tendent des pièges réussis comme celui réalisé fin avril dernier à Sidi Bouzid quand une descente a été effectuée dans un appartement situé à la Cité Ouled Chelbi et a permis d'abattre deux terroristes et d'interpeller quatre autres qui planifiaient une opération terroriste», confie à La Presse le Dr Fayçal Cherif, analyste militaire. Il ajoute : «Les agents de renseignements accomplissent désormais leur mission selon les normes internationales. Ils arrêtent aujourd'hui les prévenus sur lesquels pèsent des présomptions d'appartenance au mouvement Daech ou de contacts avec leurs amis ou proches qui sont déjà installés en Libye ou en Syrie. Il paraît que ces arrestations à caractère préventif ont permis de dévoiler plusieurs attentats qui étaient en cours de préparation dans plusieurs villes tunisiennes. Quant au terroriste arrêté à Kasserine et que l'on présente comme l'un des leaders, il constitue, à coup sûr, une mine d'informations dont profiteront les enquêteurs pour établir l'existence d'éventuels liens entre les événements qui se passent à Tataouine et l'arrestation de ceux qu'on appelle «les gros poissons de la contrebande et de la corruption». «Il va sans dire, conclut-il, qu'en descendant à Kasserine pour soi-disant s'approvisionner en denrées alimentaires, les terrorises avaient un double objectif : distraire l'attention et la mobilisation des forces de l'ordre et faire atténuer la pression médiatique exercée sur les barons de la corruption déjà arrêtés et aussi sur ceux qui s'attendent à être écroués d'un moment à l'autre».